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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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principales routes du
pays messin. Il a acquis des seigneuries, dont Neufchâteau (où la famille de
Jeanne s’était réfugiée en 1428), pour laquelle il prête hommage à contrecœur
au nouveau duc de Lorraine, René d’Anjou. C’est peut-être la raison de son
intérêt dans l’affaire. Aubert Boulay appartient à la même génération et
représente le paraige Saint-Martin. Il meurt en 1438 alors qu’il est échevin.
Nicole II Grognat et Geoffroy III d’Esch sont tous les deux beaucoup
plus jeunes et s’illustrent dans les tournois pour leur paraige de la Porte-Moselle.
Tous sont apparentés, de près ou de loin. Ainsi Perrette d’Esch a-t-elle épousé
N. Grognât, qui lui a fait construire, à sa mort, une superbe chapelle à
l’église Saint-Eucaire. Notre curé chroniqueur les connaît donc tous bien.
    À quoi ces membres des très grandes familles de la ville
voulaient-ils utiliser leur Pucelle ressuscitée ? Nous n’en savons rien.
Le doyen Schneider a supposé qu’ils envisageaient un rapprochement avec le roi.
L’année suivante, en effet, certains d’entre eux suivirent Geoffroy d’Esch au
service de Charles VII pour le siège de Montereau, d’où ils revinrent
glorieusement en décembre, porteurs de l’ordre armagnac du Camail que leur
avait conféré le Bâtard d’Orléans. Mais une telle politique ne pouvait pas
faire l’unanimité en ville.
    Les deux premiers jours avaient été réussis, sans plus.
« Et voulurent dire plusieurs qu’elle avait été brûlée à Rouen en
Normandie. » Il y avait donc des sceptiques ! Au soir du 21 mai, ses
deux frères l’emmenèrent avec eux et elle ne revint dans la région de Metz que
le 27 mai. Où passa-t-elle ces six journées qui furent peut-être consacrées à
parfaire sa formation ? La chronique de Saint-Eucaire mentionne :
« Ils l’emmenèrent à Vaucouleurs », ce qui suppose l’appui au moins
implicite de Robert de Baudricourt, qui en est toujours le capitaine. Mais le
mot est orthographié « Bocquillou » ou « Bacquillou », un
lieu qui n’existe pas. Faut-il lire Vaucouleurs pour autant ? Les autres
chroniques ignorent ce séjour à Vaucouleurs. Claude revint après la Pentecôte
pour s’installer durant trois semaines à Marieulles, entre Metz et
Pont-à-Mousson, chez un convaincu, Jean Quenat (ou Cugnot), qui était bon
homme. De nouveau, quelques notables messins se précipitèrent pour lui offrir
des joyaux et un cheval. Puis elle partit avec un de ses frères et son hôte
(c’est ce que veut dire « lui troisième », et non « le troisième
jour », comme le croient nos mythographes) à Notre-Dame de Liesse où elle
arriva le 24 juin. C’était la Saint-Jean-Baptiste et, selon ses propres dires,
elle allait retrouver ses pouvoirs ce jour-là ! Les a-t-elle
retrouvés ?
    En juillet, Claude s’établit à Arlon auprès de la duchesse
de Luxembourg. Elisabeth de Gorlitz est une veuve sans enfants dont l’héritier
se trouve être le duc de Bourgogne. La duchesse n’est qu’une parente éloignée
de Jeanne de Luxembourg, marraine de Charles VII qui avait hébergé Jeanne
d’Arc à Beaurevoir. Il paraît difficile de penser que cet hébergement soit
passé inaperçu du duc Philippe le Bon, qui bombarde ses partisans à la cour
d’Arlon de fréquentes missives. La faction pro-bourguignonne à Arlon est
dirigée par les Virnenbourg père et fils.
    Le 6 août 1436, le registre des sauf-conduits accordés par
la ville de Cologne note l’entrée d’une « Pucelle de France [56]  ». Les Virnenbourg l’ont précédée
de peu. Ici les chroniques messines sont d’un moindre secours, mais le Formicarium de Jean Nider, un traité contre l’hérésie écrit en 1437, comporte un long récit
attribué à l’inquisiteur de Cologne, Henri de Kalteisen. L’année précédente, on
lui avait signalé la conduite suspecte d’une femme habillée en homme et portant
les armes. Elle menait une vie dissolue, fréquentant avec assurance les
banquets et les bals en compagnie des hommes. Elle faisait de la magie,
remettant ensemble les morceaux d’une nappe ou d’un verre brisé. Elle affirmait
avec forfanterie que, « comme elle avait jadis fabriqué un roi, elle
pourrait fabriquer un archevêque ». Elle soutenait alors le candidat
probourguignon à l’archevêché de Trêves, vacant depuis 1430, Ulrich de
Manderscheid, qui disputait cette dignité à Raban de Helmstadt, évêque de Spire
et candidat

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