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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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des chaussures, comme chacun sait !), son
enrichissement rapide, ses achats de rentes, de vignes, de maisons. Et il écrit
beaucoup, mais le texte qui lui est attribué ici est le texte antérieur de
Jacomin Husson ! Consulter l’édition Michelant (p. 64) aurait évité
de plus une transcription très inexacte, ligne 4 : « elle vint
sauté » se lit en fait « il y ait faulte », ce qui n’a rien à
voir.
    Voici donc ce que Philippe a réellement dit : « En
cette même année, advint une nouvelleté, d’une qui se voulut contrefaire pour
une autre : car en ce temps, le 22 mai, une fille appelée Claude étant en
habit de femme fut manifestée pour Jeanne la Pucelle. Fut trouvée en un lieu
assez près de Metz, nommé La Grange-aux-Ormes. Et y furent les deux frères de
Jeanne qui certifiaient pour vrai. Parquoi messire Nicole Louve lui donna un
bon cheval et une paire de houzeaux, et le seigneur Aubert Boulay un chaperon,
et le seigneur Nicole Grognat, une épée. Et depuis, on connut la vérité. Fut
cette fille mariée au seigneur Robert des Armoises et à la fin vinrent demeurer
et se tenir à Metz. » Une opinion bien arrêtée ! Aucun chroniqueur de
Metz ne croit donc plus après 1460 que Claude soit Jeanne ressuscitée. La
proclamation de la nullité en 1456 a eu pour effet de confirmer la mort de
Jeanne auprès du public et de faire disparaître, mais pour un temps seulement,
les « folles créances ».
    Là-dessus, Claude disparaît. Qu’a-t-elle fait entre l’été
1438 à Metz et l’été 1439, où elle réapparaît dans les environs du Mans ?
Est-elle allée à cette date à Rome pour obtenir le pardon pontifical (plutôt
qu’en 1431-1434, hypothèse que j’ai adoptée plus haut) ? Les troupes de
l’écorcheur Blanchefort sont en Provence, cet hiver-là. Est-elle même allée à
Rome ? À Avignon, le cardinal-légat peut absoudre ce genre de cas. C’est
alors que nos deux Arlésiens parient entre eux. Le savetier Pons Verrier croit
Jeanne encore en vie, tandis que le noble Jean Romey pense que non. L’échéance
du pari est l’été 1438. D’ici là, on saura si Jeanne est ou non
ressuscitée ! La présence de Claude dans la région suscite donc des
rumeurs. Mais rien ne permet d’être plus précis.
     

Gilles et Claude
    En revanche, une lettre de rémission [59] royale datée de juin 1441, accordant un
pardon à l’écuyer gascon Jean de Siquenville pour les exactions commises au
service de Gilles de Rais, confirme que deux ans plus tôt (soit en juin 1439)
celui-ci voulait aller assiéger Le Mans et lui avait confié jusqu’à la fin du
siège le commandement des gens d’armes qu’avait alors « une appelée Jeanne
qui se disait Pucelle ». A-t-elle été révoquée ou a-t-elle quitté son
commandement d’elle-même ? Elle savait qui avait été Gilles de Rais,
l’héritier d’une des plus riches et nobles familles de la France de l’Ouest, un
guerrier courageux qui avait participé au siège d’Orléans et à la campagne du
sacre. À Reims, il avait eu l’honneur d’escorter la sainte ampoule. Le roi
l’avait fait maréchal de France et lui avait permis d’orner ses armes d’un orle
d’or semé de fleurs de lys. Depuis, il cultivait le souvenir de Jeanne comme de
ses exploits passés. Il avait commandé l’énorme Mystère du siège (dans
sa première version), spectacle qui avait été présenté à Orléans en 1435.
    Savait-elle qui il était devenu ? Gilles cherchait à
fabriquer de l’or pour combler ses besoins financiers. Crédule, il payait bien
qui lui faisait croire que l’or allait magiquement apparaître. Prelati, que
Gilles était allé chercher en Italie, invoquait le diable mais l’or se
dérobait ! Claude était magicienne, même si ses capacités n’allaient pas
jusqu’à l’utopique fabrication de l’or et tenaient plutôt de la
prestidigitation classique. À Tiffauges ou à Machecoul, pays de Gilles, les
écus traînaient sur les tables. Ses châteaux étaient pleins de noirs secrets.
On disait dans le pays qu’il y avait au moins cinq ans que les petits garçons
disparaissaient. Le 14 septembre 1440, Gilles fut arrêté pour pédophilie et
meurtre. Il fut pendu et brûlé à Nantes le 16 octobre. Ses serviteurs
interrogés parlèrent d’une certaine dame de Jarville (tout près de Nancy), qui,
sans participer aux meurtres, aurait vu les petits cadavres et n’aurait rien
dit. Mais, lors du procès de Gilles, elle

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