Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
Vom Netzwerk:
Barras : « J’éprouve aux reins et au bas-ventre des douleurs horribles. » Elle était alors en cure à Plombières-les-Bains, dont les eaux, surtout celles du Trou du Capucin, étaient recommandées pour remédier à la stérilité (outre les affections des intestins et du système lymphatique).
    Même si elle ne pouvait en mesurer l’ampleur ni les conséquences, Joséphine fut donc consciente dès 1796 d’une dégradation de sa santé. Les douleurs fréquentes dont elle souffrit dès lors révèlent que sa maladie avait pris un tour chronique, et l’on se défend mal de la compassion à son égard. Si elle devina ou seulement soupçonna qu’elle était devenue stérile, cela ne fut certes pas de nature à la rapprocher de Bonaparte.
    Mais, le lendemain même de la cérémonie au Luxembourg, à laquelle elle avait cru nécessaire d’assister, Bonaparte emportait la victoire décisive de Lodi. Le 10 mai, la route de Milan, siège du gouvernement autrichien en Lombardie, était ouverte aux troupes françaises.
    Les conséquences exigeaient chaque instant de son attention. Il prit le temps d’écrire à Joséphine une autre de ses lettres pas signées ; après avoir compati à sa « maladie » –, car la grossesse, à laquelle il croyait dans le cas de Joséphine, était considérée comme un état pénible –, il ajoutait :
    Un fluide magnétique coule entre les personnes qui s’aiment. Un millier de baisers sur tes yeux, tes lèvres, ta langue, partout…
    Et il se lamentait de ne pas voir « le petit ventre qui doit te donner un air merveilleusement majestueux et respectable ».
    Le 13 mai, monté sur son cheval blanc Bijou, Bonaparte entrait dans Milan aux fanfares de La Marseillaise, acclamé par une foule en délire.
    — L’armata francese, déclara-t-il dans une harangue prononcée donc en italien, è venuta rompere le vostre catene !
    Les récits de cette apothéose rapportés à Paris et dans toute la France enflammèrent l’opinion.
    La présence de Joséphine à Paris commençait à paraître insolite, sinon suspecte. La place d’une épouse était aux côtés de son mari triomphant. Le temps était révolu pour Joséphine où Bonaparte n’était que sa raison sociale. Quelles que fussent ses réticences et ses raisons physiques, elle ne pouvait plus se dérober. Les lettres de Bonaparte devenaient, en effet, alarmantes, voire suicidaires :
    Ma vie est un cauchemar perpétuel. Un pressentiment funeste m’empêche de respirer. Je ne vis plus ; j’ai perdu plus que la vie, plus que le bonheur, plus que le repos ; je suis presque sans espoir. Je t’expédie un courrier ; il ne restera que quatre heures à Paris et puis m’apportera la réponse. Écris-moi dix pages, cela seul peut me consoler un peu.
    Tu es malade, tu m’aimes, je t’ai affligée, tu es grosse et je ne te vois pas ! Cette idée me fond. J’ai tant de torts envers toi que je ne sais comment les expier. Je t’accuse de rester à Paris et tu y étais malade. Pardonne-moi, ma bonne amie ; l’amour que tu m’as inspiré m’a ôté la raison ; je ne la retrouverai jamais. L’on ne guérit pas de ce mal-là. Mes pressentiments sont si funestes que je me bornerais à te voir, à te presser deux heures contre mon coeur et mourir ensemble…
    C’était déjà inquiétant à l’extrême ; mais pis, bien pis, Bonaparte menaçait de quitter Milan et de rentrer à Paris. Or, le lendemain de son entrée dans la capitale de la Lombardie, il prévenait le Directoire que, si l’Italie était maintenant aux mains des Français, les Autrichiens se regroupaient et préparaient une contre-offensive de grande envergure. La teneur de ses lettres à son épouse n’était sans doute pas connue des directeurs, mais les rapports de leurs envoyés en Italie ne laissaient aucun doute : Napoléon était bien capable de planter l’armée d’Italie et de rentrer à Paris à cause de sa jalousie et de son besoin quasi pathologique de Joséphine. Situation inconcevable : la froideur d’une femme à l’égard de son mari menaçait le destin militaire de la France !
    Barras et les autres prirent les mesures qui s’imposaient. D’abord, pour parer au danger immédiat et prévenir toute décision inconsidérée de Bonaparte, Barras dicta à Carnot une lettre dans laquelle celui-ci décrivait la conduite exemplaire de la citoyenne Bonaparte et prétendait que le départ de celle-ci pour l’Italie avait été retardé par

Weitere Kostenlose Bücher