Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
Vom Netzwerk:
époux.
    Le plaisir pour elle était une chose bien plus sérieuse que les emportements épistolaires de Bonaparte et l’expression de sentiments dignes des emphases de Talma sur scène. Elle était la femme la plus célébrée de Paris, elle pouvait enfin rire aux éclats sans surprendre son époux, dut-elle pour autant mettre un mouchoir devant sa bouche pour cacher des dents assez vilaines (des chicots, disait la presse anglaise). Ainsi peut s’expliquer un comportement volage que la postérité s’efforça de masquer, comme indigne.
    Toujours est-il que, avec les victoires d’outremonts, les caquetages malveillants sur l’armée d’Italie qui aurait été la dot concédée par Barras se firent plus rares.
    Mais d’autres se répandirent.
    Ainsi le beau Murat avait été chargé de ramener Joséphine avec lui en Italie ; elle n’y était pas disposée ; il finit lui-même par préférer le séjour parisien. Mais il fut indiscret : il se vanta un jour, lors d’un petit déjeuner au champagne, sous la tente, d’avoir fait la connaissance d’une charmante créole qui lui avait appris à faire du punch antillais « et bien d’autres choses aussi ». Quand il rentra enfin en Italie, il raconta qu’il avait, le même jour, pris le petit déjeuner, le déjeuner et le souper à la campagne – c’est ainsi qu’on désignait les Champs-Élysées – avec deux femmes, l’une la plus belle et l’autre la plus jolie de Paris. Les noms ne furent pas cités, mais chacun en déduisit que c’étaient Mmes de Beauharnais et Tallien.
    Les militaires sont aussi ragoteurs que les civils ; certains ne furent pas fâchés de ternir l’amitié quasi passionnelle unissant le général au « brave entre les braves », celui qui avait tant contribué à la victoire du 13 vendémiaire. Ces forfanteries parvinrent donc aux oreilles de Bonaparte. Un petit déjeuner au champagne, en vérité ! Et du ponche antillais avec une charmante créole ! Murat y perdit la confiance de son chef et ne la regagna jamais entièrement.
    Un présage contribua au trouble de Bonaparte : le jour de l’arrivée de Murat à Paris, il s’aperçut que le verre qui protégeait le portrait en miniature de Joséphine, qu’il portait toujours sur sa poitrine, s’était brisé.
    — Marmont, s’écria-t-il, alarmé, à l’adresse de cet aide de camp qui allait jouer un rôle si funeste dans sa vie {10} , ou bien ma femme est très malade, ou bien elle est infidèle.
    Elle n’était pas loin d’être les deux.

 
    11
 
Où l’harmonie conjugale
devient une affaire d’État
    Les fêtes rue Chantereine coûtaient cher, très cher. Les robes et les parfums, les soieries et les meubles, les vins fins et les petits festins aussi.
    Le général Bonaparte n’envoyait pas de fonds et si, pour son épouse, sa gloire se monnayait en crédits, elle ne se convertissait pas en bon argent, à supposer que ces mots eussent encore un sens : l’inflation galopait et les mandats, censés remplacer les assignats désormais sans valeur, étaient de moins en moins acceptés en dépit des lois du Directoire. À preuve, on vendait le même poids de viande 150 livres en assignats, 4 livres 10 sous en mandats et 10 sous en métal : cela faisait de fichues différences, et Joséphine ne s’y retrouvait plus, elle dépensait sans plus savoir comment, c’est-à-dire plus que de raison. Pis, la générosité de Barras n’était pas infinie. Alors apparut l’homme providentiel, enfin, si l’on peut supposer que la Providence soit parfois perverse.
    Capitaine au 5e hussard, Hippolyte Charles n’était ni vraiment beau ni riche, mais charmant, le teint frais, une fossette au menton et des yeux d’un bleu que semblait exalter celui de son dolman. Il était jeune, vingt-cinq ans, et il était surtout spirituel. Toujours le mot pour rire. Emmené rue Chantereine par l’un des émissaires de Bonaparte, le colonel Leclerc, dont il était l’aide de camp, il en devint rapidement l’étoile.
    Un hussard donc, c’est-à-dire un caractère autant qu’un rang et un grade, un de ces hardis gars, l’invective ou le compliment aux lèvres, toujours prêts à décocher le coup de fouet ou à dérouler une caresse. Il changea Joséphine de ces messieurs solennels, chargés de responsabilités, au sourire toujours las, et souvent lents de la braguette. Hippolyte, lui, était vif à cet égard-là comme au reste. Il mérita son prénom auprès de cette Phèdre

Weitere Kostenlose Bücher