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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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générale. Bien que les Anciens eussent été jusque-là plutôt anti-jacobins, ils n’appréciaient pas plus que les Cinq-Cents le coup de force et la proximité des grenadiers, des six mille hommes de Murat et des dragons de Sebastiani. Il tourna la tête vers la porte et, désignant les gardes armés chargés de sa sécurité, lança à l’assemblée que ces braves sauraient le protéger s’il était en danger. Un murmure de protestations s’éleva. Il jugea son discours terminé et quitta la salle.
    Mais il devait en finir : des émissaires de Talleyrand et de Fouché qui l’attendaient à la sortie vinrent le prévenir qu’il n’avait pas une minute à perdre, car Paris était déjà informé de l’hostilité des deux chambres à son égard. Les généraux jacobins Jourdan et Augereau étaient en train de parlementer avec les troupes de Murat et de Sebastiani qu’ils exhortaient à résister au coup d’État en cours. La situation explosive pouvait basculer d’un instant à l’autre. Il descendit à l’Orangerie, pour affronter cette fois les Cinq-Cents. La garde près de l’entrée présenta les armes. Dès son entrée, qui était illégale, car il était en uniforme, l’agitation se déclencha, des députés descendirent de leurs bancs en criant : « À bas le tyran ! À bas le dictateur ! » Et pis :
    « Hors-la-loi ! » Or ce cri, depuis la Convention, équivalait à une condamnation à mort.
    Bonaparte, suivi par un groupe de députés tentant déjà de l’expulser, voulut monter à la tribune. L’invraisemblable advint : quelques excités vêtus de leurs toges à l’antique, privilège des députés, s’emparant de lui, lui administrèrent des horions. Il risquait d’être écharpé. Murat et Lefebvre s’élancèrent dans la salle avec une escouade, parvinrent à l’entourer et à le conduire à l’extérieur. Il était affreusement pâle, presque défaillant.
    Pendant ce temps, les députés continuaient à vociférer, réclamant un vote immédiat à main levée sur la mise hors la loi de Bonaparte. Lucien biaisa habilement. Parvenant lui-même à  gagner la tribune, il déclara que le général n’avait voulu que leur exposer la situation. Après avoir confié la présidence au député Chazal, il tenta de prendre la parole en son nom propre. Peine perdue, personne n’écoutait, les uns s’efforçant de le réduire au silence, les autres proposant de destituer le général Bonaparte devant les grenadiers et de renvoyer ceux-ci à Paris. Mais pour cela, il eût fallu voter. Or le désordre ne faiblissait pas et plus cette confusion se prolongeait, plus l’irrésolution augmentait et plus la procédure du vote apparaissait comme illusoire.
    Pendant ce temps, Bonaparte, remis de ses émotions, haranguait les troupes : il accusa les Cinq-Cents d’avoir tenté de l’assassiner.
    À l’Orangerie, Lucien Bonaparte ne voyait plus d’issue à la situation. Soudain, le général Frégeville, un fidèle, vint le prier de se rendre auprès de son frère. Lucien comprit : il devait évacuer la salle. Il se défit alors de sa toge, de manière théâtrale, et s’exclama :
    — N’ayant pas les moyens de se faire entendre, votre président, en signe de deuil public, a déposé les marques de la magistrature populaire !
    Et il sortit.
    Derrière lui, un député cria :
    — La liberté a été violée !
    La présence du président des Cinq-Cents auprès de Bonaparte rassura la garde du Directoire : il était le premier garant de la souveraineté populaire, ou du moins l’avait été. Lucien monta à cheval et déclara aux grenadiers qu’un petit groupe de députés armés de poignards terrorisait l’assemblée, qu’ils se proposaient de démettre un général nommé par l’assemblée des Anciens et, nouvelle astuce, qu’ils étaient probablement à la solde des Anglais. Il chargea la garde de protéger les représentants et d’opposer des baïonnettes aux stylets.
    La nuit tombait et les jardins de Saint-Cloud n’étaient plus éclairés que par les torches de la garde. Lucien demanda une épée, la dégaina et la pointa contre la poitrine de Bonaparte, jurant qu’il l’aurait transpercée s’il avait senti battre en elle le coeur d’un tyran.
    Talma n’eût pas fait mieux. Il est vrai que Lucien était féru d’art dramatique.
    Tandis qu’on allumait les chandelles dans la salle de l’Orangerie, Murat et sa troupe, baïonnettes au poing, y

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