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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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accompagner. Contraints de partager la même voiture, les deux militaires firent contre mauvaise fortune bon coeur, cependant que Joséphine s’efforçait de dégeler l’atmosphère par ses gracieusetés. En vain. Désirée Clary n’avait pas revu Bonaparte depuis leur rupture quatre ans plus tôt, et le spectacle de son ménage avec Joséphine l’exaspéra, évidemment. Les mondanités mielleuses de celle-ci lui portèrent sur les nerfs et elle disparut dans la maison dès qu’elle eut mis pied-à-terre.
    Cette détestable expérience augurait mal de la suite des rapports entre les Bonaparte et les Bernadotte. Invité à un banquet de sept cents couverts, en l’honneur des généraux Bonaparte et Moreau, donné le 15 brumaire par souscription au temple de la Victoire {15} , l’ancien siège des Théophilanthropes, Bernadotte refusa tout sec d’y assister :
    — Ce banquet devrait être remis jusqu’à ce que Bonaparte ait expliqué de manière satisfaisante les raisons pour lesquelles il a abandonné son armée. Cet homme n’a même pas passé la quarantaine au lazaret et il pourrait bien avoir ramené la peste de là-bas. Je n’ai aucune intention de dîner avec un général pestiféré.
    Le propos fut, bien entendu, rapporté à l’intéressé. Ce Gascon était donc un butor. Le banquet, Joséphine l’apprit le soir même de la bouche d’un Bonaparte bougon, avait été sinistre. L’ancienne église était glaciale et seules deux cent cinquante personnes y étaient présentes, le clan des jacobins, rameutés par Bernadotte, s’étant abstenu.
    Pis : le lendemain, bravant donc le risque de peste, Bernadotte déboula rue de la Victoire pour annoncer les exploits des armées de la République sur tous les fronts, et cela en termes emphatiques. Puis il déclara à Bonaparte médusé, puis blanc de colère, qu’il considérait l’armée d’Égypte comme perdue. Seule l’arrivée de Joséphine empêcha que les mauvaises manières de Bernadotte ne déclenchassent un incident.
    Ah, celui-là ne perdait rien pour attendre.
    Revenu en tout cas de ses anathèmes sur Barras, comme Joséphine s’y était attendue, Bonaparte le fit inviter régulièrement rue de la Victoire, mais pas en même temps que Sieyès ni Ducos. Talleyrand et Fouché, eux, pouvaient être mis à toutes les sauces. Les brusques sautes d’humeur de Bonaparte n’excluaient ni l’obstination ni la ruse dans la quête de son but. Gohier continua à fréquenter les lieux, poursuivant Joséphine de ses assiduités. Il paraissait n’être au courant de rien, et de fait le secret était bien gardé : seuls Sieyès, Ducos, Talleyrand, Fouché, Joseph et Lucien Bonaparte l’étaient.
    On parlait tant de la conspiration qu’à la fin elle perdit de sa substance et se changea en loup-garou.
    Bref, l’hôtel de la rue de la Victoire devint le théâtre d’un bal perpétuel de souris invitées chez les chats.
    Le 16 brumaire (7 novembre), Bonaparte exigea qu’Hortense et Caroline fussent renvoyées chez Mme Campan. Pourquoi ? Joséphine feignit d’insister, mais il se montra intraitable. Elle en flaira la cause.
    Le 17 brumaire, un grand dîner suivi d’une réception réunit un nombre inusité d’hôtes rue de la Victoire. Après le dîner, le maître de maison entraîna les généraux dans son cabinet, cependant que Joséphine, assise auprès de Gohier sur un canapé et plus enjôleuse que jamais, persuadait le président du Directoire d’être présent le lendemain matin de bonne heure rue de la Victoire, car le général aurait quelque chose d’important à lui dire.
    Gohier parut étonné. À 8 heures du matin ? Pourquoi ? Qu’est-ce que Bonaparte avait donc de si urgent à lui dire ? Quand il prit congé des maîtres de maison, Eugène alla lui glisser un billet dont Joséphine connaissait bien le texte, puisque c’était elle-même qui l’avait rédigé sous la dictée de son époux :
    Venez donc, vous et votre épouse, mon cher Gohier, prendre le petit déjeuner avec moi, demain matin à huit heures. Ne me manquez pas. Je dois vous parler d’affaires de la plus haute importance.
    Puis Bonaparte appela Bourrienne :
    — Barras m’attend à 23 heures, ce soir. Prenez ma voiture et allez lui dire que je ne peux pas venir, que j’ai une forte migraine et que j’ai pris le lit, mais qu’il n’a rien à craindre. Ne le laissez pas vous interroger, revenez dès que vous pouvez et montez dans ma chambre. Demain

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