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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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qu’Emmélie ripostait.
    â€” Mais où êtes-vous allé chercher cette idée? Il n’a jamais été question que j’épouse Ovide de Rouville!
    â€” Faut-il que tu sois aveugle! L’autre soir, ce jeune homme te dévorait des yeux. Il recherche constamment ta compagnie.
    â€” Emmélie, intervint Sophie. Je me demande en quoi le fils Rouville te déplaît. Si, autrefois, il m’avait fait une demande, je veux dire avant de rencontrer Toussaint, je l’aurais certainement acceptée. Imagine! Tu pourrais devenir seigneuresse de Rouville, renchérit l’insouciante. Tu serais vraiment sotte de laisser passer pareille occasion. Pourquoi ne pas l’encourager à venir accrocher sa lanterne, comme disent les habitants?
    Pour toute réponse, Emmélie jeta un regard furieux à sa sœur. De quoi se mêlait-elle?
    â€” Je n’ai aucune inclination pour le fils Rouville. Et il en va de même pour lui, malgré ses prétentions. La seule chose qui l’intéresse, à mon avis, c’est exactement ce que vous reprochiez tout à l’heure à monsieur Papineau: une dot qu’il croit substantielle.
    Découragé, monsieur Boileau arracha sa perruque pour se gratter le crâne.
    â€” Ce que tu dis est parfaitement insensé! Ce garçon n’a pas besoin d’argent. Sa famille est riche et il héritera un jour d’une seigneurie. Mais il est vrai que si tu acceptais d’épouser le fils du colonel, tu aurais droit à une dot… heu… en conséquence, déclara le père, quoique avec hésitation, ne voulant pas trop s’avancer devant Sophie.
    Les ententes avec les Drolet n’étant pas conclues, sa fille préférée pourrait se révéler gourmande. Le père se tourna plutôt vers sa femme:
    â€” Vous devriez lui faire entendre raison.
    â€” Mon ami, fit calmement madame Boileau, je crois, tout comme vous, qu’Ovide de Rouville est un parti inespéré. Mais comme nous aurons déjà à faire la dépense d’une noce cette année, rien ne presse.
    â€” Rappelez-vous ses frasques de jeunesse: fainéantise, dettes de jeux, tout cela est connu, intervint René qui ne tenait pas à ce que cette idée absurde fasse trop de chemin.
    â€” Calomnies!
    â€” Calomnies? Et ce goût immodéré pour les servantes? Mère, pardonnez mon langage, mais on ne compte plus le nombre de pauvres filles qu’il aurait culbutées. Je suis contre cette idée de mariage, à moins qu’Emmélie elle-même ne le souhaite, dit le notaire en repliant la Gazette de Montréal .
    â€” Je ne tiens pas du tout à me marier, déclara Emmélie. Et si un jour je le fais, ce sera en suivant mon inclination.
    â€” Nous verrons bien! gronda le père.
    Tout en rangeant la lettre controversée dans sa poche, Emmélie coupa court à tout autre argument en se tournant vers sa sœur:
    â€” Tu te rappelles? Nous avons promis une visite à Marguerite, après dîner.
    â€” Je n’ai pas oublié, répondit vivement Sophie qui n’aimait pas les disputes. J’ai hâte de revoir la petite Marie-Anne qui doit être ronde comme une pomme.
    â€” Je peux aller avec vous? supplia Zoé qui sirotait son chocolat. J’ai terminé mes devoirs, même celui de géographie, que je déteste.
    Emmélie consulta sa mère du regard.
    â€” Mais oui! N’est-ce pas, Sophie?
    Cette dernière se leva et entoura la petite sœur de ses bras tendres.
    â€” Bien sûr, ma jolie! Viens, allons nous apprêter pour sortir.
    Depuis que la date du mariage était arrêtée, Sophie débordait d’affection pour ses proches. Mais il restait encore de longs mois à profiter de sa famille, la cérémonie étant prévue pour le 26 octobre.
    â€” Pauvre Talham! fit monsieur Boileau en se levant de table. Lorsque vous le verrez, rappelez-lui de ma part qu’il est plus difficile d’élever des filles que des garçons.
    â€” Mon mari! Mais comment pouvez-vous dire de telles choses, et devant nos filles, par-dessus le marché! Décidément, mes enfants, votre père n’a pas tous ses esprits ces derniers temps, critiqua madame Boileau. Je ne reste pas une seconde de plus dans cette maison, ajouta-t-elle, excédée par l’attitude de son époux. Mes filles, je vous

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