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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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d’enterrement.
    Â«Une mine d’enterrement qui lui est venue en me voyant», songea Emmélie en coupant le pain dont Marguerite tartinait les tranches de beurre et de confiture. «Elle est toujours fâchée», conclut-elle avant que toutes ne retournent à la chambre de compagnie.
    Quelques minutes plus tard, pendant qu’Emmélie et Marguerite servaient les dames, ces dernières admiraient l’air de bonne santé de la petite Marie-Anne, bien grasse et de bonne humeur. Réveillée, la pouponne gazouillait devant ses admiratrices.
    â€” N’est-ce pas que ma filleule est ravissante? dit Julie avec un enthousiasme qui sonnait faux.
    La présence d’Emmélie la gênait. N’avait-elle pas été trop dure avec elle, l’autre jour? Julie avait eu le temps de réfléchir et s’en voulait d’avoir heurté son amie qui l’avait pourtant mise en face de la vérité. Elle pourrait peut-être se rattraper aujourd’hui.
    â€” Elle te ressemble, Marguerite, dit madame Boileau en retirant d’autorité l’enfançon des bras de Sophie. Elle aura tes yeux, et sans doute ton bon caractère. Rien ne semble la déranger.
    â€” Merci, ma tante. Tant mieux si elle a bon caractère, comme vous dites. Elle en aura besoin, ma mignonette, avec trois chenapans pour l’endêver.
    Ã€ leur tour, les demoiselles examinèrent l’enfant avec de vagues sourires satisfaits avant de passer au sujet qui les intéressait.
    â€” Dites-nous, chère petite, demanda Thérèse en se tournant vers Julie, avez-vous eu des nouvelles de votre cousin? Votre père racontait l’autre jour que Sir George  – la vaine tentative de prononciation à l’anglaise fit surgir quelques sourires –, le gouverneur lui-même, recevrait Salaberry, et qu’il avait de grands projets pour lui.
    â€” Salaberry est un nom aussi ancien que le vôtre, chère madame de Gannes de Falaise, dit Madeleine en redonnant à madame Boileau son nom de jeune fille.
    Elle connaissait par cœur la généalogie des grands personnages et prononçait le nom des Salaberry avec une vénération telle qu’on aurait cru que surgissait dans la pièce le fantôme du bon roi Henri IV, à cheval et s’écriant: Force à superbe! Mercy à faible! la devise ornant les armoiries de cette noble famille.
    â€” Mère remonte au xiv e siècle, renchérit la sentencieuse Zoé qui avait toujours été impressionnée par le blason maternel.
    â€” Ce n’est pas mère qui remonte au xiv e siècle, mais son nom, s’esclaffa Sophie en échangeant un regard amusé avec Emmélie.
    Pour sa part, madame Boileau se méfiait toujours lorsque les demoiselles de Niverville étalaient les quartiers de noblesse des uns et des autres. En général, c’était pour lui rappeler à quel point elle avait «déchu» le jour de son mariage. Elle se retourna vers Marguerite pour la complimenter sur le goût exquis du pain… sachant pourtant bien qu’il provenait de sa propre cuisine.
    Mais rien ne pouvait empêcher les demoiselles de faire l’éloge du major de Salaberry, le seul homme digne de Julie. Elles étaient déterminées à écraser les prétentions de quiconque pourrait avoir des visées sur leur chère petite .
    â€” Et les yeux de ce grand guerrier! Impossible de les oublier.
    â€” Ce sont là les yeux d’un héros! approuva sa sœur d’emblée.
    Sophie ne put retenir un sourire malicieux en entendant la dernière exclamation. Sans contredit, les demoiselles de Niverville avaient été subjuguées par Salaberry. L’une d’entre elles rêvait peut-être d’en faire son époux? Son sourire s’amplifia à cette pensée saugrenue. Au fait, quel âge avaient-elles? Au moins quarante ans, sinon cinquante. Impossible de leur donner un âge précis.
    â€” Ma chère Julie, dit alors la première demoiselle, quelle chance exceptionnelle que la vôtre!
    â€” Assurément! renchérit la seconde. Tout ce bonheur qui vous attend. Comment ne pas vous envier?
    â€” Mais, que voulez-vous dire? demanda Julie, son regard allant de l’une à l’autre.
    â€” Ne soyez pas aussi cachottière.
    â€” Moi, cachottière?
    â€” Eh bien! Eh bien! Il semble

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