Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
vous en conjure, ma chère maîtresse, laissez-moi ordonner à cet homme de s’en aller.
    – Je veux au contraire que tu lui dises de venir ici ; mais non ; arrête, ma pauvre enfant ; j’irai le lui dire moi-même, pour t’épargner des reproches.
    – Hélas ! madame, plût à Dieu qu’il n’y eût que cela à craindre ! dit Jeannette tristement pendant que la comtesse criait à Wayland : – Approche, brave homme, et défais ta balle ; si tu as de bonnes marchandises, j’en serai charmée, et tu y trouveras ton profit.
    – De quoi Votre Seigneurie a-t-elle besoin ? dit Wayland en desserrant sa balle et dépliant ce qu’elle contenait avec autant de dextérité que s’il eût fait ce métier depuis son enfance ; il est vrai qu’il l’avait exercé plusieurs fois dans le cours de sa vie vagabonde. Il commença à faire l’éloge de ses marchandises avec toute la volubilité ordinaire aux colporteurs, et montra quelque adresse dans le grand art d’en fixer les prix.
    – De quoi j’ai besoin ? répondit la dame ; en vérité, considérant que depuis six grands mois je n’ai pas acheté pour mon usage une aune de linon ou de batiste, ni le moindre colifichet, la meilleure réponse que je puisse te faire, c’est de te dire : Qu’as-tu à vendre ? Mets de côté pour moi cette fraise et ces manches de batiste, et ces tours de franges d’or garnis de crêpe ; et cette petite mantille couleur de cerise, garnie de boutons et de ganse d’or, n’est-elle pas du meilleur goût, Jeannette ?
    – Si vous voulez avoir mon jugement, dit Jeannette, il me semble qu’elle est trop riche pour être jolie.
    – Fi de ton jugement, Jeannette ! dit la comtesse ; tu porteras toi-même cette mantille pour ta pénitence, et les boutons d’or massif consoleront ton père, et le feront passer sur la couleur cerise du fond. Fais attention qu’il ne les ôte pas pour les envoyer tenir compagnie aux angelots qu’il tient captifs dans son coffre-fort.
    – Oserai-je prier Votre Seigneurie, dit Jeannette, d’épargner mon pauvre père ?
    – Peut-on épargner celui qui est si naturellement porté à l’épargne {94}  ? répondit la comtesse en souriant. Mais revenons à nos emplettes. Prends cette garniture de tête et cette épingle d’argent montée en perles. Jeannette, fais-toi donner deux robes de cette étoffe grossière pour Dorcas et Alison, afin que ces pauvres vieilles puissent se tenir chaudement cet hiver. Et, dis-moi, n’as-tu point de parfums, ou de sachets de senteur, ou quelques flacons des formes les plus nouvelles ?
    – Si j’étais un véritable colporteur, je pourrais faire ma fortune, pensa Wayland en répondant aux demandes qu’elle lui faisait coup sur coup avec l’ardeur d’une jeune personne qui a été long-temps privée d’une occupation aussi agréable. Mais comment l’amener pour un moment à de sérieuses réflexions ? Alors, lui montrant son assortiment d’essences et de parfums, il fixa tout d’un coup son attention en lui faisant observer que ces objets avaient presque doublé de prix, depuis les magnifiques préparatifs que faisait le comte de Leicester pour recevoir la reine et sa cour dans son superbe château de Kenilworth.
    – Ah ! dit la comtesse vivement, ce bruit est donc fondé, Jeannette ?
    – Certainement, madame, répondit Wayland, et je suis surpris qu’il ne soit point parvenu aux oreilles de Votre Seigneurie. La reine d’Angleterre passera une semaine chez le comte, pendant le voyage d’été : bien des gens disent que notre pays va avoir un roi, et Élisabeth d’Angleterre (Dieu la bénisse !) un époux avant la fin du voyage.
    – Ces gens-là mentent impudemment ! dit la comtesse au comble de l’impatience.
    – Pour l’amour de Dieu, madame, contenez-vous, dit Jeannette toute tremblante. Qui peut faire attention aux nouvelles d’un colporteur ?
    – Oui, Jeannette ! s’écria la comtesse, tu as eu raison de me reprendre. De tels rapports, qui tendent à ternir la réputation du plus brillant et du plus noble pair d’Angleterre, ne peuvent trouver de circulation et de créance que parmi des gens abjects et infâmes.
    – Je veux mourir, madame, dit Wayland, qui observait que sa colère allait se tourner contre lui ; je veux mourir si j’ai mérité ces reproches ! Je n’ai dit que ce que pensent beaucoup de gens.
    Pendant ce temps la comtesse avait repris sa tranquillité ; alarmée des suggestions de

Weitere Kostenlose Bücher