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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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consentir à ce qui répugnerait à la noblesse de son caractère. Ce serait mal reconnaître l’amour qu’elle a pour moi.
    – Eh bien, milord, vous êtes un homme sage, un homme d’honneur ; mais cette délicatesse et ces scrupules romanesques peuvent avoir cours en Arcadie, comme l’écrit votre neveu Sidney. Votre humble serviteur est un homme de ce monde, assez heureux pour que Votre Seigneurie n’ait pas dédaigné de se servir de la connaissance qu’il en a. Maintenant je voudrais savoir si dans cette union fortunée l’obligation se trouve de votre côté ou de celui de milady, et qui des deux a le plus de motifs de montrer de la complaisance et de prendre en considération les désirs, la convenance et la sécurité de l’autre.
    – Je te répète, Varney, que tout ce qu’il a été en mon pouvoir de lui donner n’était pas seulement mérité, mais mille fois au-dessous de ses charmes et de sa vertu ; car jamais la grandeur ne devint le partage d’une créature plus digne de l’orner et de l’embellir.
    – Il est fort heureux, monseigneur, reprit Varney avec un sourire sardonique que son respect ne pouvait pas toujours réprimer ; il est fort heureux que vous soyez ainsi satisfait. Vous aurez tout le temps de jouir d’une société aussi délicieuse, c’est-à-dire aussitôt que se terminera l’emprisonnement qui pourra paraître proportionné au crime d’avoir trompé les affections d’Élisabeth Tudor. Vous n’espérez pas, je présume, en être quitte à meilleur marché.
    – Malicieux démon, oses-tu bien me railler dans mon malheur ! répondit Leicester. Arrange tout comme tu l’entendras.
    – Si vous parlez sérieusement, monseigneur, il faut partir pour Cumnor-Place sur-le-champ à franc-étrier, répliqua Varney.
    – Vas-y toi-même, Varney. Le diable t’a donné cette sorte d’éloquence qui plaide le mieux dans une mauvaise cause. Mon front trahirait la lâcheté de mon âme si j’osais proposer une pareille fraude. Va-t’en, te dis-je ! faut-il que je te presse de faire mon propre déshonneur ?
    – Non, milord, dit Varney ; mais, si vous voulez sérieusement me confier le soin de faire adopter cette mesure indispensable, il faut me donner pour ma noble maîtresse un écrit qui me serve de lettre de créance ; et comptez que je saurai appuyer cet avis de toute mon éloquence. Telle est mon opinion de l’amour de ma maîtresse pour Votre Seigneurie, et de son désir de faire tout ce qui peut contribuer à vous plaire, que je suis sûr qu’elle consentira à porter pendant quelques jours un nom aussi humble que le mien, d’autant plus d’ailleurs qu’il ne le cède en rien pour l’ancienneté à celui de sa famille.
    Leicester prit la plume, et commença deux ou trois lettres à la comtesse, qu’il déchira sans les achever. Enfin il traça quelques lignes sans suite, dans lesquelles il conjurait Amy, par des motifs secrets qui intéressaient sa vie et son honneur, de consentir à porter le nom de Varney pendant les fêtes de Kenilworth. Il ajoutait que Varney lui communiquerait les raisons qui rendaient cette déception indispensable ; et, ayant signé et scellé ces dépêches, il les jeta par-dessus la table à Varney, avec un geste qui lui intimait l’ordre de partir sur-le-champ ; ordre que son conseiller ne tarda pas à comprendre ni à exécuter.
    Leicester demeura comme un homme pétrifié jusqu’à ce qu’il entendit le galop des chevaux ; car Varney, sans se donner le temps de changer de costume, se mit en selle ; et, suivi d’un seul domestique, partit à toute bride pour le comté de Berks. À ce bruit, le comte se leva précipitamment et courut vers la fenêtre avec l’intention momentanée de révoquer l’indigne message qu’il venait de confier à un homme dont il avait coutume de dire qu’il ne lui connaissait aucune vertu, excepté son attachement à son protecteur. Mais Varney était déjà hors de la portée de la voix, et l’aspect du firmament étoile, que ce siècle regardait comme le livre des destins, fit oublier au comte ce retour sur lui-même et ce sentiment généreux.
    – Les voilà qui poursuivent leur cours silencieux, dit le comte, ces astres muets, mais dont l’influence puissante se fait sentir à tous les habitans de notre planète. Si les astrologues n’en imposent pas, voici la crise de mes destinées. L’heure approche, l’heure que je dois redouter et désirer en même temps, m’a-t-on

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