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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vous assure.
    – Voyons-les, Jeannette, dit la comtesse ; mais surtout que ce ne soient pas des livres de ta secte précisienne… Quels sont ceux-ci, ma dévote suivante ? Une paire de mouchettes pour le chandelier d’or  ; – Une poignée de myrrhe et d’hysope pour purger l’âme malade  ; – Un verre d’eau de la vallée de Baca  ; – Les Renards et les Torches . – Comment appelles-tu ce fatras, ma fille ?
    – Hélas ! madame, dit Jeannette, il était de mon devoir de placer d’abord la grâce devant vous ; mais si vous la rejetez, voici des pièces de théâtre et des livres de poésie, je pense.
    La comtesse commença nonchalamment son examen, et rejeta maints précieux volumes qui feraient de nos jours la fortune de vingt bouquinistes ; il y avait : un – Livre de Cuisine, imprimé par Richard Lant  ; – Les œuvres de Skelton  ; – Le Passe-Temps du Peuple  ; – Le château, de la Science , – etc., mais ce genre de littérature ne convenait pas davantage au goût d’Amy ; quand tout-à-coup un bruit de chevaux se fit entendre dans la cour ; la comtesse se leva avec joie, abandonna son ennuyeuse occupation de feuilleter de vieux bouquins, et, les laissant tomber sur le plancher, elle courut à la fenêtre en s’écriant : – C’est Leicester ! c’est mon noble comte ! c’est mon Dudley ! chaque pas de son cheval retentit comme le son le plus harmonieux.
    Il y eut dans la maison un moment de tumulte, et Foster entra chez la comtesse avec son air de mauvaise humeur, pour lui dire que maître Richard Varney arrivait avec les ordres de milord, après avoir couru toute la huit, et qu’il demandait à parler à milady sur-le-champ.
    – Varney ? Et pour me parler ? Mais il vient avec des nouvelles de Leicester, ainsi fais-le entrer sur-le-champ.
    Varney entra dans le cabinet de toilette, où Amy était assise parée de tous ses charmes naturels, et de tout ce qu’y avait pu ajouter l’art de Jeannette, par un négligé à la fois riche et élégant. Mais son plus bel ornement était sa belle chevelure, dont les boucles nombreuses flottaient autour d’un cou blanc comme celui d’un cygne, et sur un sein agité par l’attente qui avait communiqué une rougeur animée à tous ses attraits.
    Varney s’offrit à elle dans le même costume avec lequel il avait accompagné son maître ce jour même à la cour, et dont la magnificence contrastait singulièrement avec le désordre produit par un voyage si précipité, dans une nuit obscure et par de mauvais chemins. Son front avait une expression d’inquiétude et d’embarras comme celui d’un homme chargé d’annoncer des choses qu’il ne croit pas devoir être bien accueillies, mais que la nécessité de les communiquer a fait accourir en toute hâte. La comtesse prit tout d’un coup l’alarme, et elle s’écria : – Vous m’apportez des nouvelles de milord, Varney ? Grand Dieu ! serait-il malade ?
    – Non, madame, grâce au ciel, dit Varney ; calmez-vous, et permettez-moi de reprendre haleine avant de vous communiquer mon message.
    – Point de retard, monsieur, reprit la comtesse ; je connais tous vos artifices de théâtre ; puisque votre haleine a suffi pour vous amener jusqu’ici, elle vous suffira pour me raconter ce que vous avez à me dire, au moins en gros et brièvement.
    – Madame, répondit Varney, nous ne sommes pas seuls, et le message de milord n’est que pour vous seule.
    – Laissez-nous, Jeannette, et vous aussi, M. Foster, dit-elle ; mais restez dans la chambre voisine, à portée de m’entendre.
    Foster et sa fille se retirèrent donc, conformément aux ordres de lady Leicester, dans la pièce voisine, qui était le salon. La porte de la chambre à coucher fut alors soigneusement fermée à la clef et aux verrous ; et le père et la fille restèrent, le premier avec une attention farouche et soupçonneuse, et Jeannette, les mains jointes, partagée entre le désir de connaître le sort de sa maîtresse, et les prières qu’elle offrait au ciel pour sa sûreté. On eût dit que Tony Foster lui-même avait quelque idée de ce qui se passait dans l’esprit de sa fille, car il traversa l’appartement, et lui dit en lui prenant la main : – Tu as raison ; prie, Jeannette, prie ; nous avons besoin de prières, et quelques uns d’entre nous plus que les autres ; je prierais moi-même, si je ne voulais prêter l’oreille à ce qui se passe là-dedans : quelque malheur

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