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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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sain et sauf au milieu des amateurs de courses de Smithfield ou de Turnball-Street, et je leur donnerai la permission de me pendre aussi haut que le clocher de Saint-Paul, si l’on me reprend à me mêler des affaires des grands, des chevaliers ou des dames.
    Au milieu de ces tristes réflexions, il tourna sa tête pour voir qui le poursuivait, et il se trouva fort soulagé lorsqu’il découvrit que ce n’était qu’un cavalier. Il était bien monté, et s’approchait avec une rapidité qui ne leur permettait pas de songer à fuir, quand même la comtesse se serait trouvée assez forte pour galoper de toute la vitesse de son cheval.
    – Les chances sont égales entre nous, pensa Wayland, puisqu’il n’y a qu’un homme de chaque côté ; et celui qui nous poursuit se tient à cheval plutôt comme un singe que comme un cavalier. Si nous en venons aux moyens extrêmes, il me sera aisé de le désarçonner. Mais quoi ! je crois que son cheval va se charger lui-même de cette opération, car il a le mors aux dents. Diable, qu’ai-je besoin de m’inquiéter ? dit-il en croyant le reconnaître tout-à-coup. Ce n’est que ce petit mercier d’Abingdon.
    L’œil expérimenté de Wayland avait distingué juste malgré l’éloignement. Le cheval du vaillant mercier, déjà excité par son ardeur naturelle, et apercevant deux chevaux anglais devant lui, à la distance de quelques centaines de toises, se mit à courir avec une vigueur qui dérangea tout-à-fait l’équilibre de son cavalier. Celui-ci non seulement atteignit, mais passa au grand galop ceux qu’il poursuivait, quoiqu’il ne cessât de tirer sa bride et de crier : – Arrête ! arrête ! exclamation qui semblait plutôt s’adresser à son cheval qu’à ceux qu’il laissait derrière lui. Ce fut avec la même vitesse qu’il fit près d’un demi-mille avant de pouvoir l’arrêter ; enfin il retourna vers nos voyageurs, réparant de son mieux le désordre de ses vêtemens, et cherchant à remplacer par un air fier et martial la confusion et le chagrin qui s’étaient peints sur son visage pendant sa course involontaire.
    Wayland eut le temps de prévenir la comtesse de ne pas s’alarmer. – Cet homme est imbécile, lui dit-il, et je vais le traiter comme tel.
    Quand le mercier eut recouvré assez d’haleine et de courage pour se présenter devant eux, il ordonna à Wayland, d’un ton menaçant, de lui rendre son coursier.
    – Comment, dit Wayland avec l’emphase du roi Cambyse {107} , on nous commande de nous arrêter et de donner notre bien sur la grande route du roi ? Allons, sors de ton fourreau, mon Excalibar {108} , et prouve à ce preux chevalier que la force des armes doit décider entre nous.
    – Haro, au secours ! main-forte ! À moi tous les honnêtes gens ! On veut me retenir ce qui m’appartient légitimement.
    – C’est en vain que tu invoques tes dieux, infâme païen ! car je veux accomplir mon dessein, quand je serais sûr d’y périr. Cependant sache, infidèle marchand d’étoffes, que je suis le colporteur que tu t’es vanté de vouloir dépouiller de sa balle dans la plaine de Maiden-Castle. C’est pourquoi, prépare-toi sur-le-champ au combat !
    – Je ne l’ai dit qu’en plaisantant, dit Goldthred ; je suis un honnête citoyen, un boutiquier, et je ne suis pas fait pour assaillir qui que ce soit derrière une haie.
    – Alors, par ma foi, très redoutable mercier, je regrette le vœu que j’ai fait de te prendre ton coursier la première fois que je te rencontrerais, et d’en faire présent à ma maîtresse, à moins que tu ne veuilles le défendre par les armes ; mais le serment en est prononcé ; tout ce que je puis faire pour toi, c’est de laisser le cheval à Donnington, dans l’hôtellerie que tu voudras.
    – Mais je vous assure, dit le mercier, que c’est le cheval sur lequel je devais, aujourd’hui même, mener Jame Trackham de Shottesbrock à l’église paroissiale, ici près, pour changer son nom en celui de dame Goldthred. Elle a sauté par la petite fenêtre de la grange du vieux Gaffer Thackham, et la voilà à l’endroit où elle devait trouver le cheval, avec sa mantille de camelot, et son fouet à manche d’ivoire ; voyez la véritable image de la femme de Loth. Je vous en prie le plus poliment possible, rendez-moi mon cheval.
    – J’en suis fâché, dit Wayland, autant pour la belle demoiselle que pour toi, très noble chevalier de la mousseline ; mais

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