Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
moment de plaisanter, répondit tristement Tressilian.
    – Je ne le sais que trop, dit l’artiste ; depuis trois jours, je suis comme si j’avais la corde autour du cou. Cette dame n’a pas sa tête à elle. Elle ne voudra pas accepter vos offres ; elle défend qu’on lui parle de vous ; elle est sur le point de se mettre entre les mains de lord Leicester. Je ne l’aurais jamais décidée à se reposer dans votre chambre si elle avait su qui l’occupait.
    – Quel est donc son projet ? dit Tressilian ; ose-t-elle espérer que le comte voudra employer en sa faveur son influence sur son infâme vassal ?
    – Je n’en sais rien, dit Wayland, mais je crois que si elle se réconcilie avec Leicester ou Varney, le côté du château de Kenilworth le plus sûr pour nous sera le dehors des murailles, d’où nous pourrons plus facilement prendre le large ; je me propose bien de ne pas y demeurer un instant après avoir donné à Leicester une lettre ;… je n’attendais que vos ordres pour la lui remettre… Tenez, la voici. Mais non ; peste soit de la lettre, je l’aurai oubliée dans le chenil du grenier à foin qui me sert de chambre à coucher.
    – Mort et colère !… s’écria Tressilian perdant patience, pourvu du moins que tu n’aies pas perdu ce papier d’où dépend un événement plus important que mille vies comme la tienne !
    – Perdu, répondit promptement Wayland ; ah ! c’est une plaisanterie ; non, monsieur, je l’ai soigneusement renfermée avec mon sac de nuit et plusieurs autres objets à mon usage ; je vais la rapporter dans un moment.
    – Va vite, dit Tressilian ; rapporte-la, sois fidèle, et je te récompenserai ; mais si j’ai quelque raison pour te soupçonner, prends-y garde, un chien mort serait moins à plaindre que toi.
    Wayland parût avec l’assurance et la joie sur le front ; mais il tremblait dans le fond de son âme.
    La lettre était perdue, rien n’était plus certain, malgré l’excuse qu’il avait alléguée pour apaiser l’impatience de Tressilian. La lettre était perdue ; elle pouvait tomber entre mauvaises mains, et dévoiler toute l’intrigue dans laquelle Wayland se trouvait engagé ; d’ailleurs il ne voyait pas comment cette intrigue pouvait rester cachée, quel que fût l’événement ; il était en outre vivement blessé de l’accès d’impatience de son maître.
    – Oui-dà ! pensa-t-il enfin, si c’est de cette monnaie qu’on me paie pour des services où il y va de ma tête, il est temps de penser à moi. J’offense ici, si je ne me trompe, le seigneur de ce magnifique château, qui d’un mot peut m’ôter la vie aussi facilement qu’on éteint une chandelle, le tout pour une femme folle et un amant mélancolique, qui, parce que je perds un chiffon de papier plié en quatre, porte déjà la main sur son épée et menace de tout tuer. J’ai à craindre d’un autre côté le docteur et Varney. Ma foi, je veux me sauver de tous ces embarras. Mieux vaut encore la vie que l’argent, et je me sauve à l’instant, quoique je n’aie pas encore reçu ma récompense.
    Ces réflexions doivent se présenter naturellement à un homme tel que Wayland, engagé plus avant qu’il ne l’avait cru d’abord dans une suite d’intrigues mystérieuses et inexplicables, et dans lesquelles les acteurs eux-mêmes semblaient à peine connaître le rôle qu’ils jouaient. Cependant, pour lui rendre justice, il faut dire que ses craintes personnelles étaient jusqu’à un certain point contre-balancées par la compassion que lui inspirait l’état d’abandon de la jeune dame.
    – Je ne donnerais pas un groat de M. Tressilian : je suis quitte avec lui ; j’ai amené sa dame errante dans ce château ; qu’il veille sur elle maintenant : je ne suis retenu que par la compassion qu’inspire cette fille, à qui il pourrait bien arriver quelque mésaventure au milieu de tout ce tumulte. Oui, je vais monter à la chambre, lui avouer que sa lettre est perdue, pour qu’elle en écrive une autre, si cela lui plaît, et j’espère bien qu’elle ne manquera pas de messagers dans un château où il y a tant de laquais qui peuvent porter une lettre à leur maître. Je lui dirai ensuite que je me sauve, en la recommandant à la bonté du ciel, à sa propre sagesse, aux soins et à la prévoyance de M. Tressilian. Peut-être qu’elle se rappellera la bague qu’elle m’offrit. Ma foi, je l’aurais bien gagnée ; mais, après

Weitere Kostenlose Bücher