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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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créatures ! J’ai mieux aimé loger à cinquante pieds sous terre des gentilshommes et des gens très comme il faut, qui s’étaient amusés à faire de petites promenades intéressées sur la grande route, ou à médire de lord Leicester, et autres choses pareilles, que de les enfermer dans cette chambre d’en haut où le meurtre fut commis. En vérité, par saint Pierre-ès-Liens, je m’étonne que mon noble seigneur, ou M. Varney, consente à la donner à des étrangers ; et si ce M. Tressilian a pu décider quelqu’un à lui tenir compagnie, surtout une jolie fille, ma foi je suis d’avis qu’il a bien fait.
    – Je te dis, répondit Lambourne en se promenant dans la chambre du geôlier, que tu n’es qu’un âne ; va fermer le verrou de l’escalier, et ne t’inquiète pas des revenans. Cependant, donne-moi du vin, je me suis un peu échauffé pour mettre ce coquin à la porte.
    Tandis qu’il se désaltérait à longs traits avec une bouteille de bordeaux, sans même se servir de gobelet, le geôlier, par des discours indiscrets, cherchait à justifier sa croyance aux revenans.
    – Il n’y a que quelques heures que tu es dans le château, et tu as été tellement ivre pendant tout ce temps que tu n’as pu ni parler, ni voir, ni entendre. Mais tu ferais moins de bravades si tu avais passé une nuit avec nous dans le temps de la pleine lune ; car c’est alors que l’esprit s’agite le plus ; et principalement lorsque le vent du nord-ouest souffle avec violence, qu’il commence à tomber quelques gouttes de pluie, et qu’on entend de temps en temps quelques coups de tonnerre ! Bon Dieu ! quel fracas, quel vacarme, quels cris, quels gémissemens dans la chambre de Mervyn ! aussi, dans ces momens, quatre pintes d’eau-de-vie suffisent à peine pour mes garçons et pour moi.
    – Bah ! tu n’es qu’un nigaud, répondit Lambourne, dont les derniers coups qu’il venait de boire, joints à tous ceux qu’il avait déjà bus, commençaient à exalter le cerveau ; tu ne sais ce que tu dis ; personne ne les connaît ces esprits, et c’est celui qui en parle le moins qui dit le moins de sottises. Celui-ci croit une chose, celui-là en croit une autre : visions, balivernes ! J’ai connu des gens de toute espèce, mon cher Lawrence Ferme-Porte, et des hommes de beaucoup de mérite… il y en a un surtout… un grand seigneur, sans le nommer ici, qui croit aux oracles, à la lune, aux planètes et à leur cours. Il va même jusqu’à penser qu’elles n’étincellent que pour lui. Mais, foi d’homme à jeun, ou plutôt vérité d’ivrogne, je crois, moi, qu’elles ne brillent que pour empêcher les bons enfans comme moi de tomber dans les fossés. Au reste, que ce personnage se passe toutes ses fantaisies, il est assez riche pour en avoir. Il en est un autre, un homme très savant, je t’en réponds, qui parle grec et hébreu comme moi latin, eh bien ! il a un faible pour les sympathies et les antipathies ; il veut changer le plomb en or. Laissons-le faire, laissons-le payer de cette monnaie ceux qui sont assez fous pour s’en contenter. Tu te mets aussi du nombre, toi, autre grand homme, quoique tu ne sois ni noble ni savant, mais haut de six pieds, et qui, aveugle comme une taupe, crois à tous ces esprits revenans. Il y a ici un autre grand homme, un grand petit homme, ou petit grand homme, comme tu voudras, mon cher Lawrence ; son nom commence par un V. – Que croit-il, celui-là ? – Rien, mon cher Lawrence, rien, absolument rien ; il ne croit ni à Dieu ni au diable. Pour moi, si j’ai foi au démon, c’est uniquement parce que je pense qu’il faut qu’il y en ait un pour emporter notre ami sur ses cornes, quand l’âme quittera le corps , comme dit la chanson. Car tout antécédent doit avoir son conséquent, raro antecedentem , disait le docteur Bricham. Mais c’est du grec pour toi, mon cher Lawrence, et au bout du compte, c’est une chose fort inutile que de le savoir. Donne-moi donc une autre bouteille.
    – Parbleu, Michel, si vous buvez encore, vous vous trouverez dans un piteux état pour jouer Orion, ou pour accompagner votre maître dans cette nuit solennelle. À tout instant je m’imagine entendre sonner la grosse cloche pour avertir qu’on se rende à la Tour de Mortimer, où l’on doit recevoir la reine.
    Pendant ces observations de Lawrence, Lambourne continuait à boire. Replaçant enfin sur la table la bouteille presque vide, et poussant

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