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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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eût consenti à ce qui lui était demandé, et dit alors que, puisque ces deux puissans seigneurs avaient eu la permission de désigner un candidat à la chevalerie, elle oserait, au nom de toutes les dames qui étaient présentes, demander la même faveur.
    – Je ne serais pas femme si je refusais une semblable demande, dit la reine en souriant.
    – Je supplie donc Votre Majesté, au nom de toutes ces dames, ajouta la duchesse, d’élever au rang de chevalier Walter Raleigh, que sa naissance, ses hauts faits d’armes, et le zèle qu’il met à servir notre sexe avec la plume et l’épée, rendent digne de cet honneur.
    – Je remercie ces dames, dit Élisabeth en souriant, et je consens à leur demande. L’aimable écuyer sans manteau deviendra le brave chevalier sans manteau, ainsi, que vous le désirez : faites avancer les deux aspirans à la chevalerie.
    Blount n’était pas encore de retour. Raleigh s’avança seul, et, se mettant à genoux, il reçut des mains de la reine le titre de chevalier, qui jamais ne fut conféré à un sujet plus illustre et plus distingué.
    Nicolas Blount arriva quelques momens après ; et il apprit de la bouche de Sussex, qu’il rencontra à la porte de la salle, les bonnes dispositions de la reine à son égard, et l’ordre qu’elle avait donné de le faire approcher du trône. C’est un spectacle qui n’est pas rare, mais à la fois pénible et plaisant, que celui d’un homme doué d’un gros bon sens, et que la coquetterie d’une jolie femme ou tout autre motif jettent dans ces frivolités qui ne conviennent qu’à l’aimable jeunesse ou à ceux pour qui la longue habitude en a fait une seconde nature. Le pauvre Blount se trouvait dans ce cas. Sa riche parure et l’obligation où il croyait être d’assortir ses manières à l’élégance de son costume, lui avaient déjà passablement tourné la tête. La nouvelle subite de cette promotion acheva de faire triompher sur son véritable caractère cet esprit sémillant et léger qu’il avait adopté nouvellement, et métamorphosa soudain un homme simple, honnête, mais gauche, en un freluquet de l’espèce la plus nouvelle et la plus ridicule.
    Le candidat chevalier s’avança dans la salle, que par malheur il fallait traverser d’un bout à l’autre. Il tournait le pied en dehors avec tant d’affectation que chacune de ses jambes, qui se présentait avec la partie postérieure en avant, ressemblait à un de ces vieux couteaux à lame recourbée. Le reste de sa personne répondait à cette allure grotesque. Le mélange de son embarras et d’un air d’amour-propre satisfait était si complètement ridicule, que les partisans de Leicester laissèrent échapper un malin sourire qui fut partagé involontairement par quelques uns des gentilshommes de Sussex, quoique forcés de se mordre les ongles de dépit. Sussex lui-même perdit patience, et ne put s’empêcher de dire à l’oreille de son ami : – Maudit Blount ! ne peux-tu donc marcher comme un homme ou comme un soldat ? Cette apostrophe le fit tressaillir, et il s’arrêta jusqu’à ce qu’un regard jeté sur ses rosettes jaunes et ses bas rouges lui eût rendu son assurance ; alors il se remit à marcher du même pas qu’auparavant.
    La reine reçut le pauvre Blount chevalier, avec une répugnance bien marquée ; elle ne conférait qu’avec la plus grande circonspection ces titres d’honneur, distribués après elle avec une telle profusion par la maison de Stuart qu’ils perdirent beaucoup de leur prix. Blount ne fut pas plus tôt hors de sa présence qu’elle se tourna vers la duchesse de Rutland :
    – Notre esprit féminin, dit-elle, ma chère Rutland, est plus habile que celui de ces créatures en pourpoint et en haut-de-chausses. De ces trois chevaliers, le tien était le seul digne de recevoir ce titre.
    – Sir Richard Varney, l’ami de lord Leicester,… a du mérite certainement…, répondit la duchesse.
    – Varney a l’air sournois et la langue mielleuse, répondit la reine ; je crains qu’il ne déshonore le titre qu’il vient de recevoir : mais j’avais promis depuis long-temps. Sussex a sans doute perdu l’esprit de nous désigner d’abord un fou comme Tressilian, et puis un rustre comme son second protégé. Je t’assure, Rutland, que lorsqu’il était à genoux devant moi, grimaçant et faisant la moue comme si sa soupe lui brûlait la bouche, j’ai eu peine à me retenir de lui donner un bon

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