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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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coup sur la tête, au lieu de lui frapper sur l’épaule.
    – Votre Majesté lui a donné une accolade un peu rude, dit la duchesse ; nous avons entendu la lame de l’épée retentir sur son omoplate, et le pauvre homme en a frissonné comme s’il se croyait blessé.
    – Je n’ai pu m’en empêcher, dit la reine… Mais nous enverrons ce sir Nicolas en Irlande ou en Écosse, ou dans tout autre lieu, pour délivrer notre cour d’un chevalier si rustre.
    La conversation devint alors générale, et Leicester invita bientôt Sa Majesté à venir s’asseoir au banquet.
    Les convives furent obligés de traverser la cour intérieure du château pour arriver aux bâtimens neufs, où se trouvait la vaste salle à manger, dans laquelle était servi un souper digne d’un si beau jour.
    Dans ce trajet, les nouveaux chevaliers furent assaillis par les hérauts, les poursuivans d’armes et les ménestrels, tous poussant le cri d’usage, largesse, largesse, chevaliers très hardis ! Cette ancienne acclamation avait pour but d’exciter la générosité des nouveaux chevaliers envers ceux dont les fonctions consistent à conserver leurs armoiries ou à célébrer leurs hauts faits. Les trois élus, à qui s’adressait cette invitation, y répondirent libéralement. Varney distribua ses dons avec une politesse et une modestie affectées ; Raleigh accompagna les siens de l’aisance gracieuse d’un homme qu’on vient de mettre à sa place, et qui a l’habitude des grandeurs. Le pauvre Blount donna tout ce que son tailleur lui avait laissé de son revenu d’une année entière. Il était si troublé qu’en exerçant sa libéralité il laissait tomber de temps en temps quelques pièces d’argent, se baissait ensuite pour les ramasser, et finissait par les partager entre les hérauts avec l’air inquiet et le maintien d’un bedeau de paroisse qui distribue une aumône aux pauvres.
    Ces largesses furent reçues avec les remerciemens et les vivats d’usage. Mais comme ceux qui en profitaient étaient presque tous au service de Leicester, c’était le nom de Varney qu’on répétait avec les plus vifs applaudissemens : Lambourne surtout se faisait distinguer par ses vociférations – Longue vie à sir Richard Varney ! – Santé et honneur à sir Richard ! – Jamais plus digne chevalier ne reçut l’accolade. – Puis, baissant le ton, il ajoutait : – Depuis le vaillant sir Pandarus de Troie {124} . Cette conclusion fit partir d’un éclat de rire tous ceux qui étaient à portée de l’entendre.
    Il est inutile de parler plus longuement des fêtes de cette soirée, qui furent si brillantes, et dont la reine témoigna tant de satisfaction que Leicester se retira dans son appartement, enivré d’une espérance ambitieuse. Varney, qui s’était dépouillé de son riche vêtement, attendait son maître dans un costume simple et modeste, pour faire les honneurs du coucher du comte.
    – Comment donc, sir Richard ! dit Leicester en souriant ; cet humble habillement ne sied pas à votre nouvelle dignité.
    – J’y renoncerais, milord, répondit Varney, si je pouvais penser qu’elle dût m’éloigner de Votre Seigneurie.
    – Allons, tu es un serviteur reconnaissant, ajouta Leicester ; mais je ne veux pas que tu fasses rien qui puisse te dégrader dans l’opinion des autres.
    Tout en parlant ainsi, il recevait néanmoins les services du nouveau chevalier, qui semblait les lui rendre avec autant de plaisir qu’en exprimaient ses paroles.
    – Je n’ai pas peur des médisans, répondit-il à la remarque de Leicester et en continuant à le déshabiller ; car il n’y a personne dans le château qui ne s’attende à voir bientôt des gens d’un rang supérieur à celui que, grâce à vos bontés, j’occupe maintenant, remplir auprès de vous les fonctions de valet de chambre, et s’en tenir honorés.
    – Oui, cela aurait pu arriver, dit le comte en poussant un soupir involontaire ; puis il ajouta : Donne-moi ma robe de chambre, Varney, il faut que je considère le ciel ; la lune n’est-elle pas bientôt dans son plein ?
    – Je le pense, milord, d’après le calendrier, répondit Varney.
    Il y avait une fenêtre de l’appartement qui s’ouvrait sur un petit balcon construit en pierres et crénelé comme dans tous les châteaux gothiques. Le comte ouvrit la croisée ; le balcon dominait sur une grande partie du lac et sur le parc et la rive opposée. Les rayons de la lune

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