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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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en courage, arrivèrent presque au même moment ; à leur tête marchait la cornemuse du nord, instrument national, et ils obéissaient aux ordres d’un chef habile, qui ne le cédait qu’au capitaine Coxe dans la guerre, si toutefois il n’était pas son égal. Les Danois, en qualité d’agresseurs, se postèrent sous la tour de la Galerie, en face de celle de Mortimer ; et lorsqu’ils eurent bien pris toutes leurs mesures, on donna le signal du combat.
    Dans la première charge, les combattans se montrèrent assez modérés ; car les deux partis avaient la crainte de se voir repoussés jusque dans le lac ; mais à mesure que des renforts arrivaient, l’escarmouche devint une bataille furieuse. Ils se précipitèrent les uns sur les autres, ainsi que l’affirme maître Laneham, comme des béliers enflammés par la jalousie  ; ils se heurtaient avec tant de fureur que les adversaires se renversaient souvent l’un l’autre, et les sabres de bois et leurs boucliers se rencontraient avec un bruit terrible ; dans plusieurs occasions il arriva ce que redoutaient les guerriers les plus expérimentés : les balustrades qui protégeaient les côtés du pont n’avaient été, peut-être à dessein, que légèrement assurées ; elles cédèrent aux efforts des combattans qui se heurtaient les uns les autres, de manière que le courage du plus grand nombre se trouva suffisamment refroidi par le bain qu’ils prirent.
    Ces accidens auraient pu devenir plus sérieux qu’il n’eût été convenable dans un engagement de cette nature ; car plusieurs des champions qui essuyèrent ce désagrément ne savaient pas nager, et les autres se trouvaient embarrassés de leurs armures de toutes pièces en cuir et en carton ; mais on avait prévu le cas, et il y avait plusieurs bateaux tout prêts à accueillir les infortunés guerriers, et à les débarquer sur terre ferme. Là, mouillés et découragés, ils se consolaient avec l’ale chaude et les liqueurs fortes qu’on leur versait libéralement, et ils ne témoignaient plus aucun désir de recommencer un combat si dangereux.
    Le capitaine Coxe seul, après avoir deux fois été précipité, lui et son cheval, du pont dans le lac, mais capable de braver tous les périls où se sont jamais trouvés les héros favoris de la chevalerie, tels que les Amadis, Bélianis, Bévis, et même son propre Guy de Warwick, le capitaine Coxe lui seul, nous le répétons, après deux semblables mésaventures, se précipita de nouveau dans le plus épais de la mêlée ; ses vêtemens et la housse de son cheval de bois étaient complètement trempés ; cependant deux fois il ranima par sa voix et son exemple le courage des Anglais qui fléchissaient ; de sorte qu’à la fin leur victoire sur les Danois devint, selon toute justice et convenance, complète et décisive. Il était bien digne d’être immortalisé par la plume de Ben Johnson, qui, cinquante ans après, trouva qu’un masque joué à Kenilworth ne pouvait être représenté sans l’ombre du capitaine Coxe sur son redoutable coursier de bois.
    Ces amusemens champêtres et un peu grossiers pourraient ne pas s’accorder avec l’idée que le lecteur s’est formée d’un divertissement représenté devant cette Élisabeth qui fit fleurir les lettres pendant son règne d’une manière si brillante, et devant une cour qui, gouvernée alors par une femme distinguée par le sentiment des convenances comme par son esprit et sa sagesse, se faisait remarquer par son raffinement et sa délicatesse.
    Mais soit que, par politique, Élisabeth voulût paraître prendre part aux amusemens populaires, soit que son père Henry VIII lui eût transmis quelques uns de ses goûts, il est certain qu’elle rit de bon cœur de la manière dont les gens de Coventry retraçaient ou plutôt parodiaient les mœurs chevaleresques. Elle appela auprès d’elle le comte de Sussex et le lord Hunsdon, dans le dessein peut-être de dédommager le premier des longues audiences particulières qu’elle avait accordées au comte de Leicester ; et elle engagea la conversation avec lui sur un passe-temps plus convenable à ses goûts que ces spectacles burlesques. Le plaisir que la reine semblait prendre à rire et à plaisanter avec ses généraux fournit à Leicester l’occasion qu’il attendait pour s’éloigner de la présence royale. Il choisit si bien son temps que cette démarche parut aux courtisans un effet de générosité, comme s’il

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