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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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eût voulu laisser à son rival un libre accès auprès de la personne de la reine, au lieu de profiter de ses droits comme maître absolu du château pour se placer continuellement entre sa souveraine et ses rivaux.
    Leicester cependant songeait à toute autre chose qu’à se montrer rival si courtois ; car dès qu’il vit que la reine conversait avec Sussex et Hunsdon, derrière lesquels se tenait sir Nicolas Blount, ouvrant la bouche d’une oreille à l’autre à chaque mot qu’on prononçait, il fit un signe à Tressilian, qui suivait de l’œil tous ses mouvemens.
    Il s’avança du côté du parc, fendant des flots de spectateurs, qui, la bouche entr’ouverte, admiraient la bataille des Anglais et des Danois. Lorsqu’il se fut dégagé de la foule, non sans quelque difficulté, il tourna la tête pour reconnaître si Tressilian avait été aussi heureux que lui, et, le voyant suivre de près, il se dirigea vers un petit bosquet où se trouvait un domestique avec deux chevaux sellés. Il sauta sur l’un, et fit signe à Tressilian de monter sur l’autre. Tressilian obéit sans proférer un seul mot.
    Leicester piqua des deux, et galopa sans s’arrêter jusqu’à un lieu à l’écart, environné de chênes touffus, à la distance d’un mille du château, et d’un côté tout-à-fait opposé à celui où la curiosité attirait tous les spectateurs. Il mit alors pied à terre, attacha son cheval à un arbre et prononçant seulement ces mots : – Ici nous ne courons pas risque d’être interrompus, il mit son manteau sur la selle, et tira son épée.
    Tressilian imita, son exemple, mais il ne put s’empêcher de dire : – Milord, tous ceux qui me connaissent savent que je ne crains pas la mort lorsque mon honneur est compromis. Je crois pouvoir sans bassesse demander, au nom de tout ce qui est honorable, pourquoi Votre Seigneurie a osé me faire un affront tel que celui qui nous place dans cette position l’un à l’égard de l’autre ?
    – Si vous n’aimez pas de pareilles marques de mon mépris, répondit le comte, mettez sur-le-champ l’épée à la main, de peur que je ne réitère le traitement dont vous vous plaignez.
    – Il n’en est pas besoin, dit Tressilian. Que Dieu soit juge entre nous, et que votre sang retombe sur votre tête si vous périssez !
    Il avait à peine fini sa phrase qu’ils se joignirent, et le combat commença.
    Mais Leicester, qui possédait à fond la science de l’escrime, avait assez appris à connaître, la nuit précédente, la force et l’adresse de Tressilian pour combattre avec plus de prudence, et chercher une vengeance sûre plutôt que précipitée. Le combat durait depuis plusieurs minutes avec une adresse égale de part et d’autre, lorsque Tressilian, en portant un coup furieux que Leicester détourna heureusement, se mit dans une position désavantageuse. Le comte le désarma et le renversa par terre. Leicester sourit d’un air féroce en voyant la pointe de son épée à deux pouces de la gorge de son adversaire. Lui mettant le pied sur la poitrine, il lui ordonna de confesser les crimes infâmes dont il s’était rendu coupable envers lui, et de se préparer à la mort.
    – Je n’ai à me reprocher ni crime ni infamie dans ma conduite à ton égard, répondit Tressilian, et je suis mieux préparé que toi à mourir. Use de ton avantage comme tu le voudras, et puisse Dieu te pardonner ! Je ne t’ai donné aucun motif pour me poursuivre de ta haine.
    – Aucun motif, s’écria le comte, aucun motif ? Mais pourquoi discuter avec un être aussi vil ? Meurs comme tu as vécu !
    Il avait levé le bras dans le dessein de porter le coup fatal, lorsqu’il se sentit tout d’un coup saisir par-derrière.
    Le comte se tourna en fureur pour s’affranchir de cet obstacle inattendu, et vit, avec la plus grande surprise, qu’un jeune garçon d’un aspect singulier s’était emparé de son bras droit et s’y attachait avec une telle ténacité qu’il ne put s’en débarrasser sans des efforts considérables, qui donnèrent à Tressilian le temps de se relever et de reprendre son épée. Leicester revint sur lui avec la même rage dans les regards, et le combat aurait recommencé avec plus d’acharnement encore, si le jeune garçon ne se fût précipité aux genoux du comte, et ne l’eût conjuré, d’une voix aigre et perçante, de l’écouter un instant.
    – Lève-toi, et laisse-moi, dit Leicester, ou, par le Dieu du ciel,

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