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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pétrifié de l’extrême sang-froid avec lequel l’homme dont il croyait avoir reçu le plus sanglant affront plaidait la cause de sa coupable amante, comme si elle eût été la plus innocente des femmes, défendue par un avocat désintéressé. Son étonnement n’était pas diminué par la chaleur que Tressilian semblait mettre à réclamer pour elle ses honneurs et le rang qu’elle avait dégradé, et les avantages qu’elle devait sans doute partager avec l’amant qui soutenait sa cause avec tant d’effronterie. Plus d’une minute s’était écoulée depuis que Tressilian avait cessé de parler, avant que le comte fût revenu de l’excès de sa stupeur ; et si l’on considère les préventions dont son esprit était préoccupé, on ne sera pas surpris que sa colère l’emportât sur toute autre considération.
    – Je vous écoute sans interruption, M. Tressilian, dit le comte, et je bénis Dieu d’avoir épargné jusqu’à ce jour à mes oreilles la douleur d’entendre la voix d’un scélérat aussi effronté. La verge du bourreau est un instrument qui conviendrait mieux pour vous châtier que l’épée d’un gentilhomme. Cependant, scélérat, mets-toi en garde ; défends-toi.
    En parlant ainsi, il laissa tomber son manteau, frappa Tressilian fortement du fourreau de son épée, et, la tirant sur-le-champ, se mit en devoir de l’assaillir. Sa violence avait d’abord jeté Tressilian dans une surprise pareille à celle que le comte avait montrée en l’écoutant. Mais cette surprise fit place au ressentiment, lorsque des injures si peu méritées furent suivies d’un coup qui écarta sur-le-champ toute autre idée que celle du combat. Tressilian tira aussitôt son épée, et, quoique se servant de cette arme moins adroitement que le comte, il était cependant assez fort pour soutenir le combat avec courage, d’autant mieux qu’il avait plus de sang-froid que Leicester, puisqu’il ne pouvait s’empêcher d’attribuer sa conduite à une véritable frénésie ou à l’influence de quelque inexplicable illusion.
    Le combat continuait depuis plusieurs minutes sans qu’aucun des deux rivaux eût reçu de blessure, lorsque tout d’un coup on entendit des voix et des pas précipités sous le portique qui donnait sur la terrasse.
    – Nous sommes interrompus, dit Leicester à son antagoniste ; suivez-moi.
    Au même moment on entendit une voix qui disait : – Le coquin a raison ; ce sont des gens qui se battent.
    Leicester conduisit Tressilian dans une espèce d’enfoncement, derrière une fontaine, qui servit à les cacher pendant que six yeomen de la garde de la reine passaient dans une allée de la Plaisance  ; et ils entendirent l’un des soldats qui disait aux autres : – Nous ne pourrons jamais les trouver ce soir au milieu de ces jets d’eau, de ces cages à écureuil et de ces trous de lapin ; mais si nous ne les rencontrons pas avant de parvenir à l’autre extrémité, nous reviendrons sur nos pas, et nous posterons une sentinelle à l’entrée de ce parterre, pour nous assurer de nos ferrailleurs jusqu’à demain.
    – Belle besogne ! vraiment, dit un autre : tirer l’épée si près de la résidence de la reine, et dans son propre palais, pour ainsi dire. Il faut que ce soient quelques brétailleurs pris de vin. Ce serait une pitié de les rencontrer. Leur faute emporte la peine d’avoir la main coupée, n’est-ce pas ? Ce serait cruel de perdre la main pour avoir touché une lame d’acier, qui va si bien au poignet.
    – Tu es toi-même un querelleur, Georges, dit un autre ; mais fais-y bien attention, la loi est telle que tu l’as dit.
    – Oui, dit le premier, si l’on suit la loi dans toute sa rigueur, car ce château n’est pas le palais de la reine ; il appartient à lord Leicester.
    – S’il n’y a que cette considération en leur faveur, la peine pourrait être aussi sévère, dit un autre : car si notre gracieuse maîtresse est reine, comme elle l’est véritablement, grâce à Dieu ! lord Leicester n’est pas loin d’être roi.
    – Tais-toi, coquin, dit un troisième, sais-tu si l’on peut t’entendre ?
    Ils continuèrent leur chemin, faisant une espèce de perquisition négligente, et beaucoup plus occupés en apparence de leur conversation que du soin de découvrir les perturbateurs nocturnes.
    Dès qu’ils eurent quitté la terrasse, Leicester, faisant signe à Tressilian de le suivre, s’échappa sous la direction

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