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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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mais nous parlerons de cet objet en temps plus convenable, à moins que tu ne juges nécessaire à ta réputation de faire connaissance avec les pinces du docte M. Pinniewinks ; car tu vois que tes meilleurs amis te regardent comme un sorcier.
    – Que le ciel leur pardonne de confondre la science avec la magie ! Je me flatte qu’un homme peut être aussi habile et même plus habile que le meilleur chirurgien qui ait jamais tâté le pouls d’un cheval, sans être sorcier.
    – À Dieu ne plaise ! lui dit Tressilian ; mais tais-toi, car voici notre hôte, et il n’a pas l’air d’en être un.
    Chacun dans l’auberge, sans en excepter dame La Grue elle-même, était tellement occupé de l’enlèvement de Wayland par le diable, et des variantes de plus en plus merveilleuses qui arrivaient à chaque instant de différens côtés, que Goodman n’avait pu se procurer l’assistance que du plus jeune de ses garçons, enfant d’environ douze ans, qu’on appelait Samson.
    – Je voudrais, dit-il en s’excusant auprès de ses hôtes de les faire attendre, et en mettant une bouteille de vin des Canaries sur la table, que le diable eût enlevé ma femme et tous mes garçons au lieu de ce Wayland, qui, tout bien considéré, ne méritait pas autant qu’eux la distinction que Satan vient de lui accorder.
    – Je pense comme vous, brave homme, dit Wayland, et nous boirons un coup ensemble à ce souhait.
    – Ce n’est pas que je justifie personne de trafiquer avec le diable, dit Goodman après avoir bu rasade ; mais c’est que… – Avez-vous jamais bu de meilleur vin des Canaries, mes maîtres ? – C’est qu’on aimerait mieux avoir affaire à une douzaine de drôles comme ce Wayland qu’à un diable incarné qu’on trouve sans cesse et partout, à table et au lit. Je voudrais…
    Les lamentations du pauvre homme furent interrompues par la voix aigre de sa chère moitié, qui l’appelait de sa cuisine ; et, demandant pardon à ses hôtes, il y courut sans perdre un instant.
    Il ne fut pas plus tôt parti, que Wayland exprima, par toutes les épithètes de mépris que le vocabulaire de sa langue put lui fournir, ce qu’il pensait d’une telle poule mouillée, qui se cachait la tête sous le tablier de sa femme, et dit que, si les chevaux n’avaient besoin de repos et de nourriture, il engagerait M. Tressilian à pousser en avant encore quelques milles pour n’avoir point d’écot à payer à un homme qui était la honte de son sexe.
    Cependant l’arrivée d’un bon plat de jarrets de bœuf au lard adoucit un peu l’humeur de l’artiste vétérinaire, qui s’apaisa tout-à-fait devant un superbe chapon, rôti bien à point, et dont le lard dont il était bardé moussait, dit Wayland, comme la rosée de mai sur un lis. Goodman et Alison devinrent alors à ses yeux de braves gens, laborieux, obligeans, et méritant d’être encouragés.
    Conformément aux mœurs du temps, le maître et le domestique s’assirent à la même table ; mais le dernier vit avec regret que Tressilian faisait peu d’honneur au repas. Il se rappela combien il avait paru ému en entendant parler de la jeune fille dans la société de laquelle il l’avait vu pour la première fois, et, craignant de toucher de nouveau à une blessure qui paraissait si sensible, il préféra attribuer l’absence de son appétit à toute autre chose.
    – Ces mets ne sont peut-être pas assez délicats pour Votre Honneur, lui dit-il en faisant disparaître le troisième membre du chapon dont Tressilian s’était borné à prendre une aile ; mais si vous aviez demeuré aussi long-temps que moi dans le souterrain que Flibbertigibbet vient d’ouvrir au grand jour, et où j’osais à peine faire cuire mes alimens, de peur que la fumée ne me trahît, vous trouveriez comme moi qu’un chapon est une chère exquise.
    – Je suis charmé que le repas soit de ton goût, dit Tressilian ; mais dépêche-toi, cet endroit n’est pas sûr pour toi, et mes affaires exigent de la célérité.
    Ils ne s’arrêtèrent donc qu’autant qu’il le fallait pour donner le repos nécessaire à leurs montures, et ils firent une marche forcée jusqu’à Bradfort, où ils passèrent la nuit.
    Ils en partirent le lendemain à la pointe du jour ; mais, pour ne pas fatiguer le lecteur de détails inutiles, nous nous bornerons à dire qu’ils traversèrent sans aventures les comtés de Wilt et de Sommerset, et le troisième jour après le départ

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