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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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nommer son gendre, la raison semblait vouloir reprendre son empire dans l’esprit de sir Hugh. Il poussa un profond soupir, comme un homme qui sort d’un état de stupeur ; une légère convulsion agita ses traits ; il ouvrit les bras sans prononcer un seul mot ; et quand Tressilian s’y précipita, il le serra tendrement sur son cœur.
    – Je n’ai donc pas encore tout perdu ! s’écria-t-il ; et, en prononçant ces paroles, la nature se soulagea par un déluge de larmes qui coulèrent avec abondance sur ses joues et sur sa barbe blanche.
    – Je n’aurais jamais cru, dit William Badger, devoir remercier Dieu de voir mon maître pleurer ; mais à présent je le fais de bon cœur, quoique je sois prêt à pleurer avec lui.
    – Je ne te ferai pas de questions, dit le vieux chevalier, pas une seule, Edmond. Tu ne l’as pas trouvée ou tu l’as trouvée telle qu’il vaudrait mieux l’avoir perdue.
    Tressilian ne put répondre qu’en se couvrant le visage des deux mains.
    – C’en est assez ! c’en est assez ! ne pleure pas pour elle, Edmond ! J’ai raison de pleurer, puisqu’elle était ma fille ; mais tu dois te réjouir, puisqu’elle n’était pas encore ta femme. Dieu tout-puissant, tu sais mieux que nous ce que tu dois nous accorder ! Ma prière de chaque soir était de voir Edmond époux d’Amy ; si elle eût été exaucée, combien ma douleur n’eût-elle pas été plus amère !
    – Consolez-vous, mon digne ami, lui dit le ministre ; il est impossible que la fille de nos espérances et de nos affections soit devenue méprisable comme vous vous le figurez.
    – Sans doute, s’écria sir Hugh d’un ton d’impatience, j’aurais tort de lui donner franchement le nom qu’elle mérite de porter. On en aura inventé quelque autre à la cour ; l’infamie sait s’y couvrir d’un vernis brillant. La fille d’un gentilhomme, campagnard, d’un vieux paysan du Devonshire, n’est-elle pas trop honorée d’être devenue la maîtresse d’un courtisan… et d’un Varney ! de Varney, dont l’aïeul reçut les secours de mon père quand ses biens furent confisqués après la bataille de… de… Au diable ma mémoire ! Et je réponds que personne de vous ne m’aidera.
    – Après la bataille de Bosworth, dit M. Mumblazen, entre Richard-le-Bossu {58} et Henry Tudor, grand-père de la reine actuelle, primo Henrici Septimi , en l’année 1485 post Christum natum.
    – C’est cela, dit sir Hugh ; il n’y a pas un enfant qui ne le sache. Ma pauvre tête oublie tout ce que je voudrais me rappeler, et se souvient de tout ce qu’elle devrait oublier. Mon cerveau a été en défaut depuis ton départ, Tressilian, et même encore en ce moment il chasse contre le vent.
    – Votre Honneur ferait bien de se mettre au lit, dit le ministre, et de tâcher de goûter quelques heures de repos. Le docteur a laissé une potion calmante, et le grand médecin nous a ordonné d’employer tous les moyens terrestres pour nous mettre en état de supporter les épreuves qu’il nous envoie.
    – C’est la vérité, mon vieil ami, répondit sir Hugh, et je tâcherai de les supporter en homme. Ce n’est qu’une femme que nous avons perdue. Vois, Tressilian, dit-il en tirant de son sein une boucle de cheveux blonds ; le soir qui précéda son départ elle m’embrassa en me comblant de caresses encore plus tendres qu’à l’ordinaire ; et moi, comme un vieux fou, je la retenais par cette boucle. Elle prit ses ciseaux, la détacha de sa chevelure, et me la laissa entre les mains, comme tout ce qui devait désormais me rester d’elle.
    Tressilian ne put répondre ; il jugeait trop bien quelles sensations douloureuses avaient dû déchirer en ce moment le cœur de la malheureuse fugitive. Le ministre ouvrait la bouche pour parler, mais sir Hugh l’interrompit.
    – Je sais ce que vous voulez me dire. Ce n’est qu’une boucle de cheveux d’une femme, et c’est par une femme que la honte, la mort et le péché sont entrés dans le monde. Et le docteur M. Mumblazen pourrait de même citer bien des autorités pour prouver leur infériorité.
    – Un célèbre auteur français, reprit Mumblazen, dit que c’est l’homme qui se bast et qui conseille.
    – Eh bien, dit sir Hugh, tâchons de nous comporter en hommes, c’est-à-dire avec courage et sagesse. Edmond, je te revois avec autant de plaisir que si tu m’eusses apporté de meilleures nouvelles. Mais nous avons trop parlé

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