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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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regardèrent les uns les autres, non pour se communiquer par les yeux quelques remarques sur cette nouvelle, mais pour tâcher de découvrir réciproquement l’effet qu’elle produisait sur chacun d’eux. La reine répondit sur-le-champ sans chercher à déguiser sa satisfaction : – Sur ma foi, je suis charmée d’apprendre qu’il se trouve mieux. Mais tu as été bien audacieux de refuser la porte au docteur que j’envoyais ! Ne sais-tu pas que l’Écriture sainte dit que c’est dans la multitude des avis que gît la sûreté ?
    – Je ne sais, madame ; mais j’ai entendu des savans prétendre que la sûreté dont parle ce passage concerne le médecin et non le malade.
    – Par ma foi, dit la reine, je n’ai rien à lui répondre, car mon hébreu ne vient pas à volonté. Qu’en dites-vous, milord de Lincoln, ce jeune homme interprète-t-il convenablement le texte ?
    – Le mot sûreté , madame, dit l’évêque de Lincoln, paraît avoir été adopté un peu à la hâte, car le mot hébreu auquel il sert de traduction…
    – Je vous ai dit, milord, que j’ai oublié mon hébreu. Mais dites-moi, jeune homme, quel est votre nom, quelle est votre famille ?
    – Je me nomme Walter Raleigh, madame ; je suis un des fils cadets d’une famille nombreuse, mais honorable, du Devonshire.
    – Raleigh ! dit Élisabeth après un moment de réflexion. N’avez-vous pas servi en Irlande ?
    – Oui, madame ; mais je ne crois pas avoir été assez heureux pour avoir fait quelque chose qui ait mérité d’arriver jusqu’aux oreilles de Votre Majesté.
    – Elles entendent de plus loin que vous ne le pensez, Raleigh. Je me rappelle fort bien un jeune homme qui, dans le comté de Shannon, défendit le passage d’une rivière contre une troupe d’Irlandais révoltés, et qui en teignit les eaux de leur sang et du sien.
    – Si mon sang a été versé en cette occasion, dit Walter en baissant les yeux, je n’ai fait que m’acquitter d’une partie de mon devoir, puisque tout le sang qui coule dans mes veines est dû au service de Votre Majesté.
    – Tu es bien jeune, dit la reine, pour avoir si bien combattu et pour parler si bien. Mais il faut que je t’impose une pénitence pour avoir fermé la porte à mon pauvre Masters. Le digne homme a gagné un rhume sur la Tamise. Il arrivait de Londres, où il avait été faire quelques visites, quand mon ordre lui est parvenu, et il s’est fait un devoir, une affaire de conscience, de partir sur-le-champ pour Say’s-Court. Ainsi, Raleigh, je te condamne à porter ton manteau couvert de boue jusqu’à ce qu’il me plaise d’en ordonner autrement. Et voici, ajouta-t-elle en lui remettant un joyau en or ressemblant à un pion d’échecs, ce que je te donne pour porter à ton cou.
    Walter Raleigh, à qui la nature avait appris l’art que bien des courtisans n’acquièrent qu’après une longue expérience, fléchit un genou en terre et baisa la main qui lui donna ce présent. Il savait peut-être mieux qu’aucun de ceux qui l’entouraient comment concilier le dévouement respectueux dû à la reine avec l’hommage de galanterie que réclamait sa beauté ; et il réussit si bien dans cette première tentative, qu’il satisfit en même temps la vanité personnelle d’Élisabeth, et son amour pour la domination.
    Mais si la reine fut contente de sa première entrevue avec Walter Raleigh, le comte de Sussex ne tarda pas à en recueillir le fruit.
    – Milords et mesdames, dit la reine en s’adressant à la suite qui l’environnait, puisque nous voici sur la Tamise, il me semble que nous ferions aussi bien de renoncer à notre projet d’aller à Londres, et de surprendre ce pauvre comte de Sussex en lui faisant une visite. Il est malade ; il souffre sans doute doublement par la crainte où il est de nous avoir déplu ; et le franc aveu de ce jeune étourdi l’a complètement justifié. Qu’en pensez-vous ? ne serait-ce pas un acte de charité que de lui porter une consolation telle que celle que peut lui procurer la présence d’une reine à laquelle il a rendu de si grands services ?
    On juge bien qu’aucun de ceux à qui ce discours s’adressait ne songea à ouvrir un avis contraire.
    – Votre Majesté, dit l’évêque de Lincoln, est l’air que nous respirons.
    Les militaires dirent que la présence du souverain était la pierre qui donnait le fil au glaive du soldat.
    Les hommes d’État pensèrent que la vue de la reine

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