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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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flamme de la lampe.
    — Que dit le hanif ? Il a senti les démons lui aussi ?
    Khadija l'enlaça et le couvrit de baisers, de caresses.
    — Waraqà dit : « Saint ! Saint ! » Il crie de joie. Il dit que la Loi divine est descendue sur toi, mon époux. Il dit : « Muhammad ibn `Abdallâh est notre prophète comme Musâ a été le prophète des Juifs. Qu'il tienne bon ! Qu'il soit plein de courage. Ce ne sont pas les démons qu'il doit redouter, ce sont ceux de notre peuple sourds aux paroles que prononcera sa bouche. »
    Malgré les rires de joie et les mots de Khadija, Muhammad demanda une fois encore, le front noué de rides :
    — Je ne suis donc pas fou ? Les impurs ne me tordent pas la tête ?
    Khadija répondit en lui baisant les mains et le front :
    — Non. Waraqà dit : « C'est Djibril qui est venu battre des ailes près de ton époux et souffler l'haleine divine sur sa nuque. »
    — Peut-être, mais qui me croira ?
    — Moi. Moi, je te crois.
    Muhammad cessa de frissonner. Les battements de son cœur, qui résonnaient avec force sous la paume de Khadija, devinrent plus réguliers. La main sur la poitrine de son époux, elle dit :
    — Demain à l'aube, tu retourneras dans la grotte. Peut-être retrouveras-tu Celui qui t'est apparu. Et moi, dès que tu seras prêt, je ferai venir des scribes. Tu leur réciteras ce que l'ange t'aura dit et ils traceront tes mots avec des calames sur des feuilles de palmier et des pierres plates. Ainsi nous aurons, nous aussi, comme les chrétiens et les Juifs, notre livre.
    Muhammad ne répondit pas.
    Khadija s'allongea près de lui. Elle souffla la flamme de la lampe. Dans le noir, ils nouèrent leurs mains. Khadija songea qu'il y avait longtemps, si longtemps, qu'elle n'avait pas contemplé le noir de la nuit au côté de son époux. Maintenant, tout était différent.
    Comme sa longue attente, sa solitude, le froid de s'être tenue hors de la paume d'Al'lat et d'Hobal étaient récompensés ! Comme elle avait eu raison, dès le premier regard, d'être gorgée d'amour pour cet homme qui tenait sa main et qui n'était comme aucun autre !
    Elle avait été comblée de bonheur. Puis le malheur était venu et avait semblé tout recouvrir. Il y avait eu le silence terrible des dieux de pierre, de bois, de cornaline, des dieux de fumée et de cendre. Le doute et l'impatience l'avait rongée. Et voilà qu'une vie nouvelle jaillissait de la bouche de son époux, en mots tremblants et craintifs, mais qui déjà rendaient l'obscurité douce comme une caresse.
    Pourtant, malgré le bonheur qui l'envahissait, alors que la paix de la nuit enfin se posait sur sa couche, Khadija ne put s'empêcher de penser à Al Qasim. « Comme ce fils, aujourd'hui, aurait été fier de son père. »
    Presque aussitôt une lame jaillit de ses reins, déchira ses entrailles et provoqua un cri de douleur en même temps qu'une secousse qui arracha sa main de celle de son époux. Muhammad sursauta.
    — Khadija !
    Dans le noir, il sentit les spasmes qui agitaient son corps. Il l'entendit qui haletait et gémissait. Il la prit dans ses bras, la serra, chuchotant :
    — Femme, femme ! Que t'arrive-t-il ?
    Contre son oreille, il perçut le souffle brûlant de son épouse.
    — Tu as mal ? s'écria-t-il. Pourquoi as-tu mal ?
    Dans un murmure, elle prononça des mots à peine audibles, répondit que ce n'était rien. Puis, comme la douleur, selon son habitude, s'effaçait, elle expliqua à Muhammad combien Al Qasim, depuis des lunes, restait en elle. Comment, par instants, leur fils se déchargeait dans le corps de sa mère de la douleur qui l'avait tué afin d'être plus léger dans le jardin qui accueillait les enfants.
    Dans le noir, les joues de Muhammad se mouillèrent de larmes. Khadija voulut protester. Mais déjà, délicatement, il relevait sa tunique, posait ses lèvres et son front sur son ventre de vieille femme, comme s'il voulait à son tour y absorber la douleur d'Al Qasim.
    Et elle sourit, car il lui sembla qu'une douceur pareille à celle d'une quantité infinie de sukar fondait en elle.
     
    À l'aube, Muhammad se prépara à rejoindre la grotte qu'il avait fuie avec tant d'effroi la veille. Khadija put lire encore un peu de crainte sur son visage, mais aussi la hâte et le courage. Elle fit un signe à Zayd et dit à son époux :
    — À partir de ce jour, regarde Zayd comme ton fils et accepte qu'il te suive de loin.
    Muhammad ne prêta guère

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