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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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se dit-il. Les Allemands étaient nazis et antisémites. "
    –  Que voulez-vous ? demanda un gardien qui venait d’apparaître sur le seuil de la porte.
    – Je veux parler immédiatement au directeur de la prison, dit Traian. Ma femme et moi avons été arrêtés par erreur.
    – Je n’en doute pas, répondit le gardien sarcastique. Tous ceux qui arrivent ici déclarent qu’ils ont été arrêtés par erreur.
    – Je ne vous permets pas d’être ironique ! dit Traian. Je veux parler immédiatement au directeur de la prison.
    – Il n’y a aucun directeur. Vous êtes arrêtés par les Américains. Nous ne nous occupons que de l’administration. Nous sommes, nous aussi, des prisonniers en quelque sorte.
    – Alors je veux parler aux Américains !
    – Le sergent ne vient qu’une fois par semaine, dit le gardien, le lundi.
    Traian se rappela qu’ils étaient un lundi.
    – Vous voulez dire que je dois attendre jusqu’à lundi prochain, avant de voir quelqu’un ? demanda Traian. Vous croyez que ma femme pourra rester toute une semaine en prison ?
    – Je n’y peux rien, dit le gardien. Vous pouvez me raconter tout ce que vous voulez. Et vous pouvez frapper à la porte des heures et des heures. C’est en vain. Moi je n’y peux rien. Le sergent ne reviendra que lundi prochain.
    Il ferma la porte.
    – Dites-le à quelqu’un ou ne le dites à personne, jusqu’au moment où je pourrai parler au directeur de la prison pour savoir le motif de mon arrestation, je ne toucherai ni à l’eau, ni à la nourriture. C’est le seul moyen que j’ai de protester. Et je l’emploierai.
    – Vous allez faire la grève de la faim ? demanda le gardien.
    – Et la grève de la soif !
    Le gardien demeura un moment sur le seuil, les clés à la main. Il regarda Traian avec pitié. Puis il ferma la porte. – Dommage ! Vous êtes encore très jeune ! Il ferma la porte à double tour.
     
     
110
     
     
     
    Nora West frappa de ses poings contre la porte pendant une demi-heure. Un gardien vint écouter sans ouvrir. Il regarda dans la cellule à travers le judas.
    – Si vous continuez à frapper ainsi, vous serez punie, lui dit-il. Les prisonniers n’ont pas la permission de frapper à la porte de leur cellule.
    Le gardien s’éloigna.
    Nora West s’allongea sur le lit. Un moment après, elle se leva précipitamment. " Il doit y avoir des poux ", se dit-elle. Elle avait peur. Elle aurait voulu frapper à la porte et demander une autre couverture ou s’informer au moins s’il y avait des poux ou non. Mais elle savait maintenant qu’elle n’avait pas le droit de frapper à la porte. Elle continua à marcher de long en large dans la cellule.
    En son for intérieur, Eleonora West se sentait coupable. Elle savait que son arrestation, au fond, était juste. Après avoir falsifié les papiers prouvant son origine ethnique et avoir payé pour que ses actes d’état civil soient soustraits aux archives, elle avait été hantée jour et nuit par l’idée de la prison. Elle s’attendait chaque jour à voir arriver la police. Elle savait qu’elle allait être découverte et arrêtée. Pendant tout son voyage en Allemagne elle avait tremblé, chaque fois qu’elle voyait un agent : ses papiers étaient faux !
    Ces dernières années n’avaient été qu’une longue attente : celle de l’heure où elle serait arrêtée.
    " Et cette heure est venue, se dit-elle. Maintenant ils ont découvert que j’étais juive et je ne peux plus me sauver. "
    Elle tremblait toute. Son corps frissonnait de peur.
    " Je suis absurde de croire que les Américains m’ont arrêtée parce que j’ai caché mon origine ethnique et falsifié des papiers en Roumanie. Je sens pourtant que c’est là le véritable motif de mon arrestation. Le seul. Je sais que ce n’est pas logique. Mais c’est comme cela. Je suis coupable. Et maintenant je recevrai ma punition. Une punition exemplaire. Une punition dure. Mais méritée. "
    Eleonora West avait froid. Son linge mousseux et léger comme des bulles de savon, sa robe légère comme un voile, ne pouvaient l’abriter contre la froide humidité des murs de pierre.
    Le froid avait pénétré sa peau, et à travers la peau jusqu’aux os. Elle sentait cette humidité dans les profondeurs de son corps. Jamais jusqu’à présent, elle n’avait eu froid aux reins. Elle ne savait même pas où se trouvaient exactement les reins, ni quelle forme ils pouvaient bien avoir. Mais à

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