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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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va-t’en, dit-elle en colère.
    – Réponds-moi et je partirai, dit le gendarme.
    – Je n’en sais rien, dit-elle sèchement.
    – Dis-moi oui ou non, fit le gendarme. Si tu ne me réponds pas, je reste !
    Il s’accouda à la porte et attendit.
    – Pourquoi veux-tu savoir ? demanda-t-elle. Iani ne quitte jamais la maison.
    – Mais s’il la quittait ?
    – Essaie et tu verras ! dit-elle. Mais Iani ne part pas. Nous devons bâtir l’étable. Ensuite creuser le puits. Pourquoi partirait-il quand nous avons tellement à faire ?
    Les yeux du gendarme brillèrent. Il s’éloigna de la porte en disant :
    – Je savais bien que tu étais une brave fille.
    Il s’en alla. Suzanna l’entendit s’éloigner en sifflant. Elle s’arrêta de travailler. Elle était effrayée. Elle arracha ses pieds de la glaise et se mit à courir vers les enfants.
    Elle prit le plus grand dans les bras et le serra contre elle. Elle avait l’impression d’avoir commis un péché, d’avoir fait quelque chose de grave qui allait porter malheur à Moritz et à ses enfants. " Mais au fond qu’ai-je fait de mal ? se demanda-t-elle. J’ai peur pour un rien ! "
    Elle desserra son étreinte et reposa l’enfant à terre. Puis, elle recommença à pétrir la glaise en retroussant sa robe…
     
     
     
22
     
     
     
    Une semaine après, un gendarme frappa à la porte de Iohann Moritz.
    Moritz était à table. Il regarda par la fenêtre et en voyant le képi du soldat, il dit :
    – Je vais voir ce qu’il me veut.
    Il sortit dans la cour.
    Lorsqu’il rentra dans la maison, il avait un papier à la main. Une fois à table, il se remit à manger, et Suzanna lui demanda :
    – Qu’est-ce que c’est que ce papier ?
    Iohann Moritz avala le morceau qu’il avait à la bouche puis répondit :
    – Un ordre de réquisition. On verra bien après déjeuner ce que l’État va encore nous demander.
    Il paraissait très calme. Il savait bien que tous les paysans recevaient de pareils ordres de réquisition pour les chevaux, les charrettes et le bétail. Mais il n’avait ni chevaux, ni charrette. Maintenant il ne regrettait plus de ne pas en avoir acheté. L’État les lui aurait pris et il aurait continué à marcher à pied. " Mais peut-être l’État veut me faire donner un sac de maïs ou de blé ", pensa-t-il. Le blé aussi était réquisitionné, il le savait bien.
    Après avoir mangé, Iohann Moritz s’essuya les main pour ne pas salir le papier apporté par le gendarme, puis se déplia et se mit à lire.
    Suzanna suivait du regard l’expression de son visage, qui devenait de plus en plus rouge, puis blême et enfin livide.
    – Que disent-ils ? demanda Suzanna.
    Les enfants se taisaient et regardaient leur père.
    Moritz s’étendit sur le lit, les mains sous la tête.
    – Tu ne veux pas me dire ce qu’il y a d’écrit ? demanda Suzanna.
    Le silence de Moritz ne présageait rien de bon.
    – Même si je te le dis, tu n’y comprendras rien, dit-il. Moi-même je ne comprends pas.
    – C’est une mauvaise nouvelle, Iani ?
    – Le fourrier a dû se tromper, dit Moritz. Les fourriers du régiment pensent toujours à autre chose lorsqu’ils écrivent !
    Il tendit le papier à Suzanna.
    – Qu’en dis-tu ? C’est un ordre de réquisition. Nous en avons déjà reçu deux. Une fois pour du blé et une autre fois lorsqu’ils nous ont réquisitionné les sacs achetés chez Porfïrie. Mais maintenant l’ordre n’est ni pour du blé, ni pour des sacs, mais pour moi. Comment pourraient-ils réquisitionner un homme ? Tu comprends ça, toi ? Suzanna lisait avec peine. Moritz perdit patience. Il lui prit le papier des mains et le lut à haute voix. Puis il dit :
    – Comment pourraient-ils me réquisitionner, moi ? Je suis un homme. Ils peuvent réquisitionner les chevaux, les maisons, les vaches, les sacs, mais pas les hommes.
    Et regarde là, il y a écrit mon nom. L’adjudant est complètement fou !
    – Et que vas-tu faire maintenant ? demanda Suzanna.
    – Demain matin à sept heures je dois me rendre à la gendarmerie, dit-il.
    – Tu dois avoir raison ! dit Suzanna. Les fourriers se sont trompés.
    – Sûrement qu’ils se sont trompés, répondit Moritz. Mais il sentait monter en lui le doute. Si les fourriers ne s’étaient pas trompés ? Il se prépara pour le voyage comme pour partir à l’armée. Si l’ordre n’était pas faux, alors peut-être le garderait-on un mois ou

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