La 25ème Heure
s’endormir, qu’il se rappela soudain que Antim Balta lui devait 500 lei. Il ne savait combien de temps il allait être absent et Suzanna pou vait avoir besoin d’argent. Il se tourna vers elle. Suzanna dormait sur le côté gauche, en serrant le coussin dans ses bras.
" Qui sait à quoi elle peut bien rêver ", pensa Moritz et de nouveau il n’osa pas la réveiller. Il le lui dirait bien le lendemain.
Moritz pensa encore, qu’une fois la saison des pluies venue, le mur du puits allait s’écrouler, s’il ne l’achevait pas. " Mais peut-être serai-je de retour avant la saison des pluies ", se dit-il et il ne pensa plus au puits. Mais alors il se souvint que les briques pour l’étable n’étaient pas encore cuites. Il en avait fait huit cents qu’il avait entassées les unes sur les autres près de la maison pour les sécher. Il aurait fallu les faire cuire. Si on les laissait trop sécher elles tomberaient en miettes et tout le travail serait perdu. Tout cela le tourmentait et il ne cessait de se retourner dans son lit. Il regarda de nouveau Suzanna. Il voulait lui demander conseil. Elle s’était découverte en dormant et son visage était enfoui dans l’oreiller. Moritz se rendit compte qu’elle ne pouvait lui être d’aucun secours. Il la réveillerait en vain. C’était un travail d’homme. Il cherchait des amis parmi les gens du village et n’en trouvait aucun qui puisse faire cuire ses briques. Chacun avait sa propre maison et son travail. S’il avait fait jour il aurait essayé d’en parler à l’un ou à l’autre. Mais maintenant en pleine nuit tous devaient dormir.
Il ne pouvait aller les réveiller pour leur parler de ses briques. " Je vais couvrir les briques de paille et de feuilles de maïs. Elles sécheront moins vite et ainsi elles pourront durer encore quelques semaines ", se dit Moritz. " Alors je serais peut être de retour. "
Il se leva. La porte du balcon était restée ouverte et il sortit. Il était nu. Il aurait voulu rentrer dans la chambre, enfiler sa chemise et son pantalon, mais il craignait de réveiller la femme et les enfants. Il se leva. La porte du balcon était restée ouverte et il sortit. Il était nu. Il aurait voulu rentrer dans la chambre, enfiler sa chemise et son pantalon, mais il craignait de réveiller la femme et les enfants.
Il prit une brique et la regarda à la lumière de la lune. Elle aurait dû être mise au four dans deux ou trois jours au plus tard.
Il revint vers le puits. Puis il inspecta toute la cour. Il avait totalement oublié qu’il était nu. Il regarda les murs de la maison, le toit. Il pouvait très bien les voir, car il faisait clair et beau comme en plein jour.
Il y avait longtemps que la lune n’avait pas été aussi brillante. Moritz avait oublié qu’il devait partir. Il faisait des plans pour la construction de l’étable. Il voulait acheter une charrette et des chevaux, puis une vache. Il était arrivé au fond de la cour tout près de la meule de paille. Il en prit une brassée et la déposa contre les briques. Suzanna aurait pu le faire le lendemain, mais puisqu’il se trouvait près de la meule, mieux valait lui épargner le travail. Puis il transporta les feuilles de maïs. Maintenant il avait chaud. Il couvrit les briques. Il avait travaillé très vite. Au chant du coq, Moritz tressaillit. Il avait tout oublié et voilà que tout à coup il se souvenait qu’il devait partir. Il avait honte d’être ainsi tout nu dans la cour. Il rentra et s’arrêta au milieu de la chambre. La femme dormait, toute nue, étendue en travers du lit. Moritz s’allongea à son côté sans la réveiller. Elle ne l’avait même pas senti arriver. Elle étendit une jambe et la mit sur celle de Moritz. Moritz s’assoupit rapidement. Peu de temps après il sursauta et se réveilla de nouveau. Il regarda tout autour. Suzanna dormait toujours. La lune était accrochée au rebord de la fenêtre comme un casque de gendarme. Iohann Moritz la fixa du regard et ne put fermer l’œil jusqu’au jour.
25
Le lendemain matin, Iohann Moritz se rendit à la gendarmerie. En route il croisait les paysans qui allaient au moulin, au champ, à la forêt. Moritz tournait la tête pour ne pas les voir. Lui aussi, aurait dû aller au moulin, et à la forêt. Mais il lui fallait tout lâcher et partir. Il était réquisitionné. L’idée de s’enfuir lui traversa un moment l’esprit. S’il se cachait dans la forêt les
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