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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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le prêtre. Mais la route était déserte.
    Elles regagnèrent le village.
     
     
101
     
     
     
    Le lendemain matin Aristitza fut arrêtée. À la mairie elle fut battue à coups de corde mouillée. Elle reconnut avoir sorti le prêtre de la fosse et l’avoir donné aux Allemands.
    À neuf heures, on la fusilla près de la fosse à purin. Suzanna s’enfuit du village avec ses deux enfants.
    Lorsque les hommes de Marcou Goldenberg vinrent l’arrêter, ils trouvèrent la maison de Iohann Moritz déserte…
     
     
     
102
     
     
     
    –  C’est le plus beau jour de ma vie ! dit Joseph en se mettant au lit.
    Les prisonniers français évadés grâce à Iohann Moritz venaient de passer les lignes américaines quelques heures auparavant.
    Iohann Moritz et Joseph se trouvaient dans une belle chambre dans un hôtel de l’U. N. R. A. Ils avaient mangé un tas de bonnes choses, avaient bu du vin et fumé des cigarettes très chères. On leur avait donné des colis de nourriture, de vêtements et bien d’autres choses encore. Iohann Moritz regardait les paquets posés l’un près de l’autre sur le tapis, près du mur. Il se sentait honoré comme il ne l’avait jamais été jusqu’à présent. Les Américains lui avaient donné des chemises, des coutumes tout neufs, un rasoir, des souliers, du savon, des cigarettes. Ils lui avaient donné tout cela à lui, Iohann Moritz, dès qu’ils l’avaient vu. Il était fier. Pour la première fois il croyait, lui aussi, avoir fait une grande action pour la victoire des Alliés.
    "Si je n’avais pas accompli une grande action, les Américains ne m’auraient pas donné tant de choses. "
    Il se rappela que les Américains ne lui avaient même pas demandé son nom et il s’imagina qu’ils avaient été avertis de l’évasion, avant même leur arrivée. Tous les Américains lui souriaient, comme pour lui montrer qu’ils étaient au courant de tout ce qu’il avait souffert et du courage qu’il avait montré.
    Iohann Moritz était fatigué, mais il ne voulait pas se coucher. Il regardait tout autour de lui et il n’arrivait pas à croire qu’on avait spécialement réservé cette chambre pour lui. Tous les objets posés sur les chaises, sur la table ou sur le tapis, étaient à lui. Les Américains les lui avaient donnés parce qu’il avait eu le courage de sauver cinq prisonniers français du camp de concentration.
    –  Notre évasion a été une évasion parfaite, dit Joseph.
    Iohann Moritz se rappela comment il était sorti ce matin-là de la cour du camp avec les cinq prisonniers. Ils avaient traversé les rues de la ville. Hilda était toujours à la fenêtre avec l’enfant auquel elle disait : " Regarde, celui qui a un fusil et un casque, c’est ton père. " Moritz avait souri de son sourire de tous les jours. Mais il ne s’était pas arrêté au pont. Les prisonniers l’avaient dépassé. Il avait marché derrière eux, son fusil à l’épaule, jusqu’à la lisière de la forêt. Tous les gens qu’ils rencontraient sur la route croyaient voir tout simplement un soldat escorter cinq prisonniers. Mais c’étaient déjà des évadés. Il avait bien semblé à Moritz qu’une femme l’avait regardé plus longuement, et il avait senti battre son cœur. Il avait peur. D’autres gens encore l’avaient regardé l’air soupçonneux. Mais Iohann Moritz avait fait semblant de ne pas les voir.
    En arrivant dans la forêt, il avait mis un costume civil que les Français avaient emporté pour lui. Joseph avait brisé son fusil contre des rochers. Quand les éclats l’avaient touché, Iohann Moritz avait senti que quelque chose venait de se briser dans son cœur. Mais il n’avait pas voulu le montrer. Puis les Français avaient mis le feu à son uniforme. En voyant sa tunique brûler, Iohann Moritz avait eu envie de pleurer. Mais il s’était retenu pour ne pas fâcher les Français. Ils injuriaient toujours Hitler. Iohann Moritz ne comprenait rien à tout ce qu’ils disaient.
    Puis ils avaient marché pendant toute une semaine dans la forêt. Un beau jour, en sortant du bois, ils avaient vu sur la route des autos américaines. Les Français avaient commencé à chanter. Tous étaient fatigués, mais ils chantaient comme des fous dans la forêt. Ils avaient mis des rubans tricolores à leur boutonnière et à celle de Iohann Moritz. Puis, ils étaient sortis devant les autos. Les Américains leur avaient donné des cigarettes et les avaient emmenés à

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