La 25ème Heure
l’U. N. R. A. où des chambres étaient préparées, et le déjeuner servi. On aurait dit qu’ils y étaient attendus.
Depuis leur arrivée et jusqu’à ce jour, les Américains n’avaient fait que leur donner des paquets et de la nourriture. Iohann Moritz avait l’impression d’avoir vécu un conte de fées. En regardant les paquets et Joseph, il se rendit compte que tout cela était vrai. Tout cela lui était arrivé à lui, Iohann Moritz, parce qu’il avait fait une belle et grande action pour la victoire des Alliés.
Joseph s’était endormi. Iohann Moritz se disait que d’ici il partirait en France. Il se mit à penser à la maison qu’il allait bâtir, à Hilda et à Frantz. " Quand la guerre sera finie, je ferai venir mon père et ma mère en France se dit-il.
Puis il s’endormit, lui aussi, tout habillé, en travers du lit, en rêvant à son bonheur futur, et jusqu’au matin il ne bougea plus.
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I l y avait déjà deux semaines que Iohann Moritz était à l’U. N. R. A. Il avait raconté aux Américains comment il s’était évadé avec les cinq Français. Les Américains Pavaient félicité. Puis, ils lui avaient demandé d’écrire le récit de l’évasion. Ils voulaient publier dans leurs journaux l’histoire de Iohann Moritz. Tout le monde allait l’honorer et parler de lui.
De jour en jour, Iohann Moritz était plus convaincu d’avoir aidé les nations alliées à gagner la guerre. Il était heureux et fier d’avoir fait quelque chose pour les nations alliées et de voir que les nations alliées étaient contentes de lui.
Un beau jour, le directeur fit venir Iohann Moritz dans son bureau. Il Pavait déjà appelé à plusieurs reprises pour le faire raconter son évasion.
Iohann Moritz était entré, tout joyeux dans le bureau. Le directeur Pavait invité à prendre place dans un fauteuil. Il lui avait tendu la boîte de cigarettes et lui avait souri. Iohann Moritz était émerveillé de l’honneur qu’on lui faisait. Chaque fois, il était reçu de la même façon, mais il ne pouvait toujours pas s’y habituer.
– Vous n’avez plus le droit d’habiter et de prendre vos repas à l’U. N. R. A., dit le directeur en allumant de son briquet la cigarette de Iohann Moritz. À partir de demain, vous ne pouvez plus venir à table et vous devez quitter la chambre que vous occupez à l’hôtel.
Iohann Moritz devint tout pâle. Il se demandait ce qu’il avait bien pu faire pour fâcher à tel point les Américains. " Je dois être très coupable s’ils me mettent dehors et me jettent tout d’un coup à la rue ", se dit-il.
Jusqu’à ce jour, il avait reçu un tas de cadeaux des Américains. Il avait cinq colis d’objets pour lui, et pour Hilda. Les Américains lui avaient même donné des jouets et des vêtements pour Franz, quand ils avaient appris qu’il avait un enfant. Ils avaient demandé la photo Franz et l’avaient tous, regardée. Et maintenant, tout à coup, ces mêmes hommes me mettent dehors. J’ai dû faire une très grande faute", pensa Moritz.
– L’U. N. R. A. protège seulement les citoyens des nations alliées, dit le directeur. Et vous, vous êtes l’ennemi des nations alliées.
Iohann Moritz pensa aux cadeaux reçus pour le fait qu’il avait accompli. Tous lui avaient dit qu’il avait fait quelque chose de très important pour les Alliés. Et maintenant ces mêmes hommes prétendaient que lui, Iohann Moritz, était l’ennemi des nations alliées.
– Vous êtes un ennemi des nations alliées, répéta le directeur.
– Mais je n’ai rien fait contre les nations alliées ! dit Iohann Moritz. Je vous jure, monsieur le directeur, que je ne suis coupable en rien vis-à-vis des nations alliées !
– Vous n’êtes pas Roumain ? demanda le directeur sévèrement. Les Roumains sont les ennemis des Alliés. Vous êtes Roumain, donc, automatiquement, vous êtes notre ennemi. L’U. N. R. A. ne saurait loger et nourrir les ressortissants des pays ennemis. Vous devez quitter votre chambre.
Iohann Moritz sortit de la pièce, la tête basse. Il aurait voulu retourner à sa compagnie. Il se souvint qu’il avait brisé son fusil dans la forêt et que les Français avaient mis le feu à son uniforme. Il ne pouvait pas revenir à sa compagnie sans arme. " Et maintenant où vais-je bien pouvoir aller ? " se demanda Iohann Moritz.
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Aussitôt après que Moritz eut déserté, Hilda fut
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