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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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République pendant cet intervalle et a blessé quelques soldats de mon avant-poste. Ce procédé, qui n’a pas d’exemple dans les usages de la guerre, devait me porter à vous faire attaquer sur-le-champ et à ne plus parler de mesures avec des hommes qui se sont rendus coupables de pareils forfaits. Je ne vous dissimulerai pas que la fureur de l’armée que je commande est à son comble   ; cependant, j’ai tenu conseil avec les représentants du peuple et dans la conviction où nous sommes que des émigrés rentrés dans votre sein, et quelques-uns de leurs adhérents sont les seules causes de votre égarement et de la perfidie dont je me plains, je vous fais passer de nouveaux exemplaires de ma sommation.
    « Citoyens, je vous réitère, au nom de la nation, l’ordre bien positif de déférer à cette sommation, au plus tard dans le jour, et je vous déclare que, faute par vous d’y obtempérer, j’emploierai tous les moyens de force qui me sont confiés. Vous répondrez du sang qui coulera et des malheurs terribles qui accompagneront votre résistance.
    « signé   : Kellermann »
    La proposition fut repoussée   ; le Bulletin lyonnais du 9 août nous l’apprend en ces termes   :
    « Braves soldats lyonnais, on a fait à Kellermann une réponse digne de vous, nous regrettons que les bornes de ce bulletin ne nous permettent pas de le transcrire aujourd’hui. »
    Et le lendemain, le bulletin disait   :
    « Nous persistons dans les mêmes sentiments   ; nous ne voulons point d’oppression   ; la loi naturelle et la déclaration des droits, voilà notre égide. »
    Pour juger de quel côté on mentait, il suffit de lire le passage suivant de la même réponse   :
    « Incapables de perfidie, nous reportons tout l’odieux de l’attaque que vous nous reprochez sur votre avant-garde qui, avant l’arrivée de notre réponse, avait tiré sur nous. Nos chasseurs, d’autre part, ont voulu fraterniser avec votre chevalerie, et au moment de la séparation, ils ont été enveloppés. La vérité est pour ce récit   : votre lettre, sur ce point, prouve que l’on vous a fait des rapports faux et perfides.
    « Quant à nos émigrés, nous l’attestons à nouveau sur l’honneur et la religion, nous n’en connaissons point   ; nous l’avons déclaré à la Convention aux représentants du peuple sous les ordres de qui vous agissez, à toute la République entière. Qu’on nous les indique et nous serons les premiers à les mettre sous la sévérité de la loi, et même à vous les envoyer. »
    À lire ce bulletin, ne croirait-on pas à la sincérité de l’auteur   ?
    Or, le même Roubiès, qui niait la présence des prêtres réfractaires et des émigrés, reconnaissait dans un des bulletins suivants que l’on en comptait quatre mille dans l’armée lyonnaise.
    Ce trait donne au lecteur la mesure de la confiance qu’il faut accorder à ce bulletin.
    Dubois-Crancé venait de lire la réponse des Lyonnais à Kellermann, lorsque son planton vint lui annoncer qu’une citoyenne avait à lui parler de choses importantes.
    De ses mœurs élégantes, de ses préjugés de gentilhomme, Dubois-Crancé avait conservé une grande répulsion pour les femmes qui se mêlaient de politique. « J’aime les femmes au lit et je les déteste à la tribune », disait-il à la fameuse Théroigne de Méricourt.
    Il répondit au planton   :
    – Encore quelque tricoteuse d’un club qui vient me parler de chimère. Au diable   !
    Le planton s’en alla mais il revint.
    – La citoyenne qui veut te parler, citoyen représentant, dit-il, est la mère du commandant Saint-Giles.
    – Qu’elle entre   ! dit Dubois-Crancé.
    Et il pensa   :
    « Elle vient me demander de ne pas être impitoyable dans l’exécution du décret concernant son fils. C’est une mère, soyons doux et laissons lui l’espérance. »
    M me  Saint-Giles entra.
    Dubois-Crancé fut frappé de la majesté inconsciente de cette matrone républicaine et de sa fierté qui s’ignorait.
    Il lui offrit un siège   ; elle resta debout.
    – Madame, lui dit Dubois-Crancé se tenant debout aussi par politesse et la traitant comme une grande dame, j’ai employé le seul moyen possible pour sauver votre fils   ; mais je m’entendrai avec Kellermann pour ne pas trop le prodiguer.
    – Citoyen, dit-elle, je connais mon enfant   ; il prodiguera lui-même sa vie. Je ne viens pas solliciter pour lui.
    Dubois-Crancé regarda cette femme

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