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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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Dix coups à mitraille et un millier de balles envoyées par mes hommes en feu plongeant désorganiseront la défense du cimetière qui tirera peu et mal sur nous.
    – Mais, dit Dubois-Crancé, les autres redoutes écraseront cette maison.
    – Pas tout de suite. Il faudra du temps pour comprendre ce qui s’est passé, il faudra braquer les pièces sur la maison, il faudra rectifier le tir incertain à distance. Nous, pendant ce temps, d’une part nous pilerons l’ennemi dans le cimetière, sous la gueule de nos pièces crachant à deux cents pas.
    – Et d’autre part   ? demanda Dubois-Crancé.
    – D’autre part, dit Saint-Giles, je fais emporter par l’artillerie une dizaine de barils de poudre que je disposerai dans les caves de la maison   ; je fais battre en retraite mon bataillon et je reste avec dix hommes seulement, un par baril. À mon signal, ils mettent le feu aux mèches et nous filons. L’ennemi, en marche pour réoccuper la maison, y arrive et… saute agréablement. Résultats   : une rude leçon à Chenelettes, un poste détruit, le cimetière balayé et rempli de morts, un effet moral immense.
    – C’est bien   ! dit Dubois-Crancé. Allez commandant.
    Comme dans tous les dialogues de l’époque, le « vous » perçait souvent sous le tutoiement mis à la mode par les Jacobins.
    Saint-Giles, dont les dispositions étaient prises, se mit à la tête de deux compagnies seulement.
    Le reste du bataillon était en soutien sous les ordres d’un capitaine, vieux routier, ex-sergent-major au régiment de Flandres et sur lequel Saint-Giles pouvait compter.
    L’intrépide commandant tira son épée et, montrant la maison à enlever à trois cents pas du pli de terrain où il tenait son monde massé, il cria   :
    – En avant   ! au pas de course, pas un coup de fusil.
    Et il se lança, à cheval, toujours à dix longueurs en avant de ses hommes.
    À la vue de cette petite colonne, le cimetière tira sa volée.
    Mais Saint-Giles avait prédit à ses hommes que, s’ils se précipitaient franchement, tête basse, surprenant les canonniers du cimetière, ceux-ci viseraient mal et trop haut.
    En effet, la colonne sentit passer au-dessus de sa tête comme une trombe de terre.
    Elle courait si vite que l’artillerie du cimetière ne put lui envoyer qu’une seconde décharge assez décousue et qui ne toucha qu’une dizaine d’hommes en queue.
    La fusillade du cimetière et de la maison fut plus dangereuse   ; mais les gardes nationaux lyonnais, sauf quelques chasseurs, tiraient mal   ; c’est le défaut des troupes improvisées.
    Des vides cependant se produisirent, en tête surtout.
    Mais les hommes voyaient devant eux le grand cheval de Saint-Giles et le commandant qui criait toujours, sabre levé   :
    – En avant   ! et vive la République   !
    Ils continuaient à courir.
    Dubois-Crancé, qui surveillait cette tentative très risquée, regardait sa montre et disait   :
    – S’ils mettent plus de 80 secondes pour arriver, ils sont f… chus.
    À un moment, tout fut compromis.
    Le cheval de Saint-Giles s’abattit, foudroyé.
    Heureusement, les hommes avaient juré de ramener leur commandant, mort ou vivant. Ils se précipitèrent et le trouvèrent sain et sauf.
    Il cria d’une voix retentissante   :
    – En avant   ! En avant   ! Nous les tenons.
    Et cet incident ne fit qu’accélérer le mouvement.
    La colonne vint battre la maison abandonnée par ses défenseurs, et, renversant portes, fenêtres, barricades, elle y pénétra.
    Dix secondes plus tard, cent fusils foudroyaient le cimetière pendant qu’une centaine d’hommes munis d’outils apportés en bandoulière, ouvraient deux embrasures pour les canons.
    Ceux-ci arrivèrent au galop et tonnèrent bientôt.
    Dubois-Crancé, sa montre à la main, disait   :
    – Dix minutes   ! Il ne faut pas se murer là plus de dix minutes, ou on serait réduit en poudre.
    Déjà toutes les redoutes à portée de la maison faisaient converger leurs feux sur elle.
    Mais, tout à coup, on vit une colonne de deux mille hommes sortir des lignes ennemies et se lancer sur la maison pour la reprendre.
    – Morbleu   ! dit Dubois-Crancé, l’affaire est manquée, Saint-Giles n’aura jamais le temps de faire sauter cette bicoque.
    Et il se mit à froisser son écharpe de représentant avec impatience.
    Ni Saint-Giles, ni Dubois-Crancé n’avaient pu prévoir qu’une aussi forte réserve se trouverait sur ce point.
    Elle

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