Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
Vom Netzwerk:
chercher le sergent Suberville.
    – Pour vous…
    – Pour qu’il me montre à mettre mes guêtres… oui…
    – Mais M. Suberville…
    – Il est sergent, c’est son affaire d’habiller ses soldats.
    Étienne, dépité et de fort mauvaise humeur, alla prévenir M. Suberville que la baronne le demandait pour la guêtrer.
    – Ah   ! ah   ! dit M. Suberville en riant, je vois ce que c’est   ! Nous n’avons pas été sage, mon petit   ! Et l’on réclame un homme mûr, à la place d’une folle tête de vingt-deux ans   !
    Et voilà comme quoi ce fut son sergent qui guêtra le fifre, ce dont ledit sergent s’acquitta à merveille, tout en faisant une observation prudente.
    – Vous allez le rendre fou, Madame la baronne   : prenez garde   !
    – Eh   ! sergent, ce jeune homme a besoin d’être fanatisé   : ce n’est pas comme vous, un caractère supérieur. Il faut le grandir par la passion à hauteur de sa tâche.
    – Ah… c’est par politique… attisez le feu alors, madame la baronne.
    Il avait compris cette grande comédienne.
    Il allait sortir discrètement sur ce mot, mais elle le retint par un sourire.

Machiavélisme
    S’il eût été un fat, M. Suberville aurait pu interpréter, à son avantage, et l’invitation et le sourire de la baronne.
    Mais M. Suberville était fort laid   : il le savait et ce désavantage était devenu une force   ; jamais M. Suberville n’aurait réussi à s’illusionner, tant sa mince figure chafouine, couturée de marques de petite vérole, était tourmentée, désagréable, hideuse même   : car la bouche était tordue et les yeux étaient éraillés.
    Le masque cependant avait un air spirituel qui ne trompait point.
    Comment cette laideur aurait-elle pu s’allier à la présomption   ?
    De là, cette sagesse de M. Suberville ne se trompant point aux intentions de la baronne.
    Bien mieux, il devina la pensée de celle-ci.
    – Je crois, dit-il, que vous songez, madame la baronne, à la façon dont l’abbé Roubiès accueillera votre idée. Et je suppose que notre messager ne pouvant tarder à revenir, votre intention est que nous l’attendions.
    La baronne n’avait pas souri, en coquette qu’elle était, sans avoir l’intention d’éprouver son homme.
    – Eh   ! Eh   ! pensa-t-elle, celui-ci est fort   !
    C’était en effet une intelligence d’une autre envergure que celle d’Étienne.
    – Madame, dit M. Suberville, on frappe. Voici notre homme.
    – Entrez   ! dit-elle.
    Le messager ayant entendu la voix flûtée du fifre crier « entrez » eut comme un soupçon   : il voulut lui remettre la lettre de l’abbé Roubiès, qu’il rapportait.
    La baronne lui dit, après avoir regardé le dos du billet cacheté à la cire   :
    – Pas d’adresse.
    – Non   ! on me l’a remise telle que, en me disant   : « Pour qui envoie ».
    La baronne se mit à rire, regarda le garde national et dit avec une ironie de gamin   :
    – Vrai, vous avez une bonne tête de planton, vous.
    Et elle lui rendit la lettre.
    Le garde était intelligent, affilié encore inférieur, du reste, mais très ambitieux et désireux de monter.
    C’était un commis aspirant à devenir patron… par la grâce du Saint-Esprit… de Notre-Dame de Fourvière et de monseigneur l’archevêque.
    Ils sont pas mal de commis comme celui-là à Lyon.
    Il ne connaissait pas le secret de la baronne   : mais il voyait le fifre si bien avec le lieutenant et parfois si autoritaire avec tout le monde, ce fifre, enfin, lui paraissait si étonnant, qu’il le considérait comme une puissance, comme une toute puissance, même. Donc, du moment où le fifre lui trouvait l’air abruti d’un planton, il jugea qu’il devait se donner cet air-là et il se le donna.
    – Voyons, dit la baronne, un peu d’intelligence, si c’est possible. Vous n’êtes pas un troupier abruti, vous   ! Vous êtes capable d’un raisonnement, je suppose.
    – Raisonnons, fifre, raisonnons, dit le garde, bannissant tout aussitôt l’air niais qu’il avait cru devoir prendre.
    – Bon   ! dit la baronne, vous avez déjà l’air moins bête   ! Encore un effort et nous arriverons à nous comprendre. Cette lettre est adressée à qui vous a envoyé la porter. Est-ce à moi, qui ne vous ai donné aucun ordre, n’ayant aucun grade, que vous devez la remettre   ?
    – Ce serait au sergent, M. Suberville, qui m’a commandé de porter la lettre, dit le garde.
    – Eh

Weitere Kostenlose Bücher