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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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bien alors…
    – Mais au-dessus du sergent, il y a le lieutenant   ! J’ai pensé…
    – Qu’avez-vous pensé…
    Le garde s’impatienta un peu et demanda   :
    – Voyons, faut-il être bête ou… intelligent.
    – Intelligent   ! dit la baronne.
    – Eh bien, j’ai pensé qu’au-dessus du lieutenant, il y avait un fifre qui semble nous commander tous ici, un fifre qui… que   !…
    – Bon   ! Soyons intelligent, mais… pas trop   ! Donnez la lettre.
    Le garde la remit en souriant à la baronne.
    – M. Suberville, demanda celle-ci, est-ce que vous ne trouvez pas que voilà un jeune homme qui mérite un coup d’épaule   ?
    – S’il se bat bien, oui   ; sinon, non   ! dit M. Suberville.
    – Et bien, poussez-le s’il se bat convenablement, dit la baronne.
    Puis au garde   :
    – Pour tous ceux qui n’attendent pas le lever du soleil, dit-elle, je suis fifre, rien de plus. Pour les autres qui devineraient, qu’ils se taisent   ! Allez, monsieur, on aura soin de vous   !
    Le garde sortit enchanté de lui-même et des autres.
    La baronne, quand il fut dehors, demanda   :
    – Quel fond à faire sur cet homme   ?
    – Dévouement intéressé   ! dit M. Suberville. Ça n’ira jamais jusqu’à l’héroïsme mais c’est capable de remplir un devoir jusqu’au moment où la récompense probable cesserait d’être en rapport avec le danger.
    – Quelles aptitudes   ?
    – Excelle dans les détails   : son patron n’en ferait jamais un associé, mais il songe à l’intéresser un jour pour une branche de son commerce. Il a beaucoup d’entregent et d’habileté de seconde main.
    La baronne demanda   :
    – Son nom.
    – Romaney.
    – Elle inscrivit ce nom et mit en regard plusieurs notes et un signe.
    Ce signe était une croix de Saint-André.
    Il signifiait   : « À sacrifier, au besoin, sans scrupule ».
    Et son carnet était ainsi bourré de notes, de noms, de signes, tracés d’une écriture microscopique.
    La baronne remit son carnet en poche, ouvrit la lettre de l’abbé Roubiès et la lut.
    – Oh   ! oh   ! dit-elle, en la tendant à M. Suberville. Voyez donc, je vous prie, combien mon idée a plu à l’abbé.
    – Le père Roubiès est trop intelligent pour ne point avoir compris la portée de votre projet   ! dit Suberville.
    – Mais, remarquez, je vous prie, qu’il l’a mûri, agrandi, complété.
    Suberville, qui lisait, sourit.
    – Oh   ! oh   ! fit-il, voici tout un développement comique, qui porte la marque de l’esprit satirique du marquis de Tresmes.
    – Je crois à un grand succès, dit la baronne.
    – Moi, je suis certain que cette journée, préparée ainsi, ruinera à jamais le prestige des Jacobins.
    – Que dites-vous de la mise en scène imaginée par l’abbé   ?
    – Merveilleuse   !
    – Ces Fourches Caudines, cette voûte d’acier. Ce sera très beau.
    – La voûte d’acier est un emprunt aux francs-maçons.
    – Emprunter à ses ennemis est d’une bonne tactique   !
    – Nous aurons peut-être quelques incidents heureux   : si cet épileptique de Châlier allait se livrer à des violences, on en pourrait profiter.
    – Oh   ! comptez sur le coup d’œil de l’abbé et sur l’esprit d’à-propos du marquis pour saisir les occasions.
    – Mais, la lettre contient un post-scriptum, dit Suberville.
    – C’est le chef-d’œuvre   ! dit la baronne. On ne peut pas pousser le machiavélisme plus loin.
    – Cette façon de préparer Lyon à croire aux orgies des Carmagnoles est très ingénieuse   : c’est en effet du machiavélisme tout pur   : décidément le père Roubiès est étonnant.
    – Combien avons-nous de Carmagnoles en cave   ? se demanda la baronne   : une douzaine au moins, sans Sautemouche. Nous pouvons en faire porter six, cette nuit même, sur différents points de la ville, comme nous le recommande l’abbé.
    – Il en restera six et Sautemouche pour la procession des ivrognes   : c’est bien peu, dit le sergent.
    – Mais, fit la baronne, nous pouvons faire boire une dizaine d’Auvergnats, des pays à M me  Adolphe. On les transformera en Carmagnoles une fois ivres-morts. Ils feront nombre derrière Sautemouche et ses acolytes.
    – Ah   ! madame la baronne, quelle fertilité d’invention vous avez.
    – Vous comprenez que ces Auvergnats, au réveil, se secoueront comme des caniches crottés et s’en iront chez eux sans rien comprendre à ce qui leur

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