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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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amis de la Convention parlèrent de la manifestation spontanée qui éclata ce jour-là contre le comité central, ils furent ou de mauvaise foi ou aveugles.
    La main des organisateurs royalistes se voyait, se sentait partout.
    Les mots d’ordre circulaient depuis le matin.
    Nulle part le rappel ne fut battu et cependant partout, sur de simples signaux faits de vive voix, les gardes nationaux en uniforme sortaient des maisons, se formaient et descendaient vers la maison Leroyer.
    Le point de ralliement était donc désigné d’avance.
    L’abbé Roubiès, nous l’avons dit, et les écrivains royalistes l’ont avoué, avait présidé un comité d’affidés qui, eux-mêmes, avaient chacun de nombreux adhérents auxquels on donnait des ordres promptement exécutés.
    Lorsque l’abbé eut mis en mouvement toute cette masse bourgeoise indignée des violences de Châlier et des insolentes brutalités des Carmagnoles, lorsque cet agitateur habile et sournois sut son armée sur pied, il prit sa canne, son chapeau et s’en alla par les rues avec son comité, dont étaient le marquis de Tresmes, Madinier et M. de Virieu afin, disait-il, d’accoutumer les Lyonnais à voir des figures royalistes.
    Tous les partisans de la monarchie si nombreux dans les bataillons bourgeois, saluaient l’abbé Roubiès passant dans les rangs, et ils disaient à leurs voisins, répétant un mensonge   :
    – Vous voyez bien, ce petit rentier, le citoyen Roubiès.
    – Oui   !
    – Eh bien   ! c’est un rude homme. Il a donné le signal de la résistance et l’a organisée.
    – Vraiment   ?
    – Oui. Et quand on est venu chez lui pour l’emprunt forcé, il a montré des feux allumés dans ses trois cheminées   : il y brûlait ses meubles   : puis il a jeté dans le brasier tous ses assignats, toutes ses valeurs.
    « Oh   ! Oh   ! » disaient les lyonnais, pleins de respect pour un homme capable de détruire sa propriété plutôt que de céder à des exigences.
    Et Roubiès devint populaire en un instant.
    Il n’avait cependant rien brûlé, n’ayant même pas de domicile avéré à Lyon.
    Cependant, grâce à cette fable, il fut plus tard nommé secrétaire de la commission prétendue républicaine qui remplaça le comité central jacobin, après la victoire des Girondins, et qui administra la ville pendant le siège.
    Avec Roubiès, Madinier.
    À celui-là, on faisait une chaude ovation.
    D’abord, tous les Lyonnais le connaissaient comme industriel et commerçant.
    Puis, aidé par ses ouvriers, il avait jeté dehors les commissaires de l’emprunt forcé, et ceci n’était point un conte.
    De plus, en les poussant sur le pavé, il leur avait dit   :
    – Aujourd’hui, je vous fais passer par la porte de ma maison   : fin courant, je vous ferai passer par les fenêtres de l’Hôtel-de-Ville.
    Fin courant   !
    Le mot était bien négociant, et il faisait plaisir aux Lyonnais.
    Aussi Madinier fut-il accepté, proclamé, dès ce jour là, général de la garde nationale.
    Quant au marquis de Tresmes, il se montra tout rond et bonhomme, serrant les mains qui se tendaient vers lui et improvisant des mots burlesques sur les gens du comité.
    Ces calembours firent le tour de Lyon.
    C’est ainsi que, portés par la faveur populaire, l’abbé et les siens se trouvèrent assez vite au premier rang de la compagnie de tête, celle qui avait braqué les canons du côté par lequel Châlier opérait sa retraite.
    L’insolence aux yeux, le dédain aux lèvres, ils attendaient le tribun qui, battant en retraite, venait à eux.
    Naturellement, le capitaine commandant la compagnie de tête était un royaliste qui, naturellement aussi, se disait Girondin.
    Il avait ses ordres, et il allait les exécuter sous les yeux de Roubiès, son chef secret.
    – Qui vive   ! cria-t-il à Châlier, quand celui-ci fut à vingt pas.
    Comme Châlier ne répondait pas, la Ficelle prit sur lui de répondre   :
    – Amis   !
    Les gardes nationaux se rangèrent alors le long des maisons, formant à droite et à gauche une haie épaisse de trois rangs, l’arme au pied.
    De proche en proche, jusqu’au plus loin, la manœuvre de cette compagnie fut imitée, et Châlier eut le pressentiment de ce qui allait arriver   : mais il était poussé par une inexorable fatalité, et il s’avança.
    Il ne voyait plus les choses et les hommes que vaguement, ses oreilles tintaient, son front comprimait à peine la formidable tempête qui se

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