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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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l’histoire.
    On en a fait un exalté, un fanatique   : nous le voyons toujours fin et profond politique, ayant un grand sens pratique des hommes et des choses.
    Nous sommes donc disposés à conclure qu’il fut un habile calculateur, sachant combiner toutes les forces au profit d’une cause et utilement profiter des exaltations sans être exalté.
    Tout en lui démontre le sang-froid.
    Nous constatons que cet abbé Roubiès, assez fourbe pour accepter la place si importante de secrétaire de la commission populaire républicaine, qui exerça la dictature dans Lyon révolté, que ce prêtre royaliste, assez souple pour cacher le drapeau monarchiste, nous semble bien plutôt un adroit ambitieux qu’un croyant fanatique.
    La façon dont il organisa la petite communauté des Brotteaux, les drogues pharmaceutiques que l’on y trouva lors de la perquisition ordonnée par Fouché, tout un ensemble de notes et de conseils médicaux à la supérieure et destinés à produire l’exaltation jusqu’au délire, tout démontra que l’abbé Roubiès fut un conspirateur voulant combiner un coup hardi, un assassinat politique qui ferait de lui un personnage important.
    Mais rien ne prouve qu’il n’eût pas la foi.
    Spirituel, sceptique surtout et sur tous, il ne prononça jamais un mot, il n’écrivit pourtant jamais une ligne qui puisse permettre de croire qu’il ne croyait pas.
    Il y a quelques exemples de ces prêtres qui furent les pires hommes dans la vie politique, capables de tous les forfaits pour le triomphe de leur cause et de leurs projets, mais qui furent sincèrement croyants.
    Tel qu’il est, l’abbé Roubiès se présente comme une énigme   : c’est un sphinx qui se pose sous le portique de l’histoire de Lyon révolutionnaire et qui n’a pas encore livré tout son secret.
    Il avait demandé à la tourière si sœur Adrienne était rentrée et, sur la réponse affirmative de cette tourière, il avait paru satisfait.
    Il avait été immédiatement conduit auprès de la supérieure qui l’attendait.
    Resté seul avec elle, il l’embrassa filialement et lui demanda   :
    – Eh bien, ma mère, quels résultats   ?
    – Merveilleux, mon cher enfant. Tu as eu, comme toujours, une ingénieuse idée en envoyant la sœur Adrienne à ce spectacle qui m’a moi-même profondément émue.
    – La mise en scène a bien réussi, dit l’abbé en souriant, aucun de mes calculs n’a manqué, tous les effets préparés ont réussi au-delà de toute espérance   : d’autres qui étaient imprévus ont été des plus heureux.
    Puis changeant de ton   :
    – Ma mère, dit-il, nous sommes bien sûrs de sœur Adrienne, n’est-ce pas   ?
    – Oh   ! j’en réponds.
    – Tenez-vous prête, dès que Châlier sera remis et recommencera ses discours au club, à conduire sœur Adrienne à la séance de rentrée. Elle entendra ce fou déployer ses atroces théories, avec d’autant plus de rage qu’il vient d’être humilié et blessé au vif.
    – Quelle honte, pour un orgueilleux   !
    – Aussi, ma mère, faut-il qu’il meure, car si l’on ne le tue pas, il nous tuera.
    – Eh bien, mon fils, tu tiens sa vie entre tes mains. Adrienne est une héroïne prête au martyr. Jamais d’un cœur plus ferme on n’aura exécuté une résolution   ; jamais personne n’aura frappé un tyran persécuteur d’une main plus sûre.

Une lettre sans orthographe
    C’est ainsi que les conséquences de la première journée dont nous avons décrit les phases, où Châlier fut bafoué, où Sautemouche fut couvert de fange, où sœur Adrienne vit, pour la première fois, sa future victime, cette journée qui ouvre l’ère des violences, eut aussi pour conséquence une inconséquence de la baronne.
    Celle-ci rentrée le soir même de la manifestation dans la maison Leroyer, y trouva un banquet dressé par sa compagnie.
    Pour qui   ?
    Pour elle.
    C’est-à-dire pour le petit fifre, qui était devenu la coqueluche de Lyon et l’orgueil de la légion.
    Cette manifestation parut inopportune à la baronne.
    Une pensée hantait son cerveau.
    – Me voilà brouillée avec Saint-Giles   ! avait-elle songé tout à coup.
    Car Saint-Giles, Jacobin, ne pouvait qu’être furieux du rôle qu’elle avait joué comme fifre.
    Cette réflexion l’avait mise de méchante humeur   ; aussi avait-elle dit bas à Étienne dans un coin   :
    – Lieutenant, voilà un banquet dont je me serais bien passée.
    Étienne

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