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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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le fourreau de sa robe. Elle reprit le bras de son compagnon quand celui-ci revint à sa hauteur, puis lui demanda :
    —    Avez-vous aimé ce concert ?
    —    Oui, mais pas au point d'assister à la représentation de demain, comme j'ai entendu certains spectateurs affirmer vouloir le faire.
    Une première goutte de pluie toucha son front au moment où ils dépassaient l'Assemblée législative. Des gens se pressaient près de la porte latérale de l'édifice afin d'entrer au plus vite.
    —    Au début de l'après-midi, je suis allée au parc Savard avec Eugénie. Des officiers de marine nous ont invitées au bal de l'amiral Curzon-Howe.
    —    Des membres des équipages de nos grosses chaloupes de fer ?
    —    Non, pas la marine canadienne, celle de l'Empire.
    Edouard émit un sifflement admiratif, puis remarqua :
    —    Je suis très flatté: vous préférez ma compagnie à celle des représentants de la fière Albion.
    —    Ne faites pas le fier. J'ai dit à celui qui me donnait le bras que je comptais faire la lessive. En réalité, je vous préfère à une corvée de nettoyage.
    Quand le couple s'engagea dans la rue Claire-Fontaine, la pluie commença à s'abattre sur la ville. Ils coururent aussi vite que possible, la jeune femme relevant sa robe haut sur les jambes. Au moment de se réfugier sous le porche d'une entrée donnant sur le côté de la demeure des Caron, les fleurs décorant son chapeau de paille pendaient lamentablement et ses bouclettes brunes dégoulinaient un peu.
    —    Me voilà dans un bel état ! s'exclama-t-elle avec humeur.
    —    Vous êtes très jolie.
    Edouard contemplait le chemisier trempé. L'eau le rendait un peu transparent, de même que la légère brassière de coton portée en dessous. Le tissu épousait de près la courbe des seins, au point d'en révéler les pointes après la douche froide.
    Le garçon se pencha sur elle pour poser les lèvres sur les siennes, alors que sa main empaumait doucement le globe un peu lourd de son sein droit. D'abord, Elise ne se déroba pas, son corps se détendit plutôt sous la caresse. Puis elle appuya ses deux mains sur la poitrine de son compagnon pour le repousser.
    —    Cessez, ce n'est pas bien, dit-elle dans un souffle, alors que ses yeux bruns cherchaient sur le trottoir, dans la rue et même aux fenêtres des maisons voisines, des témoins de cette petite scène.
    Édouard se recula un peu, mais laissa sa main droite, légère, sur la hanche de son amie.
    —    Bonne nuit, Élise.
    —    ... Bonne nuit.
    Il s'éloigna, abandonna l'abri du porche pour se retrouver sous l'averse. Après deux pas, il se retourna, les cheveux plaqués sur le crâne, tout le corps trempé sous ses vêtements, pour demander :
    —    Notre rendez-vous tient toujours, pour demain?
    —    ... Oui.
    —    Et samedi prochain, vous viendrez assister au pageant avec moi et mon père? Nous avons un billet pour une invitée.
    —    ... Si vous voulez.
    Le jeune homme adopta le pas de course pour regagner la rue. Heureusement, son domicile ne se trouvait pas bien loin.
    Eugénie entra dans le grand édifice de l'Assemblée législative au moment où une première goutte de pluie touchait son épaule découverte. Elle l'essuya de sa main gantée, baissa les yeux afin de voir la naissance de sa poitrine. Sa robe de mousseline offrait un décolleté somme toute modeste et révélait ses épaules. Elle regarda les autres invitées, conclut que sa mise se comparait bien à la leur.
    Au moment de pénétrer dans la salle de réunion des députés, la jeune fille vit l'amiral Curzon-Howe devant elle, un homme glabre allant sur ses soixante ans, et madame Georges Garneau, pendue à son bras. L'officier offrait ce bal aux notables de Québec, afin d'établir les meilleurs rapports avec eux au moment où s'amorçaient les grandes célébrations. Au cours de la prochaine semaine, les rues de la ville grouilleraient de milliers de marins : mieux valait commencer ces fréquentations sous les auspices les plus favorables.
    Comme l'amiral ne voyageait pas avec son épouse, le maire ne pouvait lui rendre la politesse en la prenant pour escorte. Celui-ci suivait en compagnie de l'une de ses parentes.
    Eugénie se tint dans un coin de la grande salle, les mains l'une dans l'autre à la hauteur de la taille, un sourire un peu guindé sur les lèvres, comme toutes les jeunes filles de bonne famille désespérées de

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