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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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fenêtres surplombant les pavés. Les soldats, les miliciens et les marins devaient compléter leur défilé au marché Jacques-Cartier, mais pour regagner leur camp ou leur navire, il leur fallait passer par cette rue. Les habitants du faubourg Saint-Roch profitaient d'un petit complément imprévu à cette démonstration de puissance militaire.
    —    Comme ils sont mignons ! jeta l'une des vendeuses quand des hommes coiffés de bérets bleus, un pompon bien au centre, passèrent devant les fenêtres.
    —    Ce sont ceux du Léon-Gambetta, indiqua Ernestine Fafard, certaine de sa science.
    —    Je sais, rétorqua l'autre.
    Les marins français, sans doute parce que la barrière de la langue n'existait pas avec eux, remportaient un succès particulier. Toutefois personne ne demeurait vraiment en reste parmi les équipages de la grande escadre. Dans tous les ports du monde, au cours des prochains mois, l'accueil reçu à Québec serait conté avec satisfaction par ceux qui se trouvaient là, avec envie par les autres.
    Toutefois, même les matelots du Léon-Gambetta devaient le céder en popularité aux fameux Highlanders. Au moment où les hommes en kilt passèrent sous ses yeux, la jeune fille près d'Edouard sautilla littéralement de joie en criant d'une voie aiguë :
    —    Ce sont eux !
    En jouant des coudes, les femmes poussèrent leurs compagnons puis se collèrent le front contre la vitre, un air de contentement sur le visage. Beau joueur, Édouard les laissa à leur extase jusqu'à ce que la dernière jupe à carreaux s'éloigne, puis il claqua des mains en disant:
    —    Au travail maintenant, si vous voulez profiter un peu de votre après-midi.
    Les vendeuses s'égaillèrent en riant, certaines d'entre elles murmurant à l'oreille d'une amie une confidence à faire rosir les joues.
    —    Patron, intervint Ovide Melançon, nous devrions mettre une robe, vous et moi. Imaginez notre succès.
    —    Tu trouves à te plaindre de tes conquêtes ? Parles-en au curé Buteau, il doit connaître quelques vieilles filles bancales.
    —    Ce n'est pas ce que je veux dire, vous le savez bien. Avec tous ces étrangers dans la ville, plus une fille ne nous regarde. Qu'est-ce qu'ils ont de plus que nous ?
    —    Un uniforme.
    L'employé du service d'expédition lui adressa une grimace, puis maugréa :
    —Je ne vais pas m'enrôler pour attirer l'attention des filles.
    —    Alors rentre dans la Garde indépendante Champlain. Mais si tu veux des conseils matrimoniaux, au lieu de recevoir des gages, tu vas devoir me payer.
    —    Vous étiez plus drôle quand vous jouiez à la politique.
    L'homme retourna vers son entrepôt d'un pas rapide.
    «Aujourd'hui, je ne joue pas, songea Edouard, je fais du commerce.»
    Comme tout le monde s'était massé sur les trottoirs afin de voir passer le défilé militaire, Marie se confondit dans la foule le temps de gagner la Côte-du-Palais. A l'arrière de l'hôtel Victoria, près de l'entrée de service, elle trouva un James McDougall un peu fébrile. L'air gêné, elle murmura:
    —    Bonjour. Je suis un peu surprise que vous ayez congé aujourd'hui.
    —    Pourtant, comme le tiers des comédiens ont été recrutés pour la procession de cet après-midi, impossible de présenter le pageant.
    L'homme avait pris la main de la jeune femme en guise de mot de bienvenue. Sans la lâcher, il continua :
    —    Venez avec moi.
    Ils entrèrent dans l'édifice par la porte qui permettait de livrer les victuailles aux cuisines, puis empruntèrent l'escalier de service pour monter au deuxième. Dès que la porte fut refermée dans leur dos, James la pressa contre lui, chercha sa bouche avec la sienne.
    —    Tu m'as tellement manquée, souffla-t-il contre son oreille après un moment. Je croyais que nous ne nous retrouverions plus.
    Contre le ventre de Marie, un sexe turgide révélait sa présence. Impossible de mettre sa parole en doute. D'abord un peu interdite face à cette frénésie, elle rendit les baisers, apprécia les mains qui la caressaient des omoplates jusqu'aux fesses.
    La fièvre se calma un peu. Son amant commença à déboutonner son chemisier en expliquant :
    —    Ce damné Lascelles ! Il ne m'a pas lâché une seconde, depuis des semaines. Samedi, le prince George verra le spectacle. Si les choses se passent bien ce soir-là, il espère qu'on s'arrachera ensuite ses services dans tout l'Empire.
    —    Et les

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