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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Anâhita ou Mithra alors que j’aime toutes les paroles qui sortent de la bouche d’Ezra quand il parle du Dieu du ciel ? Mais je ne suis pas juive. Je suis sans dieu et sans pays. Une servante du Zagros qui aime son maître, voilà ce que je suis. Même s’il ne pose qu’un œil distrait sur elle, comme dit ta tante en riant…
    — Axatria !
    Lilah la fit taire en saisissant son visage entre ses paumes.
    — Axatria, rien n’est dit ni fait. Sois patiente, toi aussi.
     
    *
    * *
     
    Le soleil était déjà haut lorsque des coups violents furent frappés à la porte de la maison de Mardochée. Deux serviteurs accoururent en maugréant, prêts à rabrouer le client impatient.
    À peine eurent-ils le temps de relever la poutre qui en clôturait les battants que la porte fut brutalement poussée de l’extérieur. Une douzaine de soldats se précipita dans la cour.
    Javelots au poing, ils portaient des casques de feutre à plumets rouges, des cuirasses de poitrine en cuir et un baudrier de ceinture orné de glands noirs et contenant une dague droite. Dans l’atelier, Sarah poussa un cri de terreur.
    Les tisserandes quittèrent précipitamment leur ouvrage pour se presser derrière leur maîtresse. Les soldats formèrent une double ligne. Un char franchit bruyamment la porte et s’immobilisa entre eux au milieu de la cour.
    Tiré de son propre atelier par le vacarme, l’oncle Mardochée accourut depuis le côté opposé. Les yeux écarquillés, il admira malgré lui l’élégance de l’attelage, la coque haute du char, sa lisse dorée et serpentine et l’intérieur doublé d’un tissage d’entrelacs géométrique bleu et jaune. Les rayons des roues étaient sculptés en forme de feuillage et les moyeux doublés d’argent. Un ouvrage très coûteux, qui ne venait pas de son atelier. Le client avait d’étranges manières, mais certainement tout le pouvoir de se les autoriser. Mardochée s’avança pour saluer et se figea avant même de s’incliner.
    La sculpture d’or qui décorait le devant de la coque était reconnaissable entre toutes : une tête d’homme ailé reposant sur une roue solaire et cernée de droite et gauche par des lions ailés.
    L’emblème du Roi des rois !
    Dieu du ciel !
    L’homme qui se tenait derrière le conducteur du char vit sa stupeur. Il eut un petit geste de la main. Deux soldats s’écartèrent pour laisser passer Mardochée.
    — Approche.
    La voix était sèche, râpeuse, le corps rond. Une perruque tressée et huilée tombait sur ses épaules. L’homme avait les joues lisses des eunuques. Il n’était ni grand ni gros, avec un visage étonnement flétri, une bouche petite et, comme ses yeux, cernée de profondes rides. Sa tunique, de splendides tissus ocre, était elle-même tout en plis et replis.
    Mardochée hésita. Sarah avançait vers lui, le visage pâle comme un linge. Les ouvrières avaient reculé dans l’atelier en s’accrochant les unes aux autres.
    L’eunuque eut un grognement d’impatience et agita une nouvelle fois la main. Mardochée mit tout ce qu’il put de dignité dans les pas qui le rapprochèrent du char. Quand il s’immobilisa à nouveau, les yeux de l’eunuque pesaient sur lui, le toisant des pieds à la tête, comme s’il considérait un animal d’une race encore incertaine.
    — Tu es Mardochée le Juif, fils d’Azaryah, fils d’Hilqiyyah, Mardochée le fabricant de chars ?
    En vérité, c’était moins une question qu’une affirmation.
    D’ordinaire, la haute taille de Mardochée, son visage étroit et anguleux, son regard vif sous des sourcils de charbon en imposaient. Il n’était guère de situation où il se sentait dans l’embarras. En cet instant, cependant, le désagréable frémissement de la crainte troubla sa voix lorsqu’il répondit :
    — Oui, je suis Mardochée, fils d’Azaryah.
    Devait-il s’incliner ? Donner du « Puissant seigneur » ?
    Les soldats qui entouraient le char ne bougeaient pas d’un cil, le conducteur avait l’immobilité d’une statue. Du coin de l’œil, Mardochée découvrit que d’autres soldats étaient postés à l’entrée de la maison, ainsi qu’un char à bancs attelé de deux mules. L’eunuque esquissa un sourire qui sembla transformer son visage en flaque d’eau brouillée par le vent.
    — Mon nom est Cohapanikès. Je suis le troisième échanson de chambre de la Grande Reine, mère du Roi des rois, premier maître du monde. Je viens chercher ta nièce

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