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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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yeux de Parysatis posés sur elle. Elle devina le sourire humiliant, la gourmandise cruelle.
    Ainsi, les rumeurs étaient vérité et le premier des plaisirs de Parysatis était de voir la peur envahir ceux et celles que son pouvoir réduisait à sa merci.
    Soutenue par l’orgueil Lilah lutta, repoussa la terreur qui lui glaçait les reins et l’aurait, un instant plus tôt, empêchée de fuir. Elle se redressa, serrant les mains sur ses épaules, serrant les mâchoires. Serrant son cœur sur la haine qui y naissait.
    — À ce jour, dit Parysatis, mes lions n’ont jamais sauté jusqu’à ce chemin. Tu peux approcher sans crainte, fille Lilah.
    Lilah décroisa les bras et obéit sans hésiter. Derrière elle, les eunuques, les servantes, le troisième échanson comme les gardes eux-mêmes se tenaient à bonne distance et ne montraient aucun désir d’avancer sans que Parysatis ne l’ordonnât.
    — Pardonne-moi d’avoir crié, ma reine, fit doucement Lilah. J’ai été surprise, car je n’avais encore jamais vu de lion. Ils sont beaux.
    La reine baissa à demi les paupières et ricana :
    — Inutile de faire la fière, fille Lilah. Je sais que tu as peur. Tout le monde a peur de Parysatis. N’est-ce pas ce que tu entends dans Suse-la-Ville ? Si. On y raconte des histoires sur moi, je le sais. Et on a raison de me craindre, parce que c’est vrai : je suis cruelle et sans pitié. Mes amis sont devant toi. Je n’en ai pas d’autres. Ils me débarrassent de tous ceux qui m’importunent. C’est cela, être reine, épouse du Roi des rois, mère du Roi des rois. Même mes fils peuvent un jour glisser du poison dans mon pain. Mais ils sont bien les seuls qui, en retour, n’auraient rien à craindre de mes amis.
    Elle rit, s’approcha de Lilah. À nouveau, elle lui saisit une main. Un geste doux, affectueux. Terrible, en vérité, et qui entraîna Lilah si près des bambous qui délimitaient le rebord de la fosse qu’elle en perçut le frottement contre ses jambes nues.
    — Tu es belle, mais c’est sans importance. Mon palais est plein de belles servantes et là-haut, dans la Citadelle, chez mon fils, il y a des centaines de concubines plus belles les unes que les autres. La beauté m’ennuie, fille Lilah. On croit que je la jalouse, on se trompe : simplement, elle m’ennuie. Toi, tu as un peu de courage et beaucoup d’orgueil. Qui sait, un peu d’intelligence aussi ? Bien des qualités pour une fille. Cet imbécile de Cohapanikès a raison : ton Antinoès a bien choisi. C’est un bon point pour lui. Il est plus courageux et plus difficile pour un homme de se choisir une femme intelligente qu’une femme belle.
    Elle se tut un instant, songeuse. En bas, les fourrés s’agitaient. Le pelage magnifique d’une panthère noire apparut dans une sente. L’animal leva avec indifférence ses iris dorés vers elles.
    Lilah songea qu’il suffisait à la reine d’un mouvement brusque de la main pour la faire basculer dans la fosse. Elle ne doutait pas que Parysatis en eût la force malgré sa petite taille.
    — Tu connais Antinoès depuis l’enfance, mais celui que tu reçois entre tes cuisses lorsqu’il revient de guerre, le connais-tu ?
    Lilah tressaillit. Elle avait à peine entendu la question. Dans les buissons au creux de la fosse, d’autres fauves apparaissaient. Quatre lionnes impatientes, nerveuses, vinrent gronder sous la plate-forme.
    Parysatis poursuivit sans attendre de réponse :
    — Un guerrier est comme un petit lion. Il tue, il déchire, il a soif de sang. Il viole, il oublie. Il n’est pas fait pour un tendron comme toi. Cependant, Antinoès est un bon garçon. Son père m’a été utile, autrefois. Il s’est bien comporté. Je suis cruelle, mais pas infidèle. Ton Antinoès est comme son père, franc et droit. En ce palais, on ne pourrait pas le dire de beaucoup. Il s’est battu pour mon fils Artaxerxès, mais n’a pas porté la main sur Cyrus le Jeune.
    Parysatis grimaça un sourire et regarda Lilah.
    — Sais-tu que mes amis m’ont débarrassée de tous ceux qui ont levé la main contre Cyrus le Jeune à la bataille de Kounaya ? Quel festin !
    Elle rit, tendit leurs mains nouées en direction des deux lions qui semblaient à présent assoupis sur la plate-forme.
    — Regarde-les, ils en sont tout repus !
    Elle rit encore.
    — Tu es juive, fille Lilah. Que feras-tu si le Roi des rois nomme Antinoès satrape de Bactriane ? Le suivras-tu à Meshed, Bactres

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