Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
impolitesse.
    — Ezra !
    — Tu arrives ici vêtu et équipé comme pour la guerre, couvrant de ton or ceux de cette ville qui vont vêtus de haillons, et tu prétends que je suis ton frère, ce qui est un mensonge. Tu peux t’en repartir comme tu es venu. Nous n’avons rien à nous dire.
    Antinoès referma sa main sur sa cape. Sogdiam devina le frisson de fureur qui le parcourait. Pourtant, lorsqu’il parla, sa voix demeura basse et calme.
    — Tu sais aussi bien que moi en quel appareil doit se déplacer un officier d’Artaxerxès le Nouveau, Ezra. Il va en char et escorté. Qu’il entre dans la Citadelle ou dans la ville basse, il n’y a pour lui qu’une loi et qu’un royaume. Et tu te trompes. J’ai à te dire quelque chose que tu dois entendre. Je suis revenu à Suse pour que Lilah devienne mon épouse. Sans doute le sais-tu déjà. Mais moi, je viens demander à celui qui était mon frère de ne pas accabler Lilah si elle fait ce choix.
    Il y eut un silence si lourd que Sogdiam le sentit peser sur ses épaules. Il eut honte d’être encore dans la cour et de pouvoir entendre les mots qui y résonnaient. Mais il était trop tard, maintenant, pour disparaître dans la cuisine.
    Le visage plus clos qu’un mur borgne, Ezra hésita. Sogdiam craignit qu’il ne repousse Antinoès vers la rue. Sa voix siffla comme le vent du nord.
    — Ma sœur peut choisir librement son époux.
    Antinoès leva un sourcil et demanda :
    — Tu ne t’opposeras pas à sa volonté ?
    Ezra sourit. D’un sourire qui n’adoucissait pas son expression. Il se tourna vers maître Baruch, comme pour le prendre à témoin. Mais le vieillard se tenait penché sur un papyrus, montrant qu’il ne voulait en rien prendre part à la dispute.
    — Ma sœur est libre de sa volonté, reprit Ezra. Cependant, il existe des lois pour nous, enfants d’Israël et du peuple de l’Alliance. Des lois qui ne sont pas les tiennes, fils de Perse, et des dieux qui n’en sont pas.
    — Que veux-tu dire, Ezra ?
    — La Loi de Moïse commande : « Ne donne pas ta descendance à Molek, ne profane pas le nom de ton Dieu. » Elle commande : « La femme est impure qui va avec un homme impur. » Et cette femme impure, un frère ne peut plus l’approcher. Il ne peut plus être son frère. Lilah choisira.
    — Ah, je comprends ! ricana Antinoès, que la colère gagnait. Que Lilah devienne mon épouse et tu ne la reverras plus ?
    — Moi, je ne décide de rien. J’obéis à la Loi et à la Parole que Yhwh a enseignées à Moïse. La Loi dit que les femmes d’Israël trouveront un époux parmi le peuple d’Israël. Et toi, tu n’appartiens pas à ce peuple. Voilà.
    — Ta mémoire est courte, Ezra. Il fut un temps où ton bras était autour de mon cou, où tu me faisais jurer que nous ne serions jamais séparés. Un temps où tu disais : « Lilah est le cœur et le sang qui nous unissent. »
    La bouche d’Ezra s’entrouvrit. Son front et ses joues étaient devenus écarlates. Sogdiam vit ses mains se nouer en poings aux phalanges blanchies. Il crut qu’il allait frapper. Puis tout se dénoua d’un coup. La poitrine d’Ezra se gonfla et un petit ricanement dur fusa entre ses lèvres.
    — Oui, il fut une époque où je n’étais pas encore Ezra. Mais c’est fini. Et tu te trompes. Ma mémoire est longue, beaucoup plus longue que tu ne peux l’imaginer. Elle remonte aux premiers jours du peuple d’Israël. Au jour où Yhwh a appelé Abraham dans la montagne d’Harân.
    — Ezra, tu parles de ton Dieu et moi je n’entends que ta jalousie ! protesta Antinoès avec fougue. Tu sais que je respecte ton Dieu depuis toujours, tu sais que Lilah, près de moi, restera près de toi !
    — À présent, tu dois quitter cette cour.
    — Ezra ! gronda encore Antinoès, levant cette fois la main comme s’il pouvait ainsi mieux se faire entendre. Ezra, ne contrains pas Lilah à choisir entre nous. Tu causeras son malheur !
    Ezra ne répondit pas. Il se retourna, entra dans la salle d’étude et en referma la porte. Ce que Sogdiam, jusqu’à ce jour, ne lui avait jamais vu faire.
    Antinoès demeura un instant devant la porte close. Enfin, il se retourna. Ses yeux semblaient ne rien voir. Dans la rue, les chevaux renâclaient, impatients. On entendait les soldats gronder et les gosses leur répliquer en riant.
    Antinoès se retourna d’un bloc et s’éloigna. Sous sa barbe et le hâle de sa peau, son visage était livide.

Weitere Kostenlose Bücher