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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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que personne ne proteste dans l’Apadana. Même Tribaze, qui ne souhaite que mon bien. Parysatis le hait plus que les autres, si c’est possible, car il dirigeait l’armée qui a vaincu Cyrus le Jeune. La haine de Parysatis est plus forte que la confiance d’Artaxerxès. Cependant, il serait inutile qu’elle m’atteigne, moi. Elle te tuera et, comme elle dit : « Ainsi, Antinoès, tu n’auras plus de promesse à tenir. »
    Ils écoutèrent le vent. Les rougeoiements des braseros dansaient sur les murs.
    — Nous n’avons plus de promesse, chuchota Antinoès. Nous ne serons jamais des époux.
    Lilah roula sur le côté et l’enlaça, l’enveloppant de tout son corps. Elle lui baisa le cou, le menton et les tempes. Elle le fit frissonner d’un nouveau désir, le tira des ombres où il laissait choir ses pensées et son orgueil. Elle fit danser, peau contre peau, leurs jeunes corps comme ils avaient appris à le faire tout au long de leur unique amour. Avec la même insouciance et la même liberté. Et, quand il fut à nouveau en elle, elle chuchota :
    — Je n’ai qu’une parole, mon bien-aimé. Et je la tiendrai. Nous serons mari et femme.
    — Lilah ! souffla Antinoès en tentant de retenir les vagues de ses hanches.
    — Qui le saura ? Si tu en as le courage, qui le saura ? Pas même Ezra !

Le sourire de maître Baruch
    Avec l’aide sourcilleuse de Lilah, Antinoès rédigea de sa belle écriture une tablette sollicitant une audience au Roi des rois. Le nom d’Ezra y était mentionné, ainsi que la raison de cette demande. Il y était question d’Artaxerxès le Premier, de Néhémie, de la paix et de l’ordre aux confins ouest des royaumes, toujours menacés par les appétits de l’Égypte et les mercenaires de la mer Supérieure.
    Hélas, Antinoès avait dit vrai. Le chemin était long avant que la tablette, adressée à Tribaze, le chef des armées, ne passât entre les mains des scribes de l’Apadana. Là, elle devait être copiée en deux exemplaires, selon les écritures de la Citadelle, en langue perse comme dans celle de l’ancienne Assyrie, et selon les formules qui convenaient.
    Ensuite, les tablettes seraient remises aux échansons du conseil des Mille qui, à son tour et en fonction de l’intensité de ses occupations, en jugerait le contenu avec le puissant chiliarque Tithraustès. Le chiliarque lui-même prendrait alors le temps de la sage réflexion. Une réflexion dont il confierait la teneur aux conseillers de la table du roi. Grâce à eux, une nouvelle requête, plus appropriée à l’objet de la demande, serait rédigée sur un papyrus royal : un immense rouleau d’écritures ne possédant ni début ni fin et que l’on appelle Le Livre des jours.
    Enfin viendrait le temps où Artaxerxès le Nouveau, Roi des rois, se montrerait disponible pour les affaires de ses royaumes. Le scribe du Livre des jours lirait, Tithraustès prendrait la parole, le roi déciderait. Il ferait connaître sa volonté : ce qu’on devait écrire et ne pas écrire en réponse à la prière d’Ezra, fils de Serayah, fils d’Israël et de l’exil, vivant dans la ville basse de Suse.
    À ce rythme, la première neige tomba bien avant que n’arrivât la réponse du roi, et l’attente aiguisa les nerfs de chacun.
    Antinoès, plus que tout, craignait les espions de Parysatis. Après des baisers qui ne les réchauffèrent pas, Lilah décida qu’il serait plus sage qu’ils se privent l’un de l’autre tant que la réponse du roi ne serait pas connue. De surcroît, Antinoès devait éviter la maison de Mardochée.
    — Ainsi, Parysatis a déjà réussi à nous séparer, soupira Antinoès alors qu’ils se disaient au revoir.
    Lilah lui baisa une dernière fois les lèvres.
    — Jamais ! Jamais, elle ne nous séparera. En outre, tu es moins loin de moi que lorsque tu pars à la guerre…
    Les jours s’écoulèrent sans autres nouvelles.
    Ezra, que la conviction de Lilah et peut-être les mots de maître Baruch avaient un temps ébranlé, fut le premier à se moquer :
    — Ainsi, l’Éternel ne semble pas se soumettre à l’opinion de ma sœur ! grinça-t-il devant Lilah et Axatria venues apporter le couffin de fruits et d’orge. Artaxerxès ne m’interroge pas. Il a son dieu Ahura-Mazdâ qui, prétendument, le soutient en tout. Que lui importe les Juifs, Jérusalem et la Loi de Moïse ? J’avais raison de ne pas écouter tes rêves, ma sœur ! Mon étude auprès de maître

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