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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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par la volonté d’Ahura-Mazdâ, le grand dieu. Ces mots t’ordonnent, Ezra, fils de Serayah : dans le jour d’après demain tu iras devant la statue de Darius le père, au pied de l’escalier sud de l’Apadana. Tu présenteras cette tablette avant le milieu du jour et on te conduira. Cela est la volonté d’Artaxerxès le Grand Roi.
    Les soldats s’en retournèrent comme ils étaient venus, en rangs raides et serrés entre la foule béante.
    L’ébahissement plongea les visiteurs dans le silence. Chacun se répétait les mots de l’officier sans parvenir à en comprendre tout le sens.
    Ezra tenait la tablette entre ses doigts, incrédule, le visage inquiet comme si la cire recelait un sortilège ou un animal venimeux.
    Lilah sentit ses jambes trembler. Si Axatria n’avait été derrière elle, elle se serait effondrée.
    Ainsi, le roi convoquait Ezra !
    Ainsi, Parysatis avait parlé.
    Ainsi, maître Baruch avait vu juste.
    Zacharie, le premier, s’écria :
    — Loué soit Yhwh ! Loué soit l’Éternel !
    Le cri rejaillit ici et là, se répandit dans la cour alors que les mains se levaient vers le ciel pour claquer des doigts et applaudir. Les turbans et les bonnets s’agitèrent. Ce qui avait été deuil et larmes se transforma en un instant en cris de fête et de si grande joie que les habitants de la ville basse en furent interloqués, et même choqués.
    Avant le soir, Sogdiam dut cent fois expliquer la raison des rires et que c’était là, peut-être, le miracle de la mort de maître Baruch et l’explication du si beau sourire avec lequel il avait savouré l’ultime instant de sa vie terrestre.
    Mais, alors qu’on allait porter en terre le corps du vieux sage, Ezra se dressa d’un coup. Il observa fixement Zacharie et Lilah.
    — C’est impossible.
    Il alla chercher la tablette de cire venue de la Citadelle, rédigée avec toute la science des scribes de l’Apadana, et l’agita au-dessus de sa tête en répétant :
    — C’est impossible ! Je ne peux pas me présenter devant le roi.
    La stupeur figea tous ceux qui entendirent ces mots. On se les répéta comme on s’était répété la bonne nouvelle un peu plus tôt. Et, cette fois, un curieux silence se glissa au-delà de la cour, serpenta dans la rue.
    Zacharie finit par demander d’une voix chancelante :
    — Pourquoi est-ce impossible ?
    — Celui qui est devant le roi doit se prosterner. Il doit plier les genoux et même souffler un baiser sur sa paume en direction d’Artaxerxès.
    — Oui, fit Zacharie en fronçant le sourcil. On le sait.
    — Celui qui ne se prosterne pas, poursuivit Ezra en agitant la tablette, les eunuques l’empoignent, et l’audience est annulée.
    — Que l’Éternel te protège ! déclara Zacharie en roulant des yeux. Tu te prosterneras et tout se passera bien.
    Ezra poussa un grondement de colère et se mit à marcher de long en large devant les visages ahuris qui l’observaient.
    — Comment celui qui doit conduire ceux de Yhwh vers leur terre pourrait-il se prosterner ? cria-t-il en regardant Lilah.
    Mais c’est encore Zacharie qui répliqua, se portant au-devant d’Ezra pour tenter de le calmer :
    — Allons ! Quel mal y a-t-il à s’incliner devant le Roi des rois ? C’est la règle. Même les plus puissants, même les ambassadeurs des Grecs l’ont fait. Il n’y a rien de honteux à cela.
    — Zacharie ! gronda Ezra.
    Dans sa fureur, sa main lâcha la tablette. Elle vola un instant entre terre et ciel tandis qu’un cri d’effroi jaillissait de toutes les poitrines. D’un bond étrange, Sogdiam se déhancha. Ses mauvais membres le firent tourner sur lui-même, mais ses mains rattrapèrent la tablette avant qu’elle n’atteignît le sol et ne s’y brisât.
    Sogdiam tomba lourdement sur le dos, mais le soulagement dissipa sa grimace de douleur.
    Ezra lui accorda à peine un regard. Il pointa le doigt sur la poitrine de Zacharie, puis sur ceux qui l’entouraient.
    — Ce qui n’est pas honteux pour les Gentils l’est pour nous !
    Sa voix s’enfla, il écarta les bras.
    — Voilà, c’est ainsi que cela commence ! Vous voulez que je vous conduise à Jérusalem. Vous voulez aller porter les pierres pour redresser les murs du Temple. Vous voulez être les mains qui le purifieront, qui en ouvriront les portes, et vous ignorez même le sens d’une prosternation ! Artaxerxès va main dans la main avec son dieu Ahura-Mazdâ comme s’il était le maître de

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