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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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était déjà, et pour l’éternité, son époux, que les menaces de Parysatis ne l’effrayaient pas. Mais Antinoès chuchota contre son oreille :
    — Je serai avec Ezra dans l’Apadana.
    Il posa encore une fois ses lèvres sur les siennes.
    — Sois sans crainte. Tout ira bien.
    Non, elle n’éprouvait plus aucune peur.
     
    *
    * *
     
    Ezra se présenta à la porte de Darius un peu après le lever du soleil.
    Il était vêtu d’une tunique neuve, à longs pans pourpre et bleu, qui lui recouvrait les pieds. Elle lui avait été offerte la veille par Zacharie et ceux qui occupaient sa cour depuis des jours. Leurs épouses en avaient coloré et tissé la laine avec une si grande habileté qu’elle possédait la souplesse et le brillant d’une soie d’Orient. Un bonnet de feutre rigide lui ceignait le front. Elles y avaient brodé, en laine bleue parcourue d’un fil d’argent, le chandelier à sept branches décrit par Yhwh à Moïse.
    Attaché à son cou par une solide lanière, un étui de cuir cylindrique pendait sur sa poitrine. À l’intérieur, Ezra y avait glissé le précieux rouleau des Écritures de Moïse, que les pères de son père lui avaient transmis par-delà les siècles.
    En compagnie de Zacharie et d’une poignée de compagnons, il grimpa la longue rampe d’escalier. S’élevant depuis la ville royale, elle longeait le mur énorme de la Citadelle sur un stade de longueur. Des images y surgissaient dans le relief des briques aux couleurs chatoyantes. Elles racontaient les batailles de Darius, le premier et le plus grand des Rois des rois, tracées avec une telle vérité que l’on aurait pu y reconnaître les visages de chacun des combattants.
    Au-dessus et au-dessous, sur cinquante coudées de hauteur, d’autres bandes d’images montraient les fauves, les monstres fabuleux et les hommes des peuples que Darius avait conquis et qui, aujourd’hui encore, payaient tribu à Artaxerxès le Nouveau.
    La porte de Darius se dressait au sommet de cet escalier. Nul, pas même le roi, ne pouvait arriver sur la place de l’Apadana, puis dans la Citadelle, sans la franchir.
    Les ventaux en étaient si massifs qu’il fallait un train de quatre mules attelées au chaînage d’un treuil pour les mouvoir. Deux tours, hautes de cent coudées et larges d’autant, crénelées à leurs sommets, l’encadraient, ainsi que le mur de défense qui les soutenait. Les briques des tours étaient colorées de bleu clair et de jaune. Les ailes protectrices d’Ahura-Mazdâ, d’or et de bronze, s’y déployaient sur vingt-sept coudées de large. On racontait qu’elles reflétaient si bien le soleil qu’elles pouvaient, à certaines heures du jour, calciner les yeux de ceux qui les fixaient trop longtemps.
    De part et d’autre des battants de bronze et de cèdre, deux statues de Darius, parfaitement identiques, se faisaient face. Deux présences colossales, de cinq fois la taille d’un homme ordinaire. Des cheveux véritables, prélevés sur des centaines de milliers de têtes, avaient été nécessaires pour confectionner leurs perruques et leurs barbes. Les colliers et les bracelets étaient d’or véritable, du diamètre d’une roue de char et coulés avec le butin des batailles menées en Hyrcanie et contre les Parthes. Les sculpteurs d’Égypte qui avaient réalisé les colossales statues avaient utilisé des pierres précieuses pour les yeux. À l’aube et au crépuscule, les rayons du soleil y produisaient un rai bleu et pourpre qui interdisait le passage à tout être vivant et purifiait l’entrée de l’Apadana.
    Chaque matin, par trois fois, des trompes sonnaient et la porte s’entrouvrait. Les courtisans de la ville royale, les puissants de Suse-la-Citadelle se pressaient alors pour la franchir et se prosterner devant les statues d’Artaxerxès le Nouveau dressées sur l’Apadana. Ils présentaient aux gardes un disque de bronze et d’or à l’effigie du Roi des rois. De la taille d’une paume, cette médaille les désignait de père en fils. S’ils la perdaient, elle n’était jamais remplacée. S’ils commettaient une faute, elle était détruite, leur famille et leur descendance à jamais bannies de l’Apadana.
    Des étrangers venus de toutes les parties du monde, appartenant aux peuples du Roi des rois comme à des peuples barbares ou inconnus, se mêlaient à cette foule. On y distinguait toutes sortes de visages, de couleurs d’yeux ou de peaux, ainsi que les

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