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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Livre des jours. Et comme, une fois encore, la réponse fut qu’Ezra disait la vérité mot pour mot, il annonça enfin :
    — Demande-moi ce que tu veux, tu l’obtiendras.
    Ezra déclara :
    — Que la loi et l’ordre règnent à Jérusalem, mon roi, ne peut que t’être profitable. Aujourd’hui, les murs de Jérusalem sont à nouveau déchirés de fissures. Le désordre qui profite à tes ennemis y entre comme le vent. Jour après jour, Jérusalem tout entière ouvre une brèche de plus en plus béante dans la frontière de tes royaumes. Et par cette brèche le chaos de la guerre comme celui des peuples sans lois peut souffler jusqu’à toi. Donne-moi le pouvoir de quitter Suse avec ceux de mon peuple qui voudront me suivre. Donne-moi ce qui est nécessaire pour que je puisse redresser le Temple et le rendre digne de Yhwh. Et moi, là-bas, je te donnerai la paix et le calme. Jérusalem, solidifiée par la Loi de Yhwh, te protégera de l’Égyptien et du Grec.
    Et Artaxerxès répondit :
    — Que les mots d’Ezra soient inscrits dans le Livre des jours. Et aussi que moi, Artaxerxès, Roi des rois, je lui accorde ce qu’il demande.
     
    *
    * *
     
    Lilah dit :
    — Ezra est revenu dans la ville basse en héros. Il faisait déjà nuit. Zacharie et les siens l’ont escorté avec des chandelles et des torches depuis la ville royale jusqu’à chez lui. Ils ont chanté, ils ont dansé toute la nuit avant de courir vers les maisons juives, dès l’aube, pour y crier la bonne nouvelle. À l’heure qu’il est, aucun fils d’Israël de Suse-la-Ville ne peut plus ignorer qu’Ezra, fils de Serayah, va partir pour Jérusalem avec l’accord d’Artaxerxès afin d’y relever le Temple.
    Il y avait un peu de moquerie dans la voix de Lilah, mais plus encore de douceur et de paix.
    Ils étaient dans la chambre d’Antinoès. Les volets en avaient été soigneusement doublés de couvertures afin que l’on ne devinât pas la lumière depuis l’extérieur.
    — C’est quand on croit les espions de Parysatis assoupis qu’ils ont les yeux perçants, avait prévenu Antinoès.
    Lilah ajouta :
    — Ezra est le seul à ne pas montrer d’enthousiasme. Dès que l’un ou l’autre veut le féliciter d’avoir impressionné Artaxerxès par ses réponses durant l’audience, il s’écrie : « Ce que je sais, c’est peu ! Vous trouvez que c’est beaucoup parce que vous êtes ignorants. » Ou bien, il marmonne : « Tant que je n’ai pas la lettre d’Artaxerxès sous les yeux, inutile que vous chantiez mes louanges. La main de Yhwh n’est pas encore assurée sur moi. Je continue mon étude ! » Zacharie proteste, bien sûr. Alors, Ezra s’énerve : « Où sont les lévites qui doivent m’accompagner ? Tu m’en as promis des centaines. Mais moi, si je vous compte, je n’en trouve pas dix qui soient capables de lire le rouleau de Moïse ! Et ceux de l’exil sont des milliers dans Suse. Je ne les vois pas qui entourent la ville basse pour courir sur le chemin de Jérusalem ! Je n’en vois aucun, de ces impatients ! »
    Antinoès rit, tant l’imitation que faisait Lilah de la voix d’Ezra était juste. Lilah se laissa rouler sur le dos, allongée sur la couche, les yeux perdus dans la pénombre du plafond. D’un ton qui n’était plus moqueur, elle poursuivit :
    — Mon oncle Mardochée est très impressionné, lui aussi. Il sait qu’il n’ira pas à Jérusalem. Il tient trop à son atelier et à celui de ma tante. Mais il en a un soupçon de mauvaise conscience. Il va offrir des chars à mon frère pour qu’il puisse voyager confortablement. Quand je l’ai annoncé à Ezra, il m’a répondu : « Ils sont tous comme notre oncle, ma sœur. Tous ces gras fils d’Israël sont prêts à me donner leur or, pourvu qu’on ne les oblige pas à quitter leurs coussins. Ils n’ont aucun désir de revoir Jérusalem. Ils sont si bien ici, dans les bras d’Artaxerxès ! Croient-ils que Yhwh ne les juge pas ? »
    Antinoès ne riait plus. Ils se turent. Le silence pesa sur eux, mais les mots qui restaient à prononcer pesaient encore plus lourd sur leur cœur.
    Le visage d’Antinoès se défit comme un tissu que l’on froisse. Il chuchota :
    — Mais toi, tu n’es pas comme ton oncle. Tu es la sœur d’Ezra, et tu vas prendre le chemin de Jérusalem…
    Lilah ne répondit pas tout de suite. Elle ferma les paupières. Antinoès scruta sa bouche, le souffle plus rapide qui gonflait sa

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