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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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qu’on lui envoie le meilleur
bataillon autonome des Etats-Unis. Ils voulaient ces hommes pour la 3 e armée. Nous n’étions pas attachés à une division. Patton avait décrété que les
Noirs n’étaient pas capables de combattre sur des chars. L’équipement était
trop sophistiqué. Et sur qui tombe le général Patton quand il vient voir les
blindés ? Sur nous. Nous étions là, ce qu’ils avaient laissé de mieux aux
États-Unis. (Il rit.)
    Il nous a passés en revue pendant un bon moment. Finalement
il nous a dit : « Vous êtes les premiers Noirs à être utilisés au
combat sur des blindés dans l’armée américaine. Je veux que votre action soit
exemplaire, pour vous-mêmes et pour votre race. Je veux que vous me fassiez
mentir. Quand vous combattrez, car vous combattrez, et que vous verrez ces
salauds de Boches, ne lésinez pas sur les munitions. » Bien sûr les Noirs
jubilaient, parce qu’ils avaient en face d’eux un Blanc qui leur disait de
tirer sur d’autres Blancs. Ça nous a vraiment remués. (Il rit.)
    La vie moyenne d’un bataillon autonome de blindés était de
dix à douze jours. Après quoi il était supprimé et les quelques hommes qui
restaient étaient rattachés à une autre unité. De sorte que lorsqu’il y avait
un sale truc ils envoyaient le bataillon autonome de blindés, et la division y
échappait. En fait vous étiez de la chair à canon. Nous sommes restés cent
quatre-vingt-trois jours sans relève etnos pertes n’ont
pratiquement jamais été reconstituées.
    Dans l’unité il n’y avait que dix hommes qui n’étaient pas
noirs : dix officiers blancs. Deux d’entre eux étaient commandants. L’un a
tenu le coup deux jours. L’autre environ deux semaines. À partir de ce jour-là
il n’y a plus eu que des officiers et des soldats noirs sur le front. On a été
en France, en Belgique, en Hollande, on a percé la ligne Siegfried, en
Allemagne de l’Ouest. On a fini à Steyr, en Autriche. Toujours au combat. Aucune
autre unité n’a des états de service comparables aux nôtres.
    Pendant toute cette période nous avons reçu 250 hommes d’unités
de maintenance, des ingénieurs, des gens qui n’avaient jamais combattu, jamais
été dans un tank. Il fallait que je les forme sur le terrain tout en assurant
les combats quotidiens. Ceux qui s’en sortaient on les gardait. Les autres on
les renvoyait.
    À ce moment-là j’étais capitaine. Quand le commandant de la
compagnie C, Charlie, a été blessé – ils avaient perdu huit hommes environ et
trente-six étaient à l’hôpital – j’ai pris le commandement jusqu’à la fin des
hostilités.
    Nous avons débuté avec 750 hommes. Au cours des 183 jours
nous avons eu 35 tués en action. 293 hommes ont été décorés du Purple Heart, 60
ont eu la Bronze Star et 11 la Silver Star. N’oubliez pas que ces distinctions
étaient accordées par l’intermédiaire des divisions auxquelles nous étions
rattachés. Naturellement, une division s’occupe d’abord de ses hommes. Ce qui
signifie à mes yeux que si on a reçu autant de décorations, ça veut dire que
tous ceux qui ont eu une Bronze Star auraient dû avoir une Silver Star et que
tous ceux qui ont eu une Silver Star auraient dû recevoir la Congressional
Medal of Honor. Parce qu’on nous a laissé les miettes. On a donc dû faire du
très bon boulot. Les hommes étaient très bien formés et très disciplinés. On
avait un boulot à faire, et on l’a fait de notre mieux.
    L’armée allemande ne comprenait pas comment on réussissait à
être à autant d’endroits à la fois. Nous étions divisés en trois pelotons, et
chaque peloton était divisé en deux. On était répartis partout sur ce fichu
terrain. À l’entendre, l’histoire du 761 e bataillon de blindés
paraît complètement invraisemblable.
    Au cours d’une de nos missions de combat, nous avions
quelques difficultés à faire sortir les Allemands des bois. Nous nous
obstinions à viser bas. Au bout d’un moment j’ai dit aux hommes : « Messieurs,
haussez vos tirs de façon à faire exploser les obus dans les cimes des arbres. »
Ça enverrait davantage d’éclats tout autour, des arbres s’abattraient, et on
finirait bien par les faire sortir des bois. Ils sont sortis en agitant des
drapeaux blancs et en criant «  Kameraden. » J’ai dit aux
hommes de rester enfermés dans leurs tanks, et quand l’ennemi serait devant eux
de le diriger vers l’infanterie. Bien sûr,

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