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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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un type s’est montré à sa tourelle
un peu trop tôt. Les Allemands ont regardé, et ils ont dit : «  Schwarzen
Soldaten ! » Des soldats noirs ! Le mot s’est répandu dans
tout le groupe, et ils sont repartis en courant vers ces foutus bois. On s’est
dit que c’était fichu s’ils retournaient dans ces bois. Au bout du compte, ils
ont dû penser qu’il valait mieux suivre les soldats noirs. (Il rit.)
    Ils ne comprenaient pas qu’on puisse être un bataillon de
blindés autonome. On était partout à la fois. Ils nous avaient localisés sur
leurs cartes. Ils étaient très curieux. Leur commandant nous posait des
questions. Combien avez-vous de divisions blindées noires ? Bien entendu
on ne leur a rien dit.
    Il était bien rare que ce type d’information parvienne aux
États-Unis. La plupart des gens ignoraient que nous avions une unité de blindés
noire. La campagne que nous avons menée pour l’obtention d’une Presidential
Unit Citation a débuté en 45. Elle a duré trente-trois ans.
    Bien qu’il existe des rapports, on ne vous racontera rien
dans les divisions de ce que nous avons fait. Nous avons découvert qu’au moins
douze unités auxquelles nous avions été rattachés avaient reçu des Presidential
Unit Citations. Dix-huit autres environ avaient reçu la croix de guerre française.
Comme il a été facile pendant toutes ces années de cacher l’histoire des
soldats noirs !
    À la fin des hostilités – c’est là que d’étranges choses ont
commencé à se produire. Ils se sont mis à faire des vérifications dans toutes
les zones où des troupes noires avaient combattu, et se sont mis à faire entrer
des idées insidieuses dans les esprits.
    Qui ça, « ils » ?
    Nos services de renseignements. Nos services de
renseignements des armées. Je vous dis exactement de qui il s’agit. Dire que
les soldais noirs sont des gens sur qui on ne peut pas compter, qui ne valent
rien. Quand nous étions en Angleterre, ils sont même allés jusqu’à raconter aux
Anglais que les Noirs avaient des queues comme les singes et toutes sortes de
stupidités de ce genre. On les a laissés dire. D’ailleurs nous étions au front
tout le temps. Ils m’ont demandé je ne sais combien de fois : « Avez-vous
été victime de préjugés raciaux ? » Je leur ai dit : « Oui,
les deux ou trois premiers jours. » Après ça c’était terminé, parce qu’on
n’a plus le temps d’être raciste quand on est dans un trou d’homme.
    Ils ont mené de véritables enquêtes dans tous les lieux où s’étaient
trouvés des soldats noirs. Je me souviens d’un cas. J’avais reçu l’ordre de
placer mes hommes en formation. L’officier, un colonel, m’a dit : « Il
y a une femme qui nous a déclaré qu’un de vos hommes l’avait violée. » Je
lui ai rétorqué tout net : « Pas un de mes hommes ne se livre à ce
genre d’activité. » À ce moment précis une petite Allemande qui ne devait
pas peser plus de cinquante kilos est passée sous les fenêtres en tirant une
charrette de foin. Ils n’avaient pas de chevaux. Je lui ai dit : « Mon
colonel, pouvez-vous approcher un instant ? Vous voyez cette femme ? Vous
voyez ce qu’elle fait ? Pensez-vous sérieusement que vous pourriez la
violer ? » Il a rougi légèrement et il est parti.
    Au cours d’une bataille à Hunskirch, j’ai éprouvé une très
vive amertume. On nous avait ordonné de passer à l’attaque. Nous avions
localisé toutes les défenses allemandes les plus importantes. J’ai dit au
colonel que notre avance était très mal organisée, et qu’elle en serait d’autant
plus difficile. J’ai retardé l’attaque de quatre heures. Finalement il m’a
personnellement ordonné de descendre mes tanks sur la route. C’était contraire
à toute tactique. En l’espace de cinq minutes nous avons perdu cinq tanks. Ce
colonel s’était vu donner le commandement d’un régiment d’infanterie, alors que
son expérience des combats il l’avait acquise en tant qu’officier responsable
des finances aux États-Unis. Il ne savait pas ce que c’était que de combattre.
    La perte d’un de mes hommes m’a vraiment aigri. J’avais été
éjecté de mon tank par des tirs ennemis, et deux des hommes qui étaient avec
moi avaient dû être hospitalisés. Ce jour-là j’ai décidé qu’au front je me
ficherais complètement des grades. Que désormais ce serait moi qui déciderais
des opérations de mon unité. Et

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