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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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marqua le calcaire à hauteur du visage, de manière à ne pas s’égarer au retour. L’humidité des cours d’eau perlait sur les parois. Au sol détrempé, de multiples empreintes se chevauchaient dans les parties terreuses. La circulation d’individus devait être importante. Était-elle antérieure au siège ou se poursuivait-elle ? Certaines traces semblaient récentes.
    Pistol découvrit soudain un étroit boyau qui descendait à main gauche sous la bosse d’une roche et que les deux premiers n’avaient pas remarqué.
    — Mon sens aigu de l’orientation, plaisanta-t-il, me signifie que ce passage d’à peine trois pieds de large doit rejoindre la cité.
    Les autres approuvèrent. Ils marquèrent l’endroit et suivirent le tunnel principal qui, par paliers irréguliers, s’enfonçait profondément.
    Deux directions s’offrirent alors. Elles se révélèrent être une simple division en deux branches autour d’un filon plus dur et qui se ressoudaient trente pas plus loin. De temps à autre, ils opéraient une halte, croyant percevoir des bruits, des murmures : ce n’était peut-être que l’écho de leur propre progression.
    Au creux d’un renfoncement naturel, ils trouvèrent dans une caisse des sacs et des cordes. À quoi étaient-ils destinés ? Ils laissèrent la question en suspens, continuèrent avec davantage de précautions, mais sans difficultés particulières. À aucun moment, ils n’avaient pensé qu’il puisse y avoir un piège.
    Deux bifurcations successives les firent hésiter. Ils se laissèrent guider par le hasard, balisant chaque fois d’un signe leur parcours. L’eau ruisselait sur les parois griffées de différentes façons par les outils de creusement, gouttait de la voûte sur leurs épaules. L’air se raréfiait. Était-il prudent de poursuivre la descente ?... Cette excursion était-elle utile ?... Ils ne s’étaient pas engagés dans cette entreprise pour renoncer aussi tôt. Le tunnel s’incurvait d’un côté, puis de l’autre, mais suivait cependant un axe précis. Un effondrement du plafond ouvrant une cheminée de cinq pieds de diamètre les obligea à escalader un éboulis instable où La Bastide dégagea une bouffarde au tuyau cassé… « Tabac hollandais », précisa-t-il en fin connaisseur. Un nouvel effondrement aurait pu leur couper la retraite. Pourtant cette galerie, plus longue qu’imaginée, devait déboucher quelque part !
    Ils poursuivirent leur exploration, attentifs, silencieux, espacés de trois pas. L’atmosphère était pesante.
    Et soudain, le boyau s’élargit. Levées, les lanternes furent insuffisantes pour estimer le volume d’un vaste caveau où ils auraient pu se laisser surprendre ! Il était désert, pourtant ils ressentirent la même impression de présences et d’une activité récentes, par un mélange d’odeurs condensées que le trop léger courant d’air ne parvenait pas à dissiper : sueurs mâles, tabac, résine de flambeaux, feu de bois, encens et d’autres plus suaves et indéfinissables.
    Au centre, trônait une énorme pierre taillée, un parallélépipède d’une toise de long pour la moitié en hauteur et en largeur. Une table ou un autel ?... Ils en examinèrent toutes les faces sans remarquer aucun indice qui aurait pu en préciser la fonction. Pendant ce temps, La Bastide fit le tour de la crypte d’une capacité de cent personnes… cent soldats armés et déterminés. Grâce à Dieu, cela ne s’était pas produit, mais on ne pouvait douter désormais que les Hollandais l’auraient utilisée pour contourner les assaillants. Sous un dôme octogonal, les arches s’évasaient en contreforts de soutien ou d’ornementation. Trois autres issues identiques apparurent, à raison d’un espace sur deux, dans une parfaite symétrie. Le major s’aventura de quelques pas dans chaque couloir, autant que le lui permettait l’éclairage parcimonieux.
    Après quelques piétinements et circonvolutions, il devenait difficile de s’orienter. C’est ce qu’ils comprirent car du Cauzé, distrait par la découverte, avait oublié d’identifier d’une griffure le couloir d’arrivée !
    Entourant la table, tels de bons apôtres, ils relevèrent simultanément la tête, puis s’interrogèrent du regard pour envisager la suite des opérations. Il était prudent de ne pas se hasarder plus loin. Au même instant, ils crurent percevoir des bruits étouffés, des heurts divers. Aucun doute n’était permis

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