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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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C’était Pistol, éberlué :
    — Géraud, tu n’as rien ?
    — Quelques ecchymoses.
    — J’ai aperçu une silhouette. Par un pressentiment, je me suis avancé sur le glacis, juste à temps pour voir dépasser le canon d’une arme et un large chapeau de feutre. J’ai crié.
    — Tu m’as sauvé la vie.
    — C’était un Hollandais : pourpoint blanc couvert par une veste en peau orangée, hautes bottes à éperons cliquetants.
    — Par où a-t-il filé ?
    — Il n’a pu s’enfuir qu’à l’opposé par le fossé.
    — Les galeries !
    — Allons-y.
    Ils coururent dans cette direction tandis qu’on réagissait là-haut du côté de la demi-lune sans oser riposter. Ils atteignirent la cascade de feuillages encore bruissante. Sans aucune précaution, Pistol s’y engagea le premier, s’immobilisa dans la pénombre après quelques pas.
    — Écoute…
    Un bruit de cavalcade s’estompait.
    — L’individu ne doit rien ignorer des ramifications de ce dédale et avoir prévu une lanterne allumée. Sans toi, Pistol…
    — Je crois qu’il t’aurait manqué malgré tout. Il n’a pas pris le temps d’ajuster son tir.
    — Merci tout de même.
    — Ne nous attardons pas, le quartier est malsain, un revers est toujours possible. Et puis, ces taches de sang sur ton haut-de-chausses…
    Ils ressortirent, épièrent les alentours. Deux soldats étaient descendus aux nouvelles. Ils les informèrent de la fuite du tireur hollandais par le souterrain.
    — Avec un bon fourneau, il faudrait l’obstruer au plus tôt, observa l’un d’eux.
    Ils remontèrent en aviser leur commandant, le chevalier de Forbin, major de la garde qui avait succédé à d’Artagnan.
    — Regagnons la contrescarpe, proposa Pistol, où j’ai abandonné mon précieux carton à dessins. J’espère que mes esquisses ne se seront pas dispersées aux quatre vents. En tout cas, une chose est certaine, mon cher ami, ta présence dérange.
    Géraud hocha la tête, dubitatif. Encore abasourdi, il ne répliqua pas. Les Hollandais étaient-ils encore en mesure d’agir dans leur dos ? Quel intérêt auraient-ils ? Ils avaient capitulé… Une vengeance sur un banal enquêteur ?... Se trompait-on de cible ou sur le but de sa mission ? Comment l’un d’eux était-il parvenu à se faufiler entre les lignes des vainqueurs ? Était-ce un espion déjà infiltré ? Cependant, sa tenue aurait pu le trahir. Il y avait là une faille.
    Sinon, qui son enquête pouvait-elle déranger au point qu’on attente à sa vie ? Il n’avait soupçonné ni accusé personne ouvertement, ni menacé en public ! De toute évidence, on voulait l’empêcher de découvrir certaines anomalies… À moins qu’il soit déjà passé devant sans les deviner ! Ou qu’on croie qu’il ait capté quelques confidences…
    Sa pensée se reporta sur Monmouth qu’il ne connaissait que de réputation, mais « on ne prête qu’aux riches ». Pourrait-il rencontrer le duc ?
    Pistol l’avait ramené jusqu’à son arbre déchiqueté pour ramasser ses croquis épars autour des grosses racines apparentes. Par chance, ne soufflait pas la moindre brise.
    — Décidément, reconnut celui-ci campé à quelques pas sur le chemin de ronde, cet endroit est le meilleur poste d’observation qui soit… Nous devions nous revoir ici, ce matin, n’est-ce pas ? Pour une fois, j’étais en avance.
    Il revint s’accoter à l’arbre, un frêne, au pied duquel Géraud s’était assis pour répertorier ses blessures : trois belles égratignures.
    — Que désirais-je t’apprendre ?... Quelques commentaires glanés auprès de monsieur Vauban, discourant avec l’un de ses ingénieurs. Il disait… Il disait en substance : « Je ne sais pas si l’on doit appeler ostentation, vanité ou paresse la facilité de mettre à découvert ses hommes hors de la tranchée sans nécessité, mais je sais bien que cette négligence ou cette vanité a coûté plus de cent hommes dont le commandant le plus rigoureux, le plus intègre que le royaume ait compté depuis des générations… » Cette confirmation venant de la part d’un tel stratège ne peut que nous conforter dans notre théorie.
    — Toi qui es si bien informé, Pistol, peux-tu m’expliquer pourquoi les mousquetaires, si disciplinés, n’ont pas été conduits selon l’une des tactiques classiques en vigueur qui se valent du « faire feu par rangs » : contremarche hollandaise, salve suédoise ou

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