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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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avantage, ils étaient assez nombreux pour se diviser… Pistol trébucha, se rattrapa de justesse à la muraille, s’écorcha la main. La lanterne malmenée s’étouffa. Les quatre regards épouvantés supplièrent muettement la flamme de se ressaisir. Elle papillota, vacilla… puis s’étira, vive et ragaillardie.
    Ils repartirent de plus belle ; les chasseurs avaient gagné du terrain.
    Ils progressèrent avec moins de gêne sur un sol plus égal. À l’intersection suivante, sans hésiter, ils tournèrent à droite. L’écho des voix leur cornait aux oreilles des invectives inintelligibles mais effrayantes qui les stimulaient d’autant. Ils dégoulinaient de sueur… La Bastide avait quelques difficultés à suivre le rythme. Que ce tunnel leur semblait long, encore plus long qu’à l’aller !... Ne s’étaient-ils pas fourvoyés en se fiant parfois au sens de l’orientation du dessinateur ?... Toutes les galeries étaient identiques !
    La meute s’était encore rapprochée !
    Les deux niches naturelles à trois pieds de hauteur se découpèrent : ils étaient sur la bonne voie ! Mais on était encore loin du fleuve, loin des fossés de Maëstricht, loin de la sortie !... La bataille était-elle inévitable ? L’exiguïté du souterrain ne permettait qu’à deux hommes de se battre de front. C’était un maigre atout pour les Français qui succomberaient finalement sous le nombre… Ils devaient maintenir l’écart le plus longtemps possible et qu’en dernier recours deux d’entre eux se sacrifient pour que les plus véloces parviennent à gagner l’extérieur et donnent l’alerte !
    La Bastide souffrait de ses blessures mal cicatrisées et se tenait les côtes. Il les retardait mais il n’était pas question de l’abandonner. Encore une courbe, double, et ils retrouvèrent l’éboulis, à mi-chemin environ, l’escaladèrent, se méfièrent des pierres bancales, s’élancèrent à nouveau.
    — Attendez ! s’écria Lebayle cinq foulées plus loin. Une idée me vient !
    Il retourna sur ses pas, ramassa quelques pierres. Pistol le rejoignit pour l’éclairer, le pistolet dans l’autre main. Géraud n’avait pas le temps d’expliquer sa théorie. Ses compagnons comprirent cependant son objectif, en le voyant jeter ses projectiles dans le conduit de la vaste cheminée. Une modeste pluie de terre les encouragea à poursuivre l’expérience malgré la proximité de l’adversaire. Il faillit conseiller à La Bastide de prendre un peu d’avance, mais se ravisa : impossible sans éclairage, ils n’avaient plus qu’une lanterne !
    Les cailloux retombaient accompagnés de sédiments et de graviers en plus grande quantité. C’était pourtant insuffisant pour impressionner les furieux qui approchaient, devancés par les lueurs mouvantes des torches.
    À l’instant où le quatuor allait capituler, les premiers Hollandais apparurent au coude de la galerie. Un coup de feu claqua, puis un deuxième ! Les Français se baissèrent et refluèrent.
    Soudain, un grondement d’orage ébranla le tunnel, répondant aux déflagrations ! D’une masse, une colossale avalanche de matériaux ramona la cheminée, se répandit de part et d’autre, envahit les conduits en faisant vibrer le sol. Tout s’écroulait !... Ils allaient être ensevelis !
    Ils s’étaient éloignés mais le nuage de poussière les rattrapa, les submergea, éteignit la lanterne. Pistol avait tenté de la protéger, en vain, bien qu’il ait été le plus prompt à fuir l’éboulement dès qu’il l’avait pressenti. Il avait aussi été happé et projeté à genoux. Toussant, crachant, il rampa en aveugle, suivant le mur de l’épaule, s’arrêta à bout de souffle :
    — Ohé !… compa… gnons ? haleta-t-il, la voix brisée.
    Un silence ouaté de tombeau lui répondit. Ses mots portaient à peine plus loin que ses lèvres. Il se redressa en tremblant, ouvrit le portillon de sa lampe… Pourvu qu’il n’ait pas perdu son briquet !... Agitée, sa main le trouva, le sortit, le battit trois fois, quatre fois… sans résultat. Il s’accorda une courte pause et recommença. La mèche encore chaude rougit à son extrémité et se réveilla sous son souffle maîtrisé, clignota avant de reprendre un peu de vigueur. Il garda la petite vitre ouverte quelques secondes, puis la referma.
    Pistol se redressa, s’épousseta. Une langue de terre obstruait le souterrain à mi-hauteur, puis, plus loin,

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