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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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mes anciens élèves.
    Ses trois interlocuteurs s’interdirent tout commentaire à propos de ce Spinoza qui leur était inconnu.
    Lisa-Gautier fut ravie de sa minuscule chambrette qui ouvrait sur le vaste jardin, très arborisé, autour d’une pièce d’eau. Géraud l’embrassa, écourta les effusions et la confia aux bons soins de son ami.
    1 - D’après l’inventaire qui en a été fait à la vente, ainsi que ce qui suivra, et les identités des personnes.

    2 - Veuve du capitaine Léonard de Damas, tombé au siège d’Arras, puis de d’Artagnan.

    3 - Ces nouveaux débits de boissons sont apparus à Paris en 1666.

XI
    L EBAYLE ARRIVA EN VUE DU CASTEL de Sainte-Croix, mais s’arrêta d’abord au bourg pour retenir une chambre dans l’unique auberge, tenue par une vieillarde rabougrie. Les lieux, d’une autre époque figée dans le temps, étaient toutefois assez bien entretenus.
    Au long de son périple dont la moitié s’effectua en compagnie de voyageurs, il n’avait pas rencontré que des établissements de qualité. Par deux fois, trop fatigué, il s’était contenté de couchages sordides, la deuxième nuit en dortoir, la quatrième avec des punaises et des nourritures médiocres.
    La demeure de madame la baronne de Chancely, veuve d’Artagnan, se composait d’un corps de logis rectangulaire à un seul niveau, flanqué de deux pavillons pourvus chacun d’un petit balcon à mi-hauteur.
    Il avança au pas jusqu’au garde-fou en fer forgé rongé de rouille de la terrasse. Il n’eut guère à attendre. Une sorte d’intendant garde-chasse en habit vert, fusil à rouet calé dans la pliure du bras, sortit par la porte centrale en arc brisé dont les assises de pierres alternaient, noires et ocre, d’un assez bel effet. Le visiteur ne put s’attarder à contempler l’architecture.
    — Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? grogna le cerbère.
    Sans aménité, le commissaire au service de La Reynie déclina son identité, ses qualités et les raisons de sa visite.
    — Il circule tant d’indésirables mal intentionnés par la région… Attendez là, je vais voir si madame la baronne peut vous recevoir.
    L’homme recula et referma la porte à clef.
    — Ma pauvre Jurance, on ne peut pas dire que l’accueil soit chaleureux. Mais on m’avait prévenu. Pourvu qu’on nous reçoive sans que nous soyons obligés de prendre d’assaut le manoir au nom du roi !
    En patientant, la main sur le pommeau, il révisa son discours d’introduction, aussi court que précis, insistant sur le haut privilège que le roi accordait aux deux orphelins. Un laquais se présenta, lui signifiant de mettre pied à terre. Faute de garçon d’écurie, Lebayle attacha sa jument à la grille et lui conseilla de se tenir sage et tranquille. Impassible et insensible à la plaisanterie, le serviteur laconique le précéda dans le hall, puis dans un salon où se trouvait, assise au coin du feu dans un grand fauteuil, la maîtresse de maison. Charlotte-Anne de Chancely était une femme d’une cinquantaine d’années qui aurait pu encore être belle si elle n’avait arboré une mine sévère et une attitude crispée.
    — Prenez un siège, monsieur l’émissaire, et dites-moi ce qui vous amène de si loin jusqu’à ma retraite, je n’ai que peu de temps à vous consacrer. La gestion de mes domaines absorbe l’essentiel de mes journées.
    — Madame, je serai bref pour vous confirmer le grand intérêt que Sa Majesté porte à vos fils.
    — Jette-t-elle aussi un regard compatissant au sort de la veuve d’Artagnan, recluse seule dans sa lointaine province ?
    Lebayle se retint de répliquer qu’elle s’était retirée de son plein gré depuis plusieurs années, mais n’escomptait-elle pas ainsi recouvrer une petite place à la cour ? Il déploya toute sa diplomatie pour présenter au mieux l’objet de sa démarche.
    — Le roi veut donc arracher ces enfants à l’amour maternel !
    — Ce n’est pas dans cet esprit qu’il m’a présenté son souhait lorsque j’ai eu l’honneur de le rencontrer à deux reprises au siège de Maëstricht. Son vœu le plus sincère est d’assurer un avenir à vos garçons auprès de lui afin que vous n’ayez pas le souci de leur charge. D’ailleurs, de sa part, j’ai cette lettre à vous remettre.
    La baronne saisit la missive sans jeter un regard au messager, l’ouvrit sans hâte, la lut, la replia, s’en tapota l’ongle du pouce gauche tandis qu’elle pesait

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