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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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jeta un coup d’œil, et vit sur son visage une légère rougeur de honte, et l’expression de dédain et d’ironie qui comprimait ses lèvres.
    « J’ai toujours traité Mamie en enfant gâtée, reprit Marie. Je voudrais qu’une de vos servantes du Nord pût voir ses armoires, et tout ce qu’elles renferment ; des robes de soie, de mousseline, jusqu’à de la vraie batiste. J’ai quelquefois travaillé des après-midi entières à lui arranger ses coiffes et ses habits, afin qu’elle fût prête pour une fête. Quant à être grondée, elle ne sait ce que c’est : elle n’a été fouettée qu’une fois ou deux dans toute sa vie ; le matin, elle prend son thé ou son café noir, avec du sucre blanc. C’est absurde ! je le sais ; mais Saint-Clair aime la prodigalité pour lui, et autour de lui, et laisse faire à ses domestiques comme ils l’entendent. Nos gens sont gâtés, c’est un fait, et la faute en est à nous s’ils agissent comme des égoïstes et des enfants pillards ; mais j’ai tant et si souvent prêché Saint-Clair là-dessus que j’en suis fatiguée.
    – Et moi aussi, » répondit Saint-Clair en prenant le journal.
    Éva, la belle Éva était restée debout à écouter sa mère, avec cette expression de profonde et mystique ardeur qui lui était particulière. Elle s’approcha doucement d’elle, et lui passa ses bras autour du cou.
    « Eh bien ! Éva, qu’y a-t-il encore ? dit Marie.
    – Maman, pourrais-je vous veiller une nuit, une seule ? Je ne vous impatienterai pas, et je ne dormirai pas, j’en suis sûre ; souvent dans mon lit je ne dors pas, – je pense.
    – Folie, folie ! dit Marie. Vous êtes une enfant si étrange !
    – Me le permettrez-vous, maman ? reprit-elle avec timidité ; je crois que Mamie n’est pas bien ; elle m’a dit dernièrement que la tête lui faisait grand mal.
    – Oh ! c’est une des perpétuelles complaintes de Mamie ; Mamie est comme eux tous, – faisant grand bruit d’un bobo au doigt ou à la tête ; jamais je n’encouragerai cela, jamais ! J’ai à ce sujet des principes arrêtés, » dit-elle en se tournant du côté de miss Ophélia ; « vous en reconnaîtrez la nécessité. Si vous laissez les domestiques se lamenter à chaque léger ennui, ou à chaque petit malaise, vous serez bientôt assourdie. Je ne me plains jamais, moi ; – personne ne se doute de ce que j’endure : je sens que c’est un devoir de le supporter en silence, et je le fais. »
    À cette péroraison, les yeux ronds de miss Ophélia exprimèrent un ébahissement, qui parut si comique à Saint-Clair, qu’il éclata de rire.
    « Saint-Clair rit toujours quand je fais la plus petite allusion à mes maux, » dit Marie de la voix d’un martyr expirant. « Dieu veuille qu’il ne s’en souvienne pas un jour avec amertume ! » Et Marie porta son mouchoir à ses yeux.
    Il y eut un silence embarrassant. À la fin Saint-Clair se leva, regarda sa montre, dit qu’il avait un rendez-vous, et sortit.
    Éva se glissa derrière lui, miss Ophélia et Marie restèrent seules à table.
    « C’est bien de Saint-Clair ! dit celle-ci, en retirant son mouchoir avec dépit, dès que le criminel fut hors d’atteinte ; jamais il ne pourra, jamais il ne voudra comprendre ce que je souffre, et cela depuis des années ! Si j’étais une de ces femmes douillettes, faisant grand bruit de leurs maux, ce serait excusable. Une femme qui se plaint fatigue naturellement les hommes. Mais j’ai tout gardé pour moi, et souffert en silence ; si bien que Saint-Clair a fini par croire que je pouvais tout supporter. »
    Miss Ophélia ne savait pas au juste quelle réponse on attendait d’elle.
    Tandis qu’elle y songeait, Marie sécha peu à peu ses larmes, et remit en ordre sa toilette, avec la coquetterie d’une colombe qui lisse son plumage après une ondée. Elle entama une harangue toute féminine sur les armoires, la lingerie, le garde-meuble, etc., départements que, d’un commun accord, miss Ophélia allait prendre sous sa direction ; – et elle entassa, à la fois, tant de recommandations et de renseignements, qu’une tête moins bien ordonnée, et moins systématique que celle de miss Ophélia, en eût été complètement déroutée et ahurie.
    « À présent, je crois vous avoir tout dit. À ma prochaine indisposition, vous serez en état de me remplacer, sans même me consulter. – Encore un mot sur Éva : – elle a grand besoin

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